Voir ici la neuvaine à Marie qui garde la chasteté des prêtres.
Oser proposer la Chasteté ? Comment, Pour quoi, avec Familiaris Consortio – Gabrielle Vialla
A retrouver aussi en podcast ici : plus facile à écouter dans vos trajets, etc.
Réécriture du Catéchisme de l’Église catholique : Est-ce vraiment pour les victimes?
Depuis plus de vingt ans, j’écoute des couples, des femmes sur le vécu de leur cycle, et de la sexualité. J’ai aussi reçu quelques confidences de prêtres et de religieuses. J’ai donc malheureusement entendu souvent le cri caché de celles (plus rarement de ceux) qui ont subi des violences sexuelles, lorsqu’elles étaient enfants ou adultes. Parmi ces personnes, très peu m’ont confié que l’auteur de l’abus était un prêtre, mais j’en ai gardé alors un souvenir plus aigu.
Les victimes que j’ai entendues m’ont fait part de leur peine d’avoir connu trop tard l’enseignement moral de l’Église. Toutes. Même un prêtre abusé au séminaire, que je confie à vos prières, m’a dit cette phrase terrible : « On m’aurait enseigné cela à 18 ans, j’aurais adhéré, maintenant que j’ai tant souffert, je ne veux plus en entendre parler. »
Un nombre important de personnes ont pu mettre fin à des violences sexuelles lorsqu’elles ont enfin découvert cet enseignement inscrit dans les pages du Catéchisme de l’Église Catholique qui concernent le 6ème commandement.
D’ailleurs, qui peut aujourd’hui prétendre que ce contenu a été réellement enseigné, et de façon significative, aux adolescents dans les aumôneries, ou en préparation au mariage, depuis 1992, date de sa parution ? Ce serait à réécrire (proposition n°10 de la CIASE), commence-t-on à nous expliquer car cela aurait échoué. N’est-ce pas plutôt l’inverse ? Cela a échoué car, dans le meilleur des cas, l’enseignement a été sans cesse édulcoré sinon déformé. Quelle proportion d’adultes baptisés sait faire la distinction entre la continence et la chasteté ? La vérité est que cela a été seulement enseigné dans quelques familles, par quelques rares prêtres. Commençons donc par le début. Refusons le flou, le relatif et le confus en ce qui concerne la chasteté, dans les familles, les communautés, les paroisses. Prévenons enfin les jeunes et les parents, en leur apprenant ce qu’est réellement l’enseignement moral de l’Église sur la sexualité, pour qu’ils aient une conscience bien formée et qu’ils soient capables de déceler et de refuser les discours déviants, d’où qu’ils viennent.
Résumons de façon concise et franche. J’estime qu’à partir de la puberté, le catéchisme sur le 6ème commandement, pétri de l’Écriture, est la meilleure prévention pour les victimes contre les violences sexuelles au sein de l’Église catholique. Et pour protéger les jeunes enfants, plus les parents et les pasteurs auront les idées claires, plus ils seront capables de neutraliser les prédateurs.
Il n’y a qu’un nouveau cléricalisme qui puisse prétendre que la maison est devenue sûre, que la crise de la justice, de l’autorité, comme celle la théologie morale au sein de l’Église catholique va être résolue par cette remise du rapport de la CIASE. Plus que jamais les laïcs catholiques doivent être protégés aussi contre l’opinion personnelle du prêtre, de l’évêque, voire du pape. Notez que j’ai bien écrit l’opinion personnelle et que je ne parle pas ici de l’assentiment interne et externe du prêtre, de l’évêque ou du pape à l’enseignement dogmatique de l’Église. Le Catéchisme de l’Église Catholique est récent et de bon sens. Les termes employés utilisent encore un vocabulaire actuel. Je ne remets pas en question qu’il faille aussi un véritable travail historique, une réflexion anthropologique et théologique. Pour ce dernier point, mes livres attestent que j’y participe à mon petit niveau, depuis ma cuisine si je puis dire. Mais justement, parce que je fais aussi le ménage, que je change des couches, que je fais faire les devoir, que je sais qu’il convient de commencer par avoir de bons fondamentaux avant d’approfondir. Je suis un témoin parmi tant d’autres. Depuis plus de 20 ans, ce Catéchisme fut une aide lumineuse pour toute personne de bonne volonté qui cherche la vérité sur la sexualité. Tant de personnes ayant reçu de mauvais conseils de prêtres ou de laïcs, et restant dans le trouble, ont trouvé consolation et repères grâce à ces articles.
C’est d’abord pour les victimes qui subissent encore aujourd’hui des abus maquillés de verbatim spirituels, c’est pour protéger nos propres enfants aussi, c’est pour soutenir nos pasteurs dans la recherche du bien, enfin, que nous devons être ultravigilants face à toute recommandation de réécrire aujourd’hui ce chapitre qui concerne le 6ème commandement.
Pour ceux qui veulent aller un peu plus loin :
Les péchés des clercs envers les innocents ne sont pas explicitement cités par le Catéchisme de l’Eglise Catholique (CEC). Ces péchés sont traités dans le Code de Droit Canonique. Dans le CEC, les articles 2356 et 2389 parlent de la gravité du viol pour les parents et les éducateurs, sans évoquer les clercs[1]. À l’aune de l’actualité présente, la simple honnêteté intellectuelle perçoit qu’un ajout serait nécessaire. D’aucuns m’objecteront qu’il n’y a peut-être donc aucune mauvaise intention de la part de la CIASE dans cette histoire de réécriture, et que je joue sur les mots en plaidant pour un simple ajout et non pour une réécriture.
On notera que la préconisation 10 de la CIASE, comme Mr Sauvé lors de son discours du 5 octobre, ne demandent pas un ajout aux articles du 6ème commandement, mais que les crimes sexuels soient associés à ceux du 5ème commandement[2].
Si l’on demande expressément que cet ajout se fasse au 5ème commandement, la réécriture du 6ème commandement doit nous interroger : il est étonnant que le rapport de la CIASE n’emploie le terme de réécriture que pour les « enseignements tirés du sixième commandement » alors que, dans la logique du rapport, d’autres recommandations, comme celle sur le secret de la confession nécessiteraient aussi une réécriture du Catéchisme sur le sacrement de la pénitence et de la réconciliation.
La justice, la réparation que nous devons aux victimes de la pédophilie de clercs ne pourraient-elles pas, dans ces conditions, être instrumentalisées en vue de requalifier d’autres actes que la loi naturelle réprouve, et qui font aussi d’innombrables victimes ?
Jean-Marc Sauvé a bien une cible: « La morale sexuelle de l’Église n’a pas protégé contre les violences sexuelles, au contraire : adossée à une vision excessivement taboue de la sexualité, elle a empêché de nommer le mal, puis de discerner entre un mal absolu et un mal relatif ; c’est ainsi que les agressions sexuelles sur mineurs et majeurs vulnérables sont vues comme des « péchés de chair » ou des offenses à la chasteté des clercs, et non pour ce qu’elles sont, c’est-à-dire des atteintes à l’intégrité physique et psychique de la personne. »
Le CEC nous dit précisément de la chasteté qu’elle signifie « l’intégration réussie de la sexualité dans la personne et par là l’unité intérieure de l’homme dans son être corporel et spirituel. La sexualité, en laquelle s’exprime l’appartenance de l’homme au monde corporel et biologique, devient personnelle et vraiment humaine lorsqu’elle est intégrée dans la relation de personne à personne, dans le don mutuel entier et temporellement illimité, de l’homme et de la femme. » §2337 « La vertu de chasteté comporte donc l’intégrité de la personne et l’intégralité du don. » §2338
Une offense très grave à la chasteté est forcément toujours une atteinte à la dignité de la personne humaine.
Monsieur Sauvé eût pu autant dire que les commandements de Dieu n’ont pas protégé contre les violences sexuelles. C’est bien plutôt l’absence d’adhésion à la morale sexuelle de l’Eglise, ou son ignorance, qui ne protège pas contre les violences sexuelles.
On peut aussi s’interroger sur cette affirmation d’absence de distinction entre mal relatif et mal absolu dans l’Eglise. Qu’est-ce que le mal absolu ? Mon professeur d’histoire parlait lui de la shoah. La notion de mal relatif dans le domaine de la sexualité, qu’est-ce que M. Sauvé suggère d’en faire ? L’Église, elle, ne souhaite à personne de faire le mal. Elle rappelle que nous sommes tous appelés à la chasteté.
Ceci étant dit, que des atteintes à la chasteté puissent être davantage perçues comme de possibles atteintes au 5ème commandement, pourrait être une bonne nouvelle. Souhaitons que la prise de conscience de ce lien entre sexualité et vie, entre 6ème et 5ème commandement se fasse de plus en plus forte, qu’elle nous permette de percevoir à quel point notre responsabilité est importante dans la sexualité à cause des répercussions que la sexualité a sur la vie corporelle, psychique ou spirituelle, et combien cette perception est devenue urgente.
Pour cela il nous faut ardemment réhabiliter la chasteté, refuser de l’assimiler à la continence, refuser de lui donner une définition étriquée ou désincarnée. La morale sexuelle est trop souvent enseignée seulement au séminaire, en isolant les sujets les uns des autres, puis négligée dans la formation continue des clercs. La chasteté subit de fait un mélange de discrédit et de rigidité au moins depuis les années cinquante. Travaillons à ce que cela ne laisse pas la place à un relativisme moral, une passivité ou une indifférence mais bien à un renouvellement pour tous de notre « façon de penser pour discerner quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bon, ce qui est capable de lui plaire, ce qui est parfait. » (Rm 12, 2)
J’en appelle à ceux qui ont découvert la beauté de la chasteté et la valeur de l’enseignement de l’Église : mesurez votre responsabilité pour les générations qui viennent. La chasteté n’est pas facultative. L’absence de compréhension que nous en avons est au cœur des plus grands drames actuels.
Gabrielle Vialla, auteur de La chasteté, un don qui rend sa beauté à la sexualité, éd. Artège
[1] §2356 « Le viol désigne l’entrée par effraction, avec violence, dans l’intimité sexuelle d’une personne. Il est atteinte à la justice et à la charité. Le viol blesse profondément le droit de chacun au respect, à la liberté, à l’intégrité physique et morale. Il crée un préjudice grave, qui peut marquer la victime sa vie durant. Il est toujours un acte intrinsèquement mauvais. Plus grave encore est le viol commis de la part des parents (cf. inceste) ou d’éducateurs envers les enfants qui leur sont confiés.«
§2389 « On peut rattacher à l’inceste les abus sexuels perpétrés par des adultes sur des enfants ou adolescents confiés à leur garde. La faute se double alors d’une atteinte scandaleuse portée à l’intégrité physique et morale des jeunes, qui en resteront marqués leur vie durant, et d’une violation de la responsabilité éducative. »
[2] Il eût pu préciser aussi que les abus sexuels de la part de clercs étaient une offense au premier et au troisième commandement.
Journée prêtres Lundi 22 novembre
- Témoignages de couples sur la vie conjugale et leur adhésion à Humanae Vitae
- Jérôme Lejeune, serviteur du Verbe incarné, par Aude Dugast, postulatrice de la cause de canonisation
Journée ouverte à tous les prêtres, organisée par l’abbé Bruno Bettoli (Versailles), Gabrielle et B Vialla, et des foyers-moniteurs de régulation naturelle des naissances. Pour la 12eme année.
La journée a lieu à la maison paroissiale Mamré, 97 Avenue Gaston Boissier, 78220 Viroflay. à 500m de la gare Viroflay Rive Gauche, ligne N (Montparnasse) et RER C
OU bien : à distance via Zoom (nécessite un ordinateur avec idéalement une webcam, ou un smartphone).
Inscriptions : bruno.bettoli@catholique78.fr et 06 98 04 21 86
Merci de vous inscrire également si vous assistez en ligne.
Lundi 22 novembre 2021, de 9h à 17h.
Libre participation aux frais de la journée – Déjeuner sur place
Messe possible à 17h15
Pourquoi une neuvaine à Marie qui garde la chasteté des prêtres ?
À quelques jours de la remise du rapport Sauvé, laïcs catholiques, pouvons-nous rester spectateurs de l’inévitable ébranlement dans la foi que la réalité des faits rendus publics va de nouveau susciter ?
Nous n’avons pas à choisir entre :
– écouter et prier pour les victimes afin qu’elles trouvent compréhension et réconfort, qu’elles soient reconnues mais aussi que justice soit faite
– témoigner d’un assentiment à l’enseignement moral de l’Église tel qu’il est donné dans le Catéchisme de l’Église Catholique
– supplier pour les prêtres et prier pour que des efforts soient faits aujourd’hui en faveur de l’éducation à la chasteté.
Il est possible d’unifier ces trois attitudes intérieures et extérieures. Certains veulent nous faire croire qu’aimer et rendre compte de l’enseignement de l’Église est une injure aux victimes. C’est faux ! Certainement des bourreaux se sont servis d’ « éléments de langage » catholiques et de leur réputation d’aimer l’Église mais cela n’a rien d’étonnant puisque c’est le propre du démon de nous captiver avec un simulacre du bien. À la suite de Benoit XVI, sur le plan historique nous avons à contempler comment l’Esprit Saint a aussi suscité par l’enseignement du Magistère un développement anthropologique, doctrinal et spirituel toujours plus fin et ferme concernant la chasteté, le lien indissociable entre la sexualité et la vie. A t-il été reçu à la mesure de ce que cela impliquait ? Les laïcs de la génération Jean-Paul II doivent enfin reconnaître le murmure de leur conscience, percevoir qu’aimer les victimes et les prêtres c’est tout tenir.
En ce mois du Rosaire, nous pouvons nous tourner vers Marie, qui garde la chasteté des prêtres, qui garde la chasteté de chacun d’entre nous. Si des prêtres ont gravement gravement failli, d’autres à la suite de saint Paul ont pu dire « J’ai mené le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi »
Il sera proposé, sur ce site et des sites amis, de contempler chaque jour du 4 au 13 octobre un saint prêtre, aujourd’hui au balcon du ciel donc non susceptible d’être déformé par notre vénération, et d’invoquer Marie qui garde la chasteté des prêtres.
Gabrielle Vialla
PS: Cette neuvaine fait écho à la neuvaine de Marie qui garde les prêtres que vous pouvez trouver aussi ici.
Annoncer la chasteté, une urgence !
paru dans Notre Église n°125, journal du diocèse de Bayonne
Le mot Chasteté ne plaît guère. On lui associe, à tort, la continence pour tous ou encore une morale étriquée, faite de seuls préceptes négatifs. Pourtant, toute personne aspire à l’harmonie entre son corps, son esprit, sa sexualité et son affectivité. Par Gabrielle Vialla
Dès la jeunesse, chacun peut percevoir en lui-même des dissonances, des difficultés à se donner, à ne pas accaparer l’autre pour soi. Puis, les histoires personnelles accumulent souvent les déceptions et les désillusions, des lassitudes et des regrets.
Saint Augustin, avec sa profonde connaissance de la nature humaine, nous enseigne que la chasteté est en réalité ce qui nous recompose : elle nous ramène, écrit-il, à cette unité que nous avions perdue en nous éparpillant. Ce regard positif renverse la perspective. La chasteté d’abord perçue comme contraignante devient le seul moyen d’accéder à la liberté. Marqués par le péché originel, l’homme et la femme gardent en eux un profond désir de vérité sur eux-mêmes. Dès la première expérience du péché, dans le livre de la Genèse, Dieu les protège d’eux-mêmes, par le don extérieur du vêtement, et celui, intérieur, de la pudeur. Mais la pudeur, notre époque n’en veut pas davantage. Elle refuse de respecter ce corps fini et d’espérer le plein accomplissement de la Rédemption, dans la gloire du Ciel1 .
La chasteté exclut de chosifier autrui, de mettre la main sur lui. Il me semble aussi que le concept de chasteté se dérobe toujours un peu à l’intelligence. Car la chasteté, avant de se comprendre intégralement, se contemple dans la personne du Christ. On ne la possède pas entièrement car elle touche au corps, à la sexualité, aux désirs, aux méandres de l’inconscient, à notre finitude…
LA FINALITÉ DE LA CHASTETÉ EST LE DON TOTAL DE SOI PAR AMOUR.
Voilà comment saint Jean-Paul II, par une formule elliptique et pédagogique peut nous dire que « la chasteté c’est vivre selon l’ordre du cœur. » Il nous prévient, par la même occasion, d’une terrible erreur qui serait de rechercher la chasteté pour elle-même, comme une maîtrise orgueilleuse de soi, un exercice psycho-corporel, qui ne tiendrait pas compte du cœur, afin de ne dépendre de personne en quelque sorte. Ce serait un simulacre, une inversion, car la chasteté n’est pas l’autonomie vis-à-vis de Dieu et de sa volonté sur nous.
LA CULTURE ACTUELLE PRÉSENTE LA VIE HUMAINE COMME UN MATÉRIAU NÉCESSITANT UN STRICT CONTRÔLE DÈS SA CONCEPTION.
Il s’agit de s’en prémunir par la contraception, voire l’avortement, ou bien, au contraire, de la faire advenir par la procréation artificielle, sans le respect de l’union des époux dans sa signification indissociablement unitive et procréative. La crise de la covid 19 nous démontre, si c’était nécessaire, combien l’hygiénisme, le déterminisme ont envahi nos existences occidentales. Un certain déni des besoins de l’âme et de l’esprit, jusqu’à la possibilité d’une dictature sanitaire qui ne protège que la vie nue, n’est plus de l’ordre du fantasme. Les projets de loi actuels autour de l’euthanasie rappellent enfin à tout observateur à quel point la vie est comprise par les pouvoirs publics dans son expression la plus étroite.
Une culture où la chasteté n’a plus de sens, où le corps est sa propre finalité, devient une société monstrueuse pour les plus vulnérables. Voilà pourquoi Jean-Paul II l’a si bien définie comme une « culture de mort ». Pendant une génération, on a malencontreusement répété que la défense de la vie de la conception à la mort naturelle relevait de la seule morale naturelle, que la foi devait être annoncée dans un silence abusivement qualifié de prudent sur les questions dites sociétales. On a ensuite voulu défendre le mariage entre un homme et une femme sans parler du sens chrétien de la sexualité humaine et de ses finalités.
Aujourd’hui, M. Houellebecq observateur cruel peut ainsi annoncer, à propos de l’euthanasie : « Les catholiques résisteront de leur mieux, mais, c’est triste à dire, on s’est plus ou moins habitués à ce que les catholiques perdent à chaque fois. » Aucun de ces sujets n’échappe pourtant à la chasteté. Que l’écrivain souvent scabreux ne l’ait pas vu, passe encore, mais que le peuple de Dieu et ses pasteurs continuent à l’ignorer, voilà la vraie détresse spirituelle, éducative et culturelle.
LA VALEUR SACRÉE DE LA VIE HUMAINE
La culture de vie ne peut que reconnaître, faire aimer le corps et la sexualité dans leurs limites voulues par Dieu pour notre bien. Nos grands désirs de don de nous-mêmes par nos corps se heurtent à nos médiocrités intérieures, à nos petits intérêts calculateurs. Seule l’adorable chasteté de Jésus peut nous rendre l’espérance. L’offrande de nous-même encore emmêlée dans l’opacité du monde actuel, c’est Lui qui la présente au Père. Sa mort et sa résurrection ont déjà vaincu la mort. Notre victoire est déjà là. Voilée mais là, par la foi… n’en déplaise à Houellebecq.
La profonde crise anthropologique que nous vivons devrait inciter à faire de l’éducation à la chasteté une priorité au sein de nos familles et un vrai sujet de pastorale. Dans une société qui promeut autant la culture de mort, nous avons besoin de petites oasis, de lieux où les personnes désirent vivre la chasteté, parce que la chasteté, à laquelle tout cœur aspire, dans le fond, est en réalité contagieuse.
1- La définition la plus complète de la Chasteté est celle du Catéchisme de l’Église catholique : « La chasteté signifie l’intégration réussie de la sexualité dans la personne et par là l’unité intérieure de l’homme dans son être corporel et spirituel. »
Le droit de vote pour la femme au synode : une réponse à l’éclipse du féminin ?
La baisse dramatique des vocations sacerdotales inquiète fortement l’institution. Tout le monde le sait et explique telle ou telle décision concernant les fidèles laïcs hommes ou femmes à l’aune de ce constat.
Mais il est un autre problème de fond qui lui, reste très largement sous-estimé : qu’en est-il de la disparition des signes de ce qui est spécifiquement féminin, chez les catholiques occidentaux ? Qui s’alarme aujourd’hui de l’effacement du féminin, bien réel, et mal compensé par un discours sur la « place des femmes » ? Un petit et rapide bilan s’impose.
Tout d’abord, il faut rappeler que l’un des premiers facteurs de l’éclipse du féminin est le recours généralisé à la contraception hormonale, voire à l’avortement. Aujourd’hui, le cycle féminin est ainsi gommé chez une majorité de femmes pratiquantes. Les répercussions relationnelles et spirituelles de cet état de fait, pourtant prophétisées par Paul VI dans Humanae vitae, n’ont été que rarement mises en lumière. Premièrement, le recours massif aux hormones par la majorité des femmes efface chez elles la richesse (psychologique, physiologique, spirituelle) induite par les variations naturelles du cycle[1], et qui fait leur spécificité par rapport à l’homme. Deuxièmement, et c’est en partie un corollaire du premier point, la baisse de la natalité entraîne dans la majorité des paroisses occidentales une démographie vieillissante, avec une disparition des signes visibles de la maternité que sont la grossesse, et l’allaitement.
Ensuite, il suffit de se replonger dans un bon film avec Louis de Funès, ou de regarder les photos « d’époque » dans les sanctuaires mariaux : ces témoignages d’un passé qui n’est pourtant pas si lointain nous rappellent cruellement le départ des religieuses en habit. Une simple réplique du gendarme à St Tropez illustre encore le poids éducatif et social des fameuses « sœurs » dans les années soixante : « Vous priez mon fils ? – Ben non… euh… oui… que Dieu nous ait en sa sainte protection ! »
Il est important de rappeler ces vérités, car en regard, d’autres réalités peuvent nous donner le sentiment exactement inverse, à savoir que les femmes sont bien présentes, voire trop présentes. Aujourd’hui, les assemblées dominicales sont davantage composées de femmes que d’hommes. Les conseils paroissiaux sont majoritairement féminins. Les services dans les paroisses sont le plus souvent assurés par les femmes. Les contributions et la participation effectives des femmes sont, au moins, aussi importantes que dans les années soixante. Certains y voient une féminisation. Mais cette situation n’est pas exempte de tensions. Le besoin de reconnaissance des dames s’en trouve augmenté. Beaucoup de pasteurs souffrent de ne travailler pratiquement qu’avec des femmes. Un cercle vicieux s’installe, entre revendication et aigreur du côté féminin, rejet silencieux et culpabilité du côté masculin ecclésial. Non seulement, cela ne corrige en rien la perte du féminin que nous évoquions plus haut, mais cela empêche la prise de conscience. Il faut pourtant le dire clairement : il n’y a rien de spécifiquement « féminin » dans ces engagements paroissiaux ; rien d’autre que le fait que c’est, basiquement, une femme qui exécute tel ou tel rôle ou fonction. Que les paroisses comptent de très nombreuses femmes qui tiennent des postes n’aide pas tout-un-chacun à comprendre que peu de femmes reçoivent leur vocation et leur place non seulement comme une grâce et un don insigne – ce qui est déjà beaucoup – mais aussi comme spécifique et irremplaçable. En particulier par la gratuité d’une féminité et d’une maternité plus chronophage et énergivore que ne le sont les efficaces masculinité et paternité. Ce qui dans la vocation de la femme est unique et indispensable pour la vitalité de la foi, s’amenuise, s’évanouit, en bien des endroits[2].
Quelques réactions au manifeste sur la vocation du féminin m’ont rappelé à quel point les femmes, dans l’institution catholique, s’estiment peu. Certaines se sentent même humiliées. Quelques-unes m’ont parlé de corvées, de nécessaire rééquilibrage entre hommes et femmes. On m’a montré à quel point il fallait valoriser les contributions des femmes, aussi douées que les hommes. Dans ma naïveté, je présumais que la dignité de la femme était égale à celle de l’homme, que la contribution indéfectible de la femme dans la propagation de la foi, au sein de l’Église, depuis l’Évangile était une lapalissade. Que nenni. Dire que la femme contribue, participe : voilà l’urgence.
Dans ce contexte, le droit de vote de l’une d’entre elles au synode est énoncé comme la nouvelle « bonne nouvelle ». On découvre que la femme est capable. Le fait qu’on y voit une évolution nécessaire, presque une « révélation », est significatif du malaise. Jusque pour l’intéressée elle-même. Sr Nathalie Becquart déclare, ainsi, immédiatement après sa nomination comme sous-secrétaire au synode : « Cela tombe sur moi mais je le reçois aussi comme un signe de confiance pour les femmes dans l’Église. » Le sous-entendu est terriblement méprisant pour l’institution. Cela consonne avec les autres déclarations lues ici ou là qui vantent une porte ouverte, un progrès. J’y vois, pour ma part, un consensus pour répondre à la supposée misogynie passée de l’institution. C’est peut-être davantage l’aveu d’une humiliante condescendance actuelle. En effet, s’il fallait, comme certaines l’exigent, que les femmes soient représentées par une femme, que serait une voix face à des centaines d’autres voix ? Mais bien plus grave, une grande confusion entache la foi elle-même. Rappelons que le Père Céleste a fait tellement confiance à la femme, qu’Il lui a confié son propre Fils à l’état de première cellule et que le Ciel et notre Salut furent suspendus au oui d’une jeune fille. On peut continuer longuement avec l’Évangile, puis l’histoire de l’Église… jusqu’au pape François lui-même qui a institué la fête de Marie, mère de l’Église, réaffirmant ainsi ce que la hiérarchie ecclésiale masculine doit à la femme. On pourra faire tous les aggiornamentos que l’on voudra, il restera pour nos contemporains un point d’achoppement : Dieu a choisi d’envoyer son propre Fils, un homme, pour sauver la femme (et l’homme certes).
Notre époque est profondément ébranlée par son rejet de l’anthropologie biblique. L’Église, à l’instar de la famille (église domestique), souffre des profondes fragilités relationnelles entre les hommes et les femmes. Les pasteurs comme les fidèles laïcs recherchent confusément une altérité constructive et une effective complémentarité de l’homme et de la femme. Oui l’éclipse du féminin est cruelle. On tâche d’y remédier, mais dans une grande méprise du réel besoin.
De même qu’à la faveur de la covid 19, nous prenons conscience que la vie nue n’est pas la plénitude de la vie, ni le désir d’une personne unifiée corps-âme-esprit, de même nous avons à découvrir que la complémentarité de l’homme et de la femme, si elle suppose la différence physiologique, ne s’y réduit pas. Promouvoir une femme, parce que femme, ne garantit pas la fécondité intellectuelle, spirituelle liée au féminin. C’est à partir de l’intériorité, de l’intime de l’être seulement, que les répercussions de la complémentarité effective entre féminin et masculin s’intègrent, en vue d’une admirable fécondité. Cela n’a rien d’automatique[3]. Il nous faut choisir d’être avant de faire, de se recevoir de Dieu pour se donner. Les participations des femmes ne compenseront jamais la perte du sens du féminin dans la foi. Ceci fut admirablement décrit par le Cardinal Ratzinger : « La figure de la femme est indispensable à la cohérence de la foi biblique[4] ». Il convient de recevoir dans cette phrase lumineuse que c’est bien la figure de la femme (et non les contributions des femmes) qui est indispensable.
Notre époque ne laisse aux catholiques qu’une seule alternative : ou nous serons à la remorque des démocraties modernes paritaires, ou nous serons prophétiques. Nous pouvons nous perdre dans la confusion de l’autoréférence des choix individuels, jusqu’à l’apostasie, ou bien choisir d’entrer dans une plus grande gratitude de l’homme et de la femme créés à l’image de Dieu pour une vie en plénitude !
Gabrielle Vialla
[1] On peut lire mon ouvrage Bien Vivre le Cycle Féminin, éd. Artège, 2020.
[2] Sur la place de la femme dans la société et dans l’Église, on peut lire mon ouvrage Recevoir le Féminin, éd. Fécondité, 2018
[3] Voilà le travail de la chasteté. J’ai écrit un livre sur ce sujet : la Chasteté, éd. Artège, 2020.
[4] Cardinal Joseph Ratzinger, La fille de Sion, éd. Parole et Silence, 2002, p. 43.
Appel à approfondir la vocation de la femme
À l’occasion de la parution du Motu Proprio Spiritus Domini, nous, femmes catholiques, désirons faire reconnaître et aimer la beauté de notre vocation spécifique.
La question de la présence de la femme dans le sanctuaire, chez certains l’obstination pour le mariage des prêtres ou la prêtrise de la femme sont, pour nous, les symptômes d’une grave crise liturgique enracinée dans une crise anthropologique plus profonde encore sur la complémentarité de l’homme et de la femme. Tout catholique, quels que soient son état de vie ou son attachement liturgique, devrait se sentir concerné par ce profond malaise.
C’est à l’heure où l’on prend conscience du danger du cléricalisme, que paradoxalement on oublie que la femme est divinement écartée de la hiérarchie ecclésiale pour le bien de l’Église tout entière. Jamais jusqu’à aujourd’hui, la vocation de la femme n’a été représentée de façon si caricaturale, si appauvrie.
La tradition de laisser les femmes à l’écart de l’autel est très ancienne, on peut même dire originelle[1]; elle est présente aussi bien en Orient qu’en Occident[2]. Le christianisme qui a toujours enseigné l’égale dignité de l’homme et de la femme tout en maintenant l’exclusion des femmes du sacerdoce ministériel rappelle à tout être humain, masculin ou féminin, que la mesure de sa vocation est l’union à Dieu. Bien loin de diminuer la femme, l’Église dont la hiérarchie est masculine se présente ainsi comme l’Épouse.
Déjà dans l’Ancienne Alliance, Dieu passe par la femme de façon inespérée comme dans les livres de Judith ou d’Esther, pour délivrer son peuple. Par l’Incarnation, Dieu nous donne son propre Fils par la Vierge Marie. La pure réponse existe chez une créature : en elle, l’Amour de Dieu trouve sa demeure irrévocable. Homme ou femme nous avons une dette envers ce oui féminin. À la suite de cette réponse, la femme a dans le christianisme une liberté de parole et d’action qui lui est propre. Il n’est que justice de faire mémoire de quelques illustres figures telles Catherine de Sienne, ou Jeanne d’Arc mais aussi de reconnaître les discrètes interventions féminines jusque dans nos vies personnelles.
Il est d’usage dans les familles que les femmes plaident pour la paix. Or les concessions liturgiques faites au monde présent[3] éloignent l’une de l’autre les deux formes du rite romain.
Les jeunes générations dans notre société sécularisée aspirent à un apaisement des crispations liturgiques et à une collaboration des forces vives pour l’évangélisation.
Par ailleurs la femme est éducatrice. Nous souhaitons que nos enfants trouvent des repères clairs sur leurs vocations d’homme et de femme. Les petites filles ne doivent pas être incitées à un climat de lutte et de revendications. Elles ont à être encouragées à développer et à rendre compte de leurs talents et charismes propres. Elles doivent recevoir le fait d’être femme, pour ce que cela signifie : une grâce insigne !
Quant aux garçons, ils doivent être éduqués à la crainte de Dieu, au don désintéressé de soi, au respect et à l’admiration du corps humain féminin et masculin. On redécouvre aujourd’hui pour l’épanouissement de la personnalité la nécessité de lieux d’expression propres aux uns et aux autres. Garçons et filles doivent par ailleurs percevoir la valeur inconditionnelle de la féminité et de la maternité, confiées à la paternité et à la masculinité. Remettons ces sujets éducatifs cruciaux à saint Joseph et à Notre-Dame.
Femmes catholiques, conscientes de notre privilège marial, nous choisissons de mettre nos énergies et nos talents au service de la complémentarité effective de l’homme et de la femme. Nous considérons que notre vocation spécifique n’est pas un miroir de celle de l’homme, et qu’elle n’a pas besoin d’être anoblie par le service de l’autel.
De même que l’homme contracte une dette vis-à-vis de la maternité spirituelle, nous exprimons notre gratitude envers le service masculin de l’autel.
Nous sommes conscientes que nos pasteurs, pour être fidèles à l’appel évangélique et à la tradition biblique et ecclésiale, ont à subir des pressions et qu’ils auront encore beaucoup à souffrir. Nous les assurons de notre prière et de notre affection fraternelle afin que leur célibat offert et uni à l’Unique Sacrifice soit toujours plus fécond.
[2] Can. 44 de la collection de Laodicée du IVe
Gabrielle Vialla, auteur de Recevoir le féminin, Bien vivre le cycle féminin, La Chasteté, Blog fecondite.org
Constance Prazel, docteur en histoire, chroniqueuse et éditorialiste
Liste des premiers signataires (par ordre alphabétique) :
Claire Coppin, fondatrice de l’école saint Tarcisius
Marie d’Armagnac, journaliste indépendante et essayiste
Valérie d’Aubigny, critique littéraire jeunesse
Charlotte de Bourayne, présidente du Centre Billings France
Valérie de La Rochefoucauld, historienne de l’art, agrégée, conteuse, écrivain, metteur en scène
Ingrid d’Ussel, chroniqueuse et écrivain, fondatrice des Cercles de Petits Ostensoirs
Maylis Gérardin, présidente de “Être femme, grâce ou défi ?”
Agnès Lozier, fondatrice des éditions Librim Concept
Marion Lucas, docteur en philosophie, spécialiste d’Edith Stein
Ingrid Riocreux, agrégée de lettres modernes, docteur en langue et littérature françaises, essayiste, blogueuse, chroniqueuse
Marie-Caroline Schürr, auteur de Out of the box
Anne Trewby, présidente des Antigones
Marie-Hélène Verdier, poète et essayiste
Peut-on (encore) espérer une sexualité épanouie ? Quelques apports pour la pastorale des fiancés et du mariage
Par ce titre, je n’ai pas (encore) l’intention de m’ouvrir un avenir lucratif. Je fais, simplement, une exception, poussée par cet impératif : des prêtres s’essaient à un enseignement détaillé sur l’acte conjugal, lors de la préparation au mariage. Sans filet, pour la plupart. Le sacerdoce serait-il un bouclier contre les erreurs en ce domaine ? Poser la question en 2020 suffit à y répondre.
Le prêtre est-il condamné à être un simple spectateur des tragédies qui touchent à la sexualité ? Bien sûr que non. Ce serait aberrant. Si de nombreux saints prêtres ont pu aider dans le passé, les prêtres d’aujourd’hui le font aussi. Moi-même, ce n’est pas mon statut d’épouse, mais les années d’écoute qui me permettent d’avancer ce qui va suivre avec un degré de certitude suffisant. Degré de certitude qui tient compte de l’immense diversité des tempéraments, des cultures familiales ou encore des blessures, des erreurs passées… Je désire ici simplement contribuer à une réflexion sur la part de la sexologie contemporaine qui s’incruste dans la préparation au mariage. Que faut-il garder ? De quoi faut-il se méfier ? Quels sont les rôles respectifs des laïcs mariés et du prêtre ?
Je vous livre ici quelques prémisses.[1] D’aucuns diraient qu’il s’agit de conseils « sexo ». Profitez du vocabulaire : je ne compte pas m’y spécialiser… Je les adresse à tout un chacun fiancés et mariés. Que les prêtres y voient, eux, du contenu de réflexion :
- Intimité, pudeur, patience, persévérance sont nécessaires à l’épanouissement sexuel. Si vous reconnaissez là un impératif intérieur, fuyez a priori toute description, discours, lexique qui n’en rendent pas compte.
- Jeûner régulièrement des stimuli sensoriels sensuels des divertissements audio-visuels. Ces images, et sons – même non pornographiques – banalisent en nous l’injonction à une sexualité performante. Il convient d’en être le plus conscient possible.
- La mentalité contraceptive (et davantage encore la contraception proprement dite) s’oppose non seulement à la vie mais aussi à l’amour, et à l’épanouissement sexuel entre les conjoints. Un ouvrage, un enseignement qui ne vous met pas en garde contre cela, contient déjà une erreur pour votre épanouissement personnel.
- Jean-Paul II et ses catéchèses ne sont pas une « caution » à tout ce qu’on veut leur faire dire. La théologie du corps peut servir malheureusement à masquer les opinions sexo de tel ou tel auteur. Si vous désirez savoir ce que dit Jean-Paul II, lisez-le. Ou demandez les références des points avancés.
- Être conscient de l’injonction moderne à parler de sexualité, alors que paradoxalement le véritable échange tenant compte de la complémentarité de l’homme et de la femme, lui, est aboli.Si certains discours valorisent le fait de décrire les actes conjugaux, ils omettent le plus souvent la nécessité pour l’épouse de remettre la réalité de son cycle à son époux et à celui-ci de le recevoir. Il convient surtout de discerner si l’on est capable de se confier dans le quotidien, si l’on peut dire une réelle difficulté, une fragilité, une tentation. L’expérience prouve que c’est bien autre chose que la capacité de parler de sexe. Décrire n’a absolument pas démontré son efficacité sur l’épanouissement des couples. Apprendre à se confier à l’époux (se), et selon le sujet, aux bonnes personnes (confesseur, conseillers, moniteurs), si.
- Recevoir le tempérament, le passé et la culture de son conjoint… avant ceux des personnes qui vous donnent des conseils. Quand on ajoute le lexique, les représentations sexuelles d’une tierce personne, il convient d’être conscient de leur éventuel impact. Des fiancés peuvent être bien prudents en refusant de se voir décrire l’acte conjugal en préparation au mariage. D’autres peuvent en trouver la nécessité s’ils sont dans une grande confusion, due à des expériences passées, à l’usage de la pornographie.
- Formation de l’intelligence et garde du cœur. Sachez définir ce qu’est la chasteté[2], la paternité et maternité responsable, sachez approfondir… Lisez de bons livres. Régulièrement. Ne pensez pas que vous savez tout sur ces sujets. C’est une illusion. L’anthropologie à partir de la régulation naturelle des naissances est appelée à s’approfondir (cf Familiaris Consortio §32). C’est une nécessité face à la culture de mort.
- L’alliance sexualité/spiritualité exige la lumière. Refusez tout enseignement d’un prêtre, qui ne puisse être assumé ouvertement, sous prétexte de pureté, de contexte de prière[3]. Trop d’exemples ont montré les conséquences de ce type d’initiations, de confidences : beaucoup d’illusions, voire jusqu’à de tristes cas d’abus spirituels. La gravité ou simplement l’inéquation de la situation n’apparaît pas immédiatement. C’est dans un second temps que les personnes réagissent à la relecture de leur vie, que les disciples retournent leur responsabilité propre contre des maîtres qui furent bien imprudents….
- La prière conjugale[4] remet à Dieu les désirs du cœur et du corps. Du coup, il faut qu’elle existe !
- Ne jamais oublier de recourir aux grâces d’état. L’épanouissement sexuel relève du périmètre des grâces d’état du mariage. Les fiancés ont les grâces pour vivre la continence des fiançailles mais pas celles pour discerner ce qui concerne directement l’exercice de la sexualité. Ils doivent l’accepter dans la confiance. On vieillit bien… en choisissant de rester fidèle et d’évoluer pour répondre à l’appel intérieur à la chasteté. Le mariage n’est pas une sous-catégorie de la sainteté. Il comporte épreuves, et héroïcité cachée dans le quotidien[5].
Conclusion :
Jamais, nous n’avons eu autant besoin d’une pastorale du mariage équilibrée, comme d’une réelle collaboration entre les prêtres et des laïcs mariés attachés à la chasteté conjugale[6]. Cet article n’a pas pour objet de traiter de cela, mais il est un rappel de cette urgence. Il est évident que le prêtre est attendu pour l’évangélisation de ce moment si riche de l’existence humaine. Jean-Paul II rappelait deux choses essentielles à annoncer aux fiancés. La première est que l’homme est appelé à vivre dans la vérité et l’amour. La seconde est que tout homme se réalise par le don désintéressé de lui-même ![7]
Il y a une véritable hiérarchie intérieure à transmettre aux fiancés pour leur bonheur et le bien de l’Église. Certains éléments, s’ils ne peuvent aujourd’hui être ignorés devraient être transmis d’abord par des couples mariés, conscients des trésors apostoliques contenus dans le magistère. Les prêtres sont attendus pour former ces collaborateurs nécessaires à leur ministère de prêtre, afin de marier des personnes ayant été préparées[8].
Gabrielle Vialla
[1] Je conseille d’ailleurs cet exercice. Notez vos prémisses, sans les développements de votre pensée et examinez-les un par un.
[2] On peut lire La Chasteté, Gabrielle Vialla, éd. Artège, 2020.
[3] Le futur Jean-Paul II a assumé dans Amour et Responsabilité tout un discours sur le plaisir. On ne retrouve pas dans sa correspondance privée d’enseignement qui serait « trop beau, trop complexe » pour être reçu par tout-un-chacun et donc publié.
[4] Nous sommes aujourd’hui le 7 décembre, veille de l’Immaculée Conception. On dit qu’Anne et Joachim se sont unis, à la suite de la rencontre de la Porte Dorée (illustration) pour concevoir la Vierge Marie. En ayant transmis cet épisode, la tradition nous fait méditer sur l’intimité, la pudeur, le « ministère du dessein établi par le Créateur » (Humanae Vitae) confiés aux époux qui L’aiment.
[5] Une illusion portée par la sexologie consiste à penser que par des connaissances théoriques, on puisse « gagner du temps » pour accéder à un épanouissement sexuel. L’observation de l’insatisfaction contemporaine dément, à mon avis, cela. La sexualité humaine a besoin de s’inscrire dans le temps, de s’approfondir dans le contexte plus prosaïque de la vie quotidienne à deux. Quand cela n’est pas intégré, face à l’épreuve, les personnes ont tendance à rechercher de nouveaux apports, de l’exotisme… avec les risques d’emballements permis par nos sociétés.
[6] D’année en année, tout un travail d’approfondissement est fait. Les prêtres peuvent désormais accéder à quelques archives ici
[7] Cf Conseil Pontifical pour la Famille, Préparation au sacrement de mariage, 1997.
[8] « L’Église a déployé des efforts et des initiatives considérables pour la préparation au mariage, par exemple sous la forme de sessions organisées pour les fiancés…. Mais il ne faut pas oublier que la préparation à la future vie de couple est surtout une tâche de la famille. Certes, seules les familles spirituellement mûres peuvent exercer cette responsabilité de manière appropriée. Il convient donc de souligner la nécessité d’une solidarité étroite entre les familles qui peut s’exprimer en divers types d’organisations, comme les associations familiales pour les familles. L’institution familiale se trouve renforcée par cette solidarité qui rapproche non seulement les personnes, mais aussi les communautés, en les engageant à prier ensemble et à rechercher, avec le concours de tous, les réponses aux questions essentielles qui surgissent dans la vie. N’est-ce pas là une forme précieuse d’apostolat des familles par les familles ? » Lettre du pape Jean-Paul II aux familles, 1994.
Transmettre sur le corps sexué : urgence et défi
Jusqu’à une époque récente, ces quelques mots « transmettre sur le corps sexué » pouvaient signifier éduquer à une saine morale sur la sexualité, dans un contexte culturel largement judéo-chrétien. Les familles, les institutions catholiques essayaient de transmettre – non sans maladresses ni quelquefois sans contre-témoignages – un certain socle reçu de la génération précédente. Au cours du XXe siècle, la mise en exergue de la psychologie, l’importance croissante accordée à l’affectivité, le souci d’une certaine transparence ont fait comprendre la nécessité d’une éducation sexuelle et affective. Celle-ci est dorénavant communément acceptée, et plus ou moins heureusement mise en place. Est-ce suffisant ? Ou devons-nous renchérir sur la nécessité d’une réforme de la culture ambiante et d’une transmission plus large sur le sens de la sexualité humaine ?
Lorsque les grands quotidiens titrent sur la possibilité ou non pour une femme transgenre de devenir mère de son fils, que des marques pour adolescents proposent des chaussures à talons, des minijupes portées par des jeunes hommes épilés, qu’une radio catholique raconte la belle histoire d’un changement de sexe chez un enfant de 8 ans, tout éducateur lucide ne peut que ressentir un profond désarroi : comment, dans ces conditions, transmettre le sens de la sexualité humaine ? De la vocation au don de soi jusque dans son corps, au milieu d’une anti-culture qui nie toute finalité à la sexualité ?
Le déferlement de la culture de mort, la vitesse accélérée de ses « progrès », placent les parents, éducateurs et pasteurs devant une tâche inédite. Par où commencer ?
Du constat idéologique au traitement préventif
L’entreprise de négation de la complémentarité des sexes n’est pas restée sur le seul terrain intellectuel, réservé à des universitaires. Les exemples donnés en introduction nous font mesurer à quel point la réalité biologique n’est pas seulement niée par la culture de mort mais comment elle est utilisée ou manipulée à des fins idéologiques.
Tout cela ne fut rendu possible que par la démocratisation de la pilule contraceptive, à l’échelle de deux ou trois générations. La possibilité d’un corps féminin disponible pour une sexualité libérée de la « contrainte » de la maternité était une première étape, à partir de laquelle toutes les revendications, au nom du « désir individuel », devenaient réalisables. Il fallait que ce point fondamental soit très largement admis, au nom d’une certaine idée de la liberté. La contraception hormonale, qui gomme concrètement une partie des différences de vécu entre l’homme et la femme, fut le cheval de Troie de l’indifférenciation sexuelle, comme de toutes les idéologies LGBT. Le vécu féminin modifié par des hormones artificielles, dont nous ne connaissons qu’en partie les effets sur le cerveau ou sur l’humeur, atténue de façon insidieuse la perception de la différence entre l’homme et la femme. Les études relatives à la nocivité des hormones artificielles sont peu nombreuses et souvent inaccessibles pour le grand public. Et quand l’une d’elles sort dans la « grande presse », elle est aussi vite oubliée, tant la contraception hormonale est devenue pour nos contemporains un paradigme sociétal. Ainsi, on sait aujourd’hui que la pilule augmente de 80 pourcents les dépressions et tentatives de suicides chez les adolescentes[1]. Pour autant, quand le gouvernement français, il y a quelques semaines, a rendu la contraception gratuite pour les moins de 15 ans, il n’y a eu aucune réaction. La contraception hormonale n’est plus remise en cause que par quelques écologistes[2] et quelques catholiques. Ceux-ci, écolo ou catholiques, les anti-contraception, sont minoritaires jusque dans leur milieu. Il n’est que de constater comment le mot même « contraception » disparaît des sites de catéchèses, des prédications de retraites, des propositions d’aides aux familles et aux couples, alors qu’il est sur-employé dans les domaines de l’éducation nationale, des médias et de la santé.
Voilà mon premier constat : seule la conscience claire de cette base biologique de la contraception hormonale comme support d’une idéologie qui nie le corps sexué, peut donner au discours cohérence et légitimité. En effet, à partir de l’acceptation de la contraception hormonale, il suffit de tirer sur le fil, pour en arriver à justifier l’injustifiable sur le corps sexué. Acceptons de comprendre que nos jeunes vivent dans une anti-culture qui a ce paradigme fondateur : le désir soumet le corps sexué à sa volonté[3].
C’est face à cela que l’éducateur lucide doit se situer. Penser que, dans ce contexte, une belle présentation du corps et de l’amour humain est suffisante pour résister et répondre aux confusions est illusoire.Lire plus
On ne kiffe plus rien du tout !
Un marketing agressif. Une fausse gratuité. La récupération de vos coordonnées. Plus c’est gros, plus ça passe. « Kiffe ton cycle », très présent sur les réseaux sociaux, promeut dorénavant pour la jeunesse des intervenants pro-IVG, pro-genre… Dans son dernier événement « sommet du cycle menstruel », deux intervenants phares sont féministes, auteurs pour le premier d’un livre « Ceci est mon corps » et pour la seconde de « Ceci est mon sang » (sic) ; signataires d’une tribune du planning familial pour l’abrogation de la clause de conscience spécifique à l’IVG pour les personnels soignants. On y trouve aussi de nombreux partisans de toutes sortes de relations sexuelles précoces, avec la contraception. Une minorité d’intervenantes désire y porter une parole de vérité, avec cette incohérence et confusion qu’elles contribuent à la publicité pour les plus durs idéologues, auprès d’un public qui leur fait confiance.
Tout observateur lucide fait ce triste constat : le cycle est aujourd’hui récupéré par la culture de mort.
L’idéologie de 68 résumée par le slogan « c’est mon corps » est si bien assimilée par nos contemporains que les partisans de l’avortement peuvent se payer le luxe de récupérer le cycle. Si dans un premier temps, ils ont œuvré à détruire le cycle par la pilule, à la faveur du retour écologique, ils s’adaptent maintenant au rejet toujours plus grand des hormones artificielles par le grand public féminin. Qu’à cela ne tienne. On a vu la promotion et la croissance du marché du stérilet en cuivre. En ce moment, les laboratoires pharmaceutiques travaillent sur des contraceptions qui sont de plus en plus abortives tout en évitant d’altérer trop le cycle, afin que les femmes aient le moins d’effets secondaires possibles. Leur libido ne doit pas être diminuée. Il faut jouir. Rien ne vaut une belle ovulation pour se sentir attirante. Quand à la PMA, y compris pour les personnes homosexuelles, elle utilise depuis longtemps la connaissance du cycle.
Que faire ? Nous devons prendre conscience puis refuser toute approche naturaliste du cycle qui refuse la transcendance et vante le relativisme. Derrière de nombreuses présentations, figure un athéisme pratique dans lequel le corps n’est qu’un instrument matérialiste, qu’on ne doit à personne, qui n’a, à répondre, de rien de ses activités génitales. Dans tout cela, il reste l’innocent. Toujours le même : l’enfant à naître. Lui il est prié de se taire, le plus souvent à jamais…
Quel avenir pour les promoteurs des méthodes naturelles qui instruisent de la connaissance du cycle ? Choisir la vie. Le cycle féminin est au service de la vie, dans sa complémentarité avec le masculin. C’est en fonction de ce respect inaliénable, que les admirateurs du cycle ne s’abuseront pas eux-mêmes, qu’ils ne se perdront pas dans les méandres des mensonges féministes qui doivent sans cesse se renouveler pour survivre. Toutefois, ne discréditons pas les moniteurs de régulation naturelle des naissances. Au contraire. Ce sont eux aujourd’hui les véritables soldats dans ce combat. Ces foyers témoignent et répètent inlassablement à tout-un-chacun ce lien indissociable entre la sexualité et la vie. Ils rappellent fondamentalement à tous la responsabilité humaine face à la transmission de la vie. Celle-ci est d’abord confiée aux futurs parents, mais tout-un-chacun, personnel soignant, éducateur, chercheur, pasteur doit mesurer sa responsabilité. Que ceux qui aujourd’hui dans un tel climat de confusion choisissent de rester fermes dans ce service de la vie, puissent être encouragés et remerciés.
L’illustration, très évocatrice, de Pauline Nitsch, provient de mon livre Bien vivre le cycle féminin, éd. Artège, destiné aux mères de famille et à tous à partir de la puberté. Cette image fait contempler que chaque personne est entrée dans la vie par le cycle.
Gabrielle Vialla (dernier ouvrage : La Chasteté, un don qui rend sa beauté à la sexualité)