Synode, GPA, baptême : « Peut-on aimer un enfant, sans aimer sa mère ? »
Chers amis,
Dans le contexte de la fin d’un synode concerné par « les droits » des femmes et des migrants [1], qu’en est-il de l’attention portée à la problématique de la GPA ?
Ainsi les mères porteuses, tributaires des sommes reçues pour « ce travail », ne sont-elles pas, le plus souvent, parmi les plus pauvres ?
Quant à l’enfant né de la GPA, dans notre pays, il est évidemment un migrant. Il est conçu et mis au monde ailleurs, la GPA n’étant pas autorisée sur le territoire français. À l’instar d’autres migrants, l’enfant né par GPA est aussi un survivant. Qu’en est-il de notre compassion pour les embryons morts dans l’opération ?
Quant aux commanditaires de la GPA, loin de la bien-pensance mondialisée rappelons que proportionnellement aux mères porteuses, ce sont des nantis, qu’ils sont protégés de « la malfaçon » par des contrats subtilement ficelés, qui chosifient à la fois la vie humaine et la maternité.
Il y a peu de temps, sur la place saint Pierre de Rome, a été installé une œuvre d’art, rappelant à nos consciences endormies, ceux qui « n’appartiennent pas à notre groupe ». Je suggère de ne pas oublier dans la réalité de l’immigration chère au pape François, l’enfant né par la GPA. J’ai pour ma part cette image d’une possible statue représentant deux continents avec d’un côté un placenta, de l’autre le nouveau-né institutionnellement détaché du sein qui l’a porté.
Alors que le synode a encore mis en exergue des revendications tenaces en faveur de l’ordination diaconale de la part des femmes présentes, je m’interroge sur notre capacité à comprendre la vocation spirituelle de la femme mais aussi plus prosaïquement à défendre la condition féminine. Que l’enseignement constant de l’Église protège la femme de l’instrumentalisation (prostitution, mariages forcés, pornographie) comme l’enfant à naître (contraception, avortement, fivete…) cela m’est une évidence. Maintenant, que ces sujets soient une réelle préoccupation pastorale, en France et en Europe, c’est tout sauf une évidence. Au contraire, la focalisation et la réduction des sujets féminins à la distribution du pouvoir est devenue pour le moins lassante. Quelques dizaines de femmes occidentales, souvent d’un certain âge, exigent une reconnaissance et du pouvoir. Soit. On les entend. Des milliers, millions de femmes catholiques œuvrent autrement dans l’Église, de façon moins bruyante, plus efficientes. On est vite tenté de penser que le sujet de la femme dans l’Église est donc un piège. Ce faisant, on l’abandonne au monde sécularisé. C’est à ce moment-là que le piège se referme, en réalité. En effet, notre foi chrétienne doit savoir rendre compte de la Création, du vis-à-vis originel de l’homme et de la femme, auquel Dieu donne une fécondité, et dans lequel Il a mis son image, sa ressemblance. Nous croyons avec saint Paul que le Salut passe par l’amour du Christ pour son Église, qui n’a pas de meilleure analogie que le mariage entre un homme et une femme. Quelles sont les conséquences spirituelles de nos abandons ?
Au-delà des graves et terribles renoncements à la loi naturelle, que revêt la pratique de la GPA, les pasteurs sont déjà sollicités pour des demandes de baptêmes de petits enfants nés de cette façon.
Ce sujet n’est plus une question de casuistique théorique, c’est une question pastorale pratique, qui devient de plus en plus importante et pressante. C’est aussi l’exemple patent qui démontre que de vrais sujets de réflexion sont délaissés.
La Congrégation pour la doctrine de la foi a donné une réponse pour le moins succincte à des situations réellement complexes. « Can two homosexual persons be regarded as the parents of a child who is to be baptized, and who was adopted or was received by other means, such as surrogacy? In order for the child to be baptized, there must be a founded hope that the infant will be brought up in the Catholic religion »[2]
Il manque une argumentation et des conseils pratiques. Il est intéressant de noter ce qu’en disent nos frères orthodoxes[3], dans un contexte où la GPA est souvent légale. « Si les parents ne confessent pas expressément leur acte, et les parrains se montrent de fait d’accord avec cet acte peccamineux, il ne peut plus être question d’éducation chrétienne de l’enfant. Le refus de baptiser l’enfant correspond alors à la tradition orthodoxe prévoyant l’adhésion à la doctrine de l’Église du baptisé ou de ses parents et parrains quand il s’agit d’un enfant. Un tel refus aura également une signification pastorale, puisque la société reçoit alors clairement le signal de l’Église que la pratique des mères porteuses est inacceptable du point de vue chrétien ».
Beaucoup de personnes soutiennent à raison, qu’en occident, le baptême est déjà donné dans de nombreuses situations où la foi est très fragile. En pratique, la seule exigence, pas toujours respectée, sera de mettre l’enfant au caté. Aussi, plusieurs laïcs engagés dans la préparation au baptême que j’ai interrogés, arguent que l’accueil d’un enfant né par GPA ne pose pas de question particulière. Au contraire, l’enfant étant bien sûr innocent de tout ce qui a entouré sa conception, lui donner une figure féminine positive avec une marraine est une bonne chose. Là, j’ai une grande compassion pour le prêtre qui en dernier recours porte la responsabilité devant Dieu du baptême ou du refus du baptême.
Je tiens à redire qu’il y a des éléments objectifs radicalement différents entre l’attitude qui consisterait à accueillir un enfant privé de père ou de mère, un enfant né hors mariage, un enfant adopté… et celle qui ferait preuve de tolérance vis-à-vis d’une structure qui nie l’altérité, en profitant d’une instrumentalisation du corps féminin.[4] Dans ce dernier cas, le mensonge concernant la filiation est organisé, prémédité.
Les situations et les possibilités d’acte de naissance sont complexes[5]. Dans le meilleur des cas, l’acte de naissance des enfants nés par GPA comporte dans un premier temps le nom du père (donneur de sperme) et celui de la mère porteuse (gommant – quand elle existe – la donneuse d’ovocyte). Puis, l’adoption plénière fait disparaître toutes les femmes impliquées dans la GPA pour garder les commanditaires « de l’achat ». Les contrats protègent ceux-ci du potentiel handicap de l’enfant comme des éventuels comportements problématiques (alcoolisme…) de la mère porteuse, incluant de fait l’avortement si nécessaire.
Jean-Paul II nous avait prévenus : « Comme je l’ai dit bien des fois, séparer radicalement la liberté de la vérité objective empêche d’établir les droits de la personne sur une base rationnelle solide, et cela ouvre dans la société la voie au risque de l’arbitraire ingouvernable des individus ou au totalitarisme mortifère des pouvoirs publics. » Evangelium Vitae
Ce n’est pas le moindre paradoxe qu’à l’époque où, au sein de l’Église, nous savons nous montrer très sévères, à raison, envers les doubles vies, nous ne soyons pas plus explicites face à des mensonges successifs qui privent la personne d’un droit à être aimée pour elle-même, parce qu’on se laisse fasciner par l’affectivité présente dans la revendication du droit à l’enfant, et de faire famille.
Si aucun acte de repentir, si aucune exigence autre que de mettre potentiellement l’enfant au caté n’est demandée au représentant légal, comment, parvenu à l’âge adulte, l’enfant ne verra-t-il pas dans cette attitude une complaisance vis-à-vis de la GPA ? De fait, beaucoup – et cela dépasse le cadre de la GPA – voient simplement dans le baptême l’occasion de fêter l’arrivée de l’enfant, mais aussi pour les parents de le présenter à l’entourage. D’ailleurs, le rituel du baptême tient compte de cette réalité de présentation, certes faite à Dieu et non aux hommes. Il comporte une bénédiction différente pour celle qui vient d’être mère et pour celui qui vient d’être père. Dans le cadre d’un enfant né par GPA, présenté par deux représentants légaux, comment se prémunir contre une possible instrumentalisation du baptême pour donner une image sociale positive d’une situation en elle-même dramatique ? Oh, bien entendu, rien, absolument rien dans notre foi, et dans les mœurs promues par l’Église n’incite à la moindre complaisance envers la GPA. Tout y est en faveur du respect de la dignité de l’homme, de la femme, de la vie… seulement reconnaissons-le, il est des sujets dont nous sommes tous fatigués, des présupposés éducatifs que l’on ne préfère plus exiger.
Une question se pose au catholique, à la veille du temps de l’Avent : « Peut-on aimer un enfant, sans aimer sa mère ? »
Il est de bon ton de rappeler qu’aux premiers temps de l’Église ce sont les mères de familles qui ont demandé aux pasteurs le baptême des petits enfants. Elles ont su réveiller les « cœurs masculins » à une compassion toute maternelle, en leur partageant leur inquiétude et leur souffrance face à l’épreuve de la mortalité infantile. J’en appelle aux femmes, celles qui ont porté la vie, celles qui en ont été privées, comme celles qui ont renoncé à la maternité humaine par amour de Dieu, de partager aux pasteurs ce que signifie la maternité dans l’éducation chrétienne des enfants. Je prie la Vierge Marie d’éclairer les consciences des pasteurs sur leur responsabilité réelle. Je prie Notre-Dame afin que nous ne nous détournions ni de ces enfants, ni des femmes qui les ont mis au monde, et que leur bien véritable soit recherché avant toutes autres considérations. Oui j’assume, si l’on me parle des représentants légaux, je réponds paisiblement : « Les femmes et les enfants d’abord !»
« Il est essentiel que l’homme reconnaisse l’évidence originelle de sa condition de créature, qui reçoit de Dieu l’être et la vie comme un don et une tâche : c’est seulement en acceptant sa dépendance première dans l’être que l’homme peut réaliser la plénitude de sa vie et de sa liberté, et en même temps respecter intégralement la vie et la liberté de toute autre personne. » Jean-Paul II, Evangelium Vitae
Gabrielle Vialla
Ayant un peu délaissé ce blog, je ne fais que maintenant une courte recension d’un ouvrage passionnant Les sacrements en question, éd Artège. Je m’en excuse auprès des principaux auteurs Thibaud Guespereau, Henri Vallançon et Thibaud Collin
Cet ouvrage est une réflexion doctrinale et pastorale sur les fruits des sacrements. Il retrace ce qu’est l’état de grâce, le péché, tout en ne cachant pas les ruptures historiques et en donnant de possibles pistes de solutions. Écrit par des personnes bien plus savantes que moi, il se trouve que l’on m’a fait confiance et que j’y fais une courte contribution sur la chasteté (je ne reçois pas de droit d’auteur pour cet ouvrage). Si je vous le conseille fortement, c’est afin que vous puissiez découvrir ou approfondir des choses passionnantes, que vous soyez consolés en constatant que de nombreux pasteurs non seulement souffrent avec vous dans l’administration des sacrements, mais qu’ils désirent le Salut pour ceux qui se présentent pour un baptême, un mariage, pour recevoir la sainte communion…
[image] GPA et Black Friday, voir ici
[1] « Nous avons appelé nos péchés par leur nom : contre la paix, contre la création, les peuples indigènes, les migrants, les enfants, les femmes, les pauvres, l’écoute et la communion. » rapport final du synode sur la synodalité
[2] Voir le site du Vatican (non traduit en français sur le site)
[3] https://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/m/BAPTISER-LES-ENFANTS-NES-DE-MERES-PORTEUSE_a3488.html
[4] « La croyance selon laquelle toute la création, y compris les êtres humains, peut être exploitée à volonté à des fins lucratives est tout aussi mortelle » rapport final du syndode
[5] https://www.genethique.org/gpa-une-loi-tres-permissive-au-quebec/
Juste une vie
Quels sont vos sentiments face à l’actualité concernant l’IVG et la contraception[1] ? La tristesse ? Pour ma part, dans un premier temps, oui, j’ai concédé à ce sentiment. J’étais triste. Puis je me suis diagnostiqué un semi-déni. Ma tristesse indiquait que je n’avais pas pour une bonne part reconnu la réalité tragique de mon pays. Aussitôt ce déni débusqué, le dégoût, la honte, la culpabilité, une profonde lassitude m’ont submergée. Ce mélange confus allait-il me précipiter dans le défaitisme ? Peut-être m’avait-il d’ailleurs déjà atteint ? Alors j’ai dit non ! J’ai juste choisi d’être lucide. J’ai décidé de ressentir librement ce qu’il est normal de ressentir. Face à une telle manipulation et un tel mensonge, les sentiments ne peuvent qu’être confus, terriblement douloureux. En tant que mère, j’attends de l’État qu’il garantisse ce droit fondamental : qu’il protège mon enfant, quel que soit son âge, sa taille, sa santé… Sans ce droit fondamental, intangible, qui accepte sciemment de donner la vie ?
Mais ensuite que puis-je faire ? Avec cette question subsidiaire dont je ne suis pas particulièrement fière mais qui est bien humaine : si je fais quelque chose, qu’est-ce que cela va me coûter ? J’en étais là de ma réflexion quand il m’a été donné de vivre une coïncidence intéressante. Je suis allée voir le film Une vie de James Hawes avec Anthony Hopkins, par les producteurs du Discours d’un roi, en salle actuellement. Oui désolée c’est une publicité pour aller au cinéma pendant le Carême, mais c’est pour la bonne cause, celle d’avoir une réflexion constructive. Le sujet du film est l’évacuation d’enfants réfugiés, en 1938, de Prague vers l’Angleterre. Ce film psychologiquement très fin, montre les conséquences dans une vie d’avoir un jour à quitter son confort pour sauver des vies. On perçoit confusément que dans ces situations où le prix du sang n’est pas versé, il y a quand même quelque chose à payer : une souffrance mentale particulière pour ceux qui s’opposent à la tyrannie. La puissance idéologique qui détermine arbitrairement ceux qui n’ont pas le droit à la protection de leur vie, tire son pouvoir de la soumission des consciences. Ceux qui refusent cela sont savamment isolés, avec leur désir de bien, qui est assimilé par l’opinion majoritaire à l’imprudence, à la folie. Nicolas, le héros du film, attentif à sa conscience, agnostique par ailleurs, va impliquer tout son être dans un combat en tout point disproportionné. En écoutant sa conscience, il entraîne sa mère, quelques compagnons, et de simples fonctionnaires à faire de même. De longues années durant, il vit encombré matériellement et mentalement par ses souvenirs, comme celui du visage d’une fillette de 12 ans. Le combat pour une vie, même une seule vie, ne peut laisser indemne. Après tout, ce n’est qu’à partir d’une seule vie, la mienne, que je ressens, je pense, et j’aime. Le spectateur s’identifie à cet homme et perçoit tour à tour l’insignifiance de recevoir seul le mérite d’un succès qui n’a été possible que grâce au sacrifice d’autres compagnons, mais aussi la nécessité d’accueillir avec gratitude le fait que cette personne-ci, celle qui est là devant nous, soit en vie, ou encore les limites humaines de nos propres actions.
On ne choisit ni son époque, ni ses talents, ni même sa place lors de circonstances tragiques… On choisit une chose : écouter ou non sa conscience. Cher ami – vous ne vous l’êtes peut-être jamais dit ainsi – mais vous êtes invité à faire partie d’une opération spéciale, celle du peuple de la Vie, selon les termes de saint Jean-Paul II. L’Auteur de cette opération vous a certes en partie caché ses desseins à court terme, mais il vous a aussi laissé une fiche de mission extrêmement précise. Elle vous est propre et unique. Personne ne peut vous remplacer. Les instructions vous sont données à chaque instant, inscrites dans votre conscience, que vous devez avoir à cœur de former sans cesse.
Ce qui nous libère, c’est la révélation selon laquelle nous ne sommes le Sauveur de personne. La place est prise. Nous avons cependant, si nous l’acceptons, à défendre, aimer et servir la vie. Nous avons à participer. Dans cette opération, nous avons des frères et des sœurs. La tristesse sans l’action n’est pas une option. Si nous sommes tentés de nous dérober ou de flancher, ressaisissons-nous. Dans cette opération, s’il n’y avait ne serait-ce qu’une vie à protéger ? Et puis nos compagnons ont besoin de nous. Le courage de l’un, l’offrande du second, la persévérance du troisième contribuent de façon mystérieuse à tisser des liens que nous contemplerons avec une immense joie au Ciel. C’est demain, lundi 4 mars, une journée de deuil, de prière et de jeûne !
Gabrielle Vialla
[1] Le texte proposé comme ajout à la Constitution est : « Art. 66‑2. – Nul ne peut porter atteinte au droit à l’interruption volontaire de grossesse et à la contraception. La loi garantit à toute personne qui en fait la demande l’accès libre et effectif à ces droits. »
Jean-Paul II nous avait prévenus du lien entre contraception et avortement dans Evangelium Vitae (§13).
La bonne mère
Suite à ma dernière lettre, quelques prêtres ont réagi à ma réaction à chaud sur la déclaration « Fiducia supplicans ». L’un d’eux, en désaccord avec moi, m’a fait un reproche qui m’a légèrement ébranlée. Il m’a dit que je considérais trop l’Église comme Magistra et pas assez comme Mater.
Certes, nous avons tous une maman, mais il se trouve que le regard est différent quand on l’est soi-même. Étant une mère bien limitée et imparfaite depuis un quart de siècle (un siècle en cumulé), j’ai pu réfléchir à ce qu’est une bonne mère, afin de m’encourager au bien. L’analogie ne doit pas être poussée à l’extrême mais elle est instructive. Laissez-moi vous en dire quelques mots, avec peut-être l’avertissement que la transposition avec des événements récents n’est pas à prendre au premier degré.
La mère de famille donne beaucoup d’elle-même. Elle voit disparaître son corps de jeune fille, pour porter ses enfants non sans peine et sans fatigue, bien qu’elle se réjouisse d’avoir ses enfants. Elle les nourrit et les élève. Rien ne lui est indifférent. Elle veut être proche de son enfant quand il souffre. Même lorsqu’elle est très optimiste sur la nature humaine, elle sait qu’il faut quelques règles dans la maison. Ne serait-ce que pour sa propre survie. La bonne mère ne peut donner des instructions de telle façon que la moitié des enfants prenne la direction opposée de l’autre moitié. L’ambiance qui en découlerait deviendrait vite exécrable. Certes, il est fréquent dans les familles que la discipline vis-à-vis des benjamins soit plus souple que vis-à-vis des aînés, mais les règles fondamentales ne changent pas. S’il n’était pas possible d’écrire sur les murs en 2021, cela le restera en 2024. Son discours peut s’adapter à ses enfants dans la forme ou le ton mais comme bonne Mère, elle ne saurait se contredire. Elle sait d’ailleurs que les injonctions contradictoires sont très mauvaises pour les enfants. Aujourd’hui, elle a même les connaissances des neurosciences pour le savoir.
La bonne mère est présente pour chacun. Oh elle écoute mais elle répond aussi. Ce n’est pas un distributeur de nourriture, ni de plaisirs. C’est une personne qui aime ; elle reçoit chacun dans une relation unique, irremplaçable avec des joies et des peines. Lorsqu’elle s’adresse à tous, elle s’assure que les plus jeunes ont compris. Elle ne légifère pas sur tout[1]. Ce serait étouffant. Elle laisse de la latitude à chacun. Elle ne peut pas prévoir toutes les situations que ses enfants auront à affronter. Elle a l’espérance qu’avec l’exemple et l’instruction qu’elle leur donne, ils sauront toujours écouter leur conscience, revenir à ce qu’elle a toujours enseigné.
Si par malheur, l’un d’eux s’égare, la bonne mère supplie Dieu pour lui. Elle égrène son chapelet et fait des sacrifices. Lorsque ce petit revient la voir, pensez-vous qu’elle commence par lui demander « As-tu fait une belle découverte pendant ta fugue ? » Elle le supplie plutôt « Mon enfant, je m’inquiète pour toi. Reviens à la maison. Ici, tu es chez toi. La nourriture est abondante et gratuite. »
Si par un malheur plus grand encore, son enfant ne respecte plus sa maison et revendique d’y vivre à sa manière à lui, elle se montre ferme « Tu es toujours mon enfant mais tu scandalises tes frères et sœurs. Pars vite avant que ton père ne revienne et que sa colère ne s’aggrave plus fortement contre toi. Reviens quand enfin tu auras décidé de ne plus te moquer de nous ». La bonne mère retournera à ses larmes et à ses supplications.
Le fils aîné rend compte de ses décisions. S’il venait à instaurer dans la maison une nouveauté qui divise les enfants, la bonne Mère pleure encore. Elle espère dans la prière, elle rappelle à tous de prier pour le fils aîné et de continuer à l’aimer. De nouveau, elle exhorte sans cesse chacun à être ce que Dieu attend de lui. Dans l’épreuve, elle maintient. « Elle rayonne de force et retrousse ses manches ! Elle s’assure de la bonne marche des affaires, sa lampe ne s’éteint pas de la nuit. » (Prov 31, 17-18)[2]
Oui, l’Église est Mère. Et justement, grâce à l’analogie de la mère de famille ou de la femme forte[3], tout un chacun peut comprendre qui elle est. Cela demande toutefois de refuser une idée facile mais faussée où la maternité serait doucereuse, peu exigeante. La bonne mère nous parle certes de ses enfants mais bien plus vite que je ne l’ai fait (pour garder un certain suspense), elle nous conduit à son Époux ! Elle est fidèle et vit des Noces de l’Agneau. Elle parle comme Lui. Lui dont nous avons les mots dans les Évangiles. Sainte, elle attend le retour de l’Époux. « Ses fils, debout, la disent bienheureuse et son mari fait sa louange. » (Prov 31, 28)
Gabrielle Vialla
[1] « L’Église ne se prononce que lorsque c’est nécessaire. Et quand elle établit en maîtresse de vérité une donnée générale, les théologiens sont mis alors à la tâche et doivent expliquer concrètement ce qu’elle a voulu dire ; ils le font par l’interprétation littérale, par l’étude des circonstances, par la reconnaissance des exceptions, afin de rendre la décision aussi tolérable que faire se peut et de laisser le moins de tentation possible aux esprits obstinés, indépendants ou mal instruits. » Card. J.H. Newman, Lettre au Duc de Norfolk
[2] Saint Augustin explique la nuit ainsi : « La nuit désigne les tribulations. Pendant la nuit, elle sert de modèle. Elle enseigne par ses actes le devoir qu’elle a tracé… » (sermon 37)
[3] Le sermon 37 de saint Augustin a pour titre La femme forte ou l’Église Catholique. (on peut le lire ici)
À propos de la déclaration de la CDF sur la bénédiction des couples de même sexe
La nouvelle déclaration de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi sur la possibilité de bénir les couples de même sexe, interroge quand elle n’ébranle pas profondément ceux qui depuis hier m’en parlent, dont ma jeune lycéenne. Je choisis donc d’en dire quelques mots « à chaud ».
Tout d’abord, la focalisation pastorale concernant les couples de même sexe s’explique en partie parce que la dissociation intérieure opérée entre la sexualité et la procréation, c’est à dire la mentalité contraceptive massive, est le plus souvent actée à l’intérieur même de l’Église. Voilà pourquoi, cet ajout de dernier moment à mon post précédent n’est pas un total hors-sujet.
J’ai pour ma part rappelé à mes enfants que la première bénédiction de Dieu dans les Écritures concerne l’homme et la femme dans leur altérité, ce que dit la Genèse « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme. Dieu les bénit et leur dit… » (Gn 1, 27-28)
Ensuite, quand je bénis mes enfants le soir, cela n’a de sens qu’en lien avec leur baptême. Il incombe à ceux qui reçoivent une bénédiction de rester dans l’espace de celle-ci, à savoir la volonté de Dieu sur eux.
Enfin, plus prosaïquement, tout-un-chacun a pu constater qu’une quelconque nouvelle concernant le pape et les couples de même sexe a un avantage médiatique écrasant. Toute autre information passe en second plan. Bref, pour ma part, je reçois cette déclaration comme un acte politique discutable (peut-être dû à des pressions ?)
Tout ce remue-méninges peut avoir le mérite de nous rappeler certes à la charité envers chaque personne, mais aussi à valoriser une théologie qui rend compte sur le plan spirituel de l’altérité de l’homme et de la femme, de l’amour nuptial du Christ pour l’Église.
Gabrielle Vialla
« Une seule chair »
Le film « Une seule chair » est un très beau message d’espérance. Les témoignages sont poignants ou touchants (dans le dernier chapitre des personnes non prévenues peuvent trouver certains passages éprouvants). Les couples interviewés forcent l’admiration. Ils disent face à la caméra tout ce que l’amour de Dieu est ! Leur mariage, avec Lui peut grandir dans l’amour et durer. Merci Seigneur !
Quels que soient le passé le plus rude, les épreuves, Dieu répond à ceux qui L’implorent : telle est la certitude qui découle de ce film. Je ne cache pas ma joie de voir que le terme de chasteté comme plusieurs belles définitions sont rapidement donnés. On y comprend très bien que la pornographie, la masturbation mais aussi l’adultère, même platonique dans le cœur, détruisent la communion conjugale. Des images fortes de démons sont associées à la pornographie. On mesure tout le combat spirituel.
Toutefois, dans ce travail de lumière, il existe deux éclipses :
La contraception est trop peu abordée. Dans plusieurs témoignages, la lassitude de la femme, comme l’incapacité de l’homme à la rejoindre dans son ressenti est très bien exprimée. L’impact est décrit comme considérable. Mais quelle a pu être l’influence de l’utilisation de la contraception, hormonale ou mécanique ? Le film ne le dit pas ; la patience nécessaire ensuite pour vivre la régulation naturelle des naissances et s’ajuster est à peine évoquée. Des justifications médicales ou circonstancielles sont invoquées pour refuser la contraception, mais malheureusement le sens profond de ce choix qui respecte la vie et la vérité sur le corps n’est pas dit clairement.
Comme le dit l’Évangile, il s’agit d’inscrire dans le temps la fidélité au Seigneur. Les expériences de Dieu doivent être ensuite soutenues grâce à des encouragements humains et spirituels. Le film témoigne des aides, de sessions, d’experts qui existent pour sortir de la pornographie, pour mieux gérer les émotions, la communication. Nous avons besoin d’entendre que des aides existent aussi pour arrêter la contraception…
Pourquoi taire la connaissance du cycle, qui nous enseigne sur l’altérité homme-femme, et le moyen de la régulation naturelle des naissances ? Y sont associés pourtant une joie profonde et peut-être plus cachée, comme d’inévitables difficultés, des souffrances, et la nécessité de la persévérance, du pardon de Dieu pour demeurer une seule chair. Cette connaissance fine du cycle pour se recevoir et s’offrir dans la différence des sexes est ignorée par le film. Pourtant la richesse de ce vécu, avec la possibilité de la guérison de Dieu, restent aujourd’hui très ignorées parce que la contraception dans toutes ses formes, comme la mentalité qui la sous-tend, semble même chez les chrétiens un présupposé inévitable, par auto-censure.
L’autre éclipse concerne la nécessité de la formation de la conscience des époux, afin qu’ils sachent discerner ce qui est chaste au sein de l’union conjugale. Une synthèse donnée en fin de film – trio du consentement mutuel, du fait d’honorer son mari ou sa femme, et de « la libération sexuelle » dans la chambre à coucher – est vraiment décevante. La bonne nouvelle sur le mariage est bien plus belle et plus exigeante. Dieu rend les époux libres grâce à l’assentiment qu’ils donnent à Sa Loi inscrite en eux !
On prétendra que l’on ne peut tout dire. Malgré tout, nul disciple honnête de Jean-Paul II, invoqué au début, ne peut taire la gravité de la contraception pour « une seule chair », comme la nécessité de la formation de la conscience. La contraception attaque précisément de l’intérieur la vérité interne de l’union des deux. Elle déforme le sens de la sexualité inscrit dans la conscience. La répercussion de la contraception est bien plus vaste qu’on ne le prétend. C’est bien la contraception avec sa mentalité d’un plaisir sans lien avec la fécondité, qui favorise les relations pré-matrimoniales, l’adultère, comme le recours à la pornographie de façon massive et pernicieuse.
Redisons qu’il est merveilleux de voir des chrétiens assumer face à la caméra la beauté et la cohérence du message de l’Évangile sur le mariage, avec une réalisation tout à fait remarquable. Tout est là pour la suite… une saison 2 ?
Sans doute plusieurs des témoins de la saison 1 pourraient témoigner de la beauté et de la libération d’une sexualité sans contraception. Jean-Paul II a donné les catéchèses de la théologie du corps pour que nous comprenions à quel point Humanae Vitae est un texte prophétique et libérateur. À toute l’équipe du film : N’ayez pas peur! 😉 Pour renforcer l’équipe, pour les impatients, il suffit de visualiser les témoignages de la chaîne Humanae vitae, de lire Ils ont osé les méthodes naturelles des Marion.
À l’approche de Noël, quelques chaleureuses personnes me demandent pour leurs cadeaux si j’ai écrit quelque chose cette année. Je suis touchée par la confiance ainsi montrée. En 2023, est sorti Éduquer la conscience dès l’enfance. Le livre traite entre autres de la conscience éclairée des époux à l’école de Jean-Paul II, et du travail de la conscience face à l’autorité du pape dans la pensée du cardinal Newman. Deux sujets d’actualité.
N’oubliez pas de prier pour moi. Je vous souhaite à tous une très sainte et belle fête de Noël.
Gabrielle Vialla
Mon témoignage sur Veritatis Splendor et « Marie-Do »
Je suis atterrée par le rapport de la Communauté Saint-Jean, rapport que je ne suis pas arrivée à lire entièrement. J’avais lu attentivement l’Affaire, lecture terrible mais nécessaire…
Je pense à tous les membres de la Famille Saint-Jean mais aussi à tous ceux qui en furent ou en sont proches, familialement ou amicalement. Je prie Dieu de nous accorder la consolation de sa Présence dans nos vies et la persévérance dans la recherche de la vérité.
Pendant ces dix dernières années, 2013-2023, décennie qui marque aussi les anniversaires de l’encyclique Veritatis splendor (1993) sur la conscience, j’ai longuement réfléchi sur mon histoire familiale et personnelle. L’écriture de la Chasteté puis d’Éduquer la conscience dès l’enfance est la partie visible de cette recherche.
En me confiant à une amie, je me suis rendu compte que j’avais omis un témoignage tout simple mais, à mes yeux, essentiel. Il touche à la nécessaire transmission de la morale liée à la foi dans nos paroisses, et aux repères à donner à nos enfants. Lorsque j’étais adolescente, dans les années 1990, mes parents étaient abonnés à l’Osservatore Romano. Un peu atypique, à 15 ans je découvrais ce journal, alors même que le saint pape expliquait les raisons de la parution de cette encyclique morale et du Catéchisme de l’Église catholique. J’en ai gardé cette impression étrange qui fait que pour moi les catéchèses de Jean-Paul II, ne sont pas seulement celles de la théologie du corps. Bref, à l’époque, en 1993 puis en 1995 avec Evangelium vitae, j’ai été pleinement consciente d’une dissonance entre ces encycliques limpides de Jean-Paul II et un enseignement de Marie-Dominique Philippe pour le moins confus ou absent sur ces sujets. Ce fut l’occasion d’une souffrance inavouable et d’un des casse-têtes dont je parle dans l’Avant-Propos de mon dernier ouvrage, écrit il y a plus d’un an.
Toujours est-il que l’élément le plus massif de Veritatis Splendor, « il existe des actes intrinsèquement mauvais », fut pour moi un repère incontestable de discernement, dans les différents lieux où je suis passée. L’Écriture nous dit que Dieu « veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la pleine connaissance de la vérité. » (1Tm 2, 4). (1)
Je précise de façon simple ce que j’avais compris en 1993 et que j’enseigne à mes adolescents : dire qu’il existe des actes intrinsèquement mauvais ne signifie jamais juger les personnes. Seul Dieu connaît vraiment les circonstances et les intentions. Contrairement à ce qu’il est de bon ton de dire aujourd’hui quand on veut tout changer ou ne rien faire, l’enseignement moral traditionnel ne colle pas sur la personne une étiquette la réduisant à son acte, mais au contraire précise : « une personne ayant commis… ». Ainsi il permet à la personne de ne pas rester prisonnière de ses méfaits. L’Église, comme le Christ, attend que nos nombreux péchés soient pardonnés parce que nous avons, avec sa grâce, su reconnaître en Lui la Vérité… Oui, rappeler qu’« il y a des actes qui, en eux-mêmes et par eux-mêmes, sont irrémédiablement mauvais », c’est transmettre qu’il y a des actes incompatibles avec la dignité personnelle de tout homme, rappeler que la liberté grandit dans l’adhésion à la Vérité, et non dans son rejet. Voilà « les premiers secours » face à toute manipulation, tyrannie. Ce n’est certainement pas un hasard si les auteurs de cette encyclique, Jean-Paul II avec l’aide du cardinal Ratzinger, futur pape Benoît XVI, ont subi dans leur histoire personnelle les pires totalitarismes du XXe siècle. Je vous conseille, pour illustrer cela, la biographie fleuve Benoît XVI, une vie de Peter Seewald. Une magnifique lecture de vacances. La doctrine de l’Église, avec des préceptes qui interdisent les actes intrinsèquement mauvais, bien loin d’être d’une intolérable intransigeance, est au contraire, en réalité, pleinement éducatrice, capable de prévenir des souffrances en cascade, des effondrements communautaires et sociaux. Il est temps que la génération Jean-Paul II reconnaisse les anticorps contenus dans Veritatis Splendor, redécouvre la formation de la conscience morale et spirituelle pour elle-même et ses enfants !
Gabrielle Vialla
(1) On peut lire aussi 2Th 2, 10-13. Il y a un lien entre le Salut et la vérité. Le Catéchisme nous l’explique : « Dieu veut le salut de tous par la connaissance de la vérité. Le salut se trouve dans la vérité » (CEC §851)
Méthodes naturelles : on nous ment !
Je vous prie d’excuser un vocabulaire inhabituel. J’ai voulu rendre la situation et les propos de mon mieux.
M’intéressant à l’univers de mes grandes filles, je me suis inscrite, il y a quelques temps déjà, sur Instagram. Je regarde quelques comptes dont celui d’une jeune femme dynamique, aimant le Seigneur et voulant Le faire connaître. Au milieu de diverses considérations – coiffures de mariage, pause café et achat de poussette -, elle témoigne du bénédicité, de la prière conjugale ou des méthodes naturelles. Merci!
Seulement, un matin, poussée par je ne sais quel mauvais augure, j’ai commencé à écouter son live avec Laurène du compte « Emancipée ». Pour vous donner un ordre d’idée de l’audience touchée par ces instagrameuses, le compte de Laurène affiche 83k. L’autre, essentiellement des catholiques, 17k . Un potentiel de 100 000 couples.
Laurène connait sa physiologie. Rien à dire. Elle est souriante, pédagogue et rassurante. On sent qu’elle vit son cycle, cela donne du crédit et du poids à sa parole. C’est entraînant… Seulement très vite, nous voici ballottés en pleine confusion, dans un univers où tout est placé sur le même plan. S’il s’agit des diverses méthodes, pourquoi pas, mais nous apprenons d’elle que « faire l’amour, ce n’est pas éjaculer dans le vagin de sa femme. » Et de nous renvoyer vers les sexologues qui savent mieux en parler, dit-elle. Son discours est bien rôdé. Avec « émancipées », grâce à elle et selon elle, les méthodes naturelles « ne sont plus jamais l’objet de la moindre plainte de frustration ».
À la jeune maman « émancipée » qui vivrait un combat humain bien normal – puisque parvenir à une sexualité qui dit vrai, qui humanise, demande des efforts -, eh bien Laurène incite à « être open ». Si la jeune maman vit quelques difficultés à s’ajuster avec son époux, elle doit s’inscrire au « club de sérénité ». Selon le niveau plus ou moins « coincé » de l’audimat, la charmante vendeuse explique qu’en période fertile il s’agit de « se donner plein de plaisir en dehors d’une pénétration vaginale non protégée ». Je vous épargne les détails. Pour les moins créatifs elle décrit une vieille solution: « On peut utiliser le préservatif, le diaphragme ! » Pas plus original que le grappin finalement…
Malheureusement la jeune femme en face d’elle, rougissante, n’a pas su réagir. Elle a oublié de rappeler qu’homme et femme nous sommes créés par Dieu et que nous n’échappons pas à son Regard. Regard d’amour qui ne veut que notre bonheur. Plus simplement, la sexualité n’échappe pas à l’anthropologie, au sens de notre être, du corps, de la dignité de la personne.
Mais que répondre à la question qui reste : Comment gérer la frustration de la continence en période fertile ?
Tout d’abord, le vécu de la sexualité conjugale est certes l’expérience de la joie et du plaisir mais aussi celui de notre condition, limitée, vulnérable, et pécheresse.
Ensuite, nous avons à apprendre. Nous devons accepter de nous laisser enseigner par les témoignages, lectures, et accompagnement sur le cycle. Encore faut-il que les éléments beaux et constructifs existent, soient accessibles sans mélange. Et là notre responsabilité n’est-elle pas importante ? Pour les catholiques, bien sûr il est nécessaire de rappeler que les sacrements et la prière ne sont pas étrangers à ce combat, qui est aussi spirituel. Il ne s’agit pas d’être parfaits mais de recevoir et de témoigner de la vérité.
Enfin, tout en continuant à nous former toujours, nous avons à écouter notre conscience, en sachant que celle-ci s’affine quand on adhère au bien, qu’elle s’endurcit par de progressives compromissions. Un bon livre est sorti récemment sur le sujet. En bref, il ne s’agit pas de se trouver un gourou qui dicte notre attitude dans le lit conjugal mais de choisir le bonheur et la liberté intérieure.
Je vous livre un diagnostic sans filtre. Notre problème comme catholiques n’est pas d’être « coincés » mais « naïfs » et « frileux ».
Naïfs : Bien que censés croire au dogme du péché originel, nous avons comme un aveuglement et nous refusons de voir que de bons moyens peuvent être détournés de leur fin, chez nous et chez autrui. Il est, semble-t-il de notre devoir de prévenir (d’abord nos jeunes ayant un portable) qu’une personne qui promeut les méthodes naturelles ou le cycle peut aussi « vendre » la contraception ou des pratiques, outils intrinsèquement désordonnés. De même que le fait de pratiquer une méthode naturelle, ou de vivre un célibat subi ou consenti pour Dieu, ne nous dispense pas de reconnaître des fautes contre la chasteté et de nous en confesser. La dictature du relativisme est une réalité, et comme dictature sournoise pour les consciences, elle fait de très nombreuses victimes.
Frileux : Ayant la possibilité de puiser aux dons du St Esprit, nous manquons pourtant sérieusement de confiance dans les ressources que nous avons, négligeant de les transmettre, et fragilisant nos familles par la même occasion.
Le traitement est connu. Recherche de la vérité en tout. Reconnaissance de nos limites, de nos péchés. Amour des personnes.
Gabrielle Vialla
PS: ANNONCE je cherche 2 ou 3 collaboratrices pour un projet : un compte couplesaimants sur Instagram. Ce compte aurait pour but de répondre aux questions des jeunes femmes avec les seules réponses anthropologiques qui soient respectueuses de nos dignités de filles de Dieu. Pour « postuler » il suffit de répondre à cette newsletter, d’être convaincue de l’importance du sujet, de partager la ligne éditoriale donnée par ce message, de connaître et publier déjà sur Instagram pour d’autres raisons, d’y passer un temps très raisonnable. Il s’agit de vulgariser un trésor. Par là même, celles qui s’y mettront, le connaîtront davantage 😉 Seulement pour commencer nous devons être 4 ou 5 afin que le temps accordé soit compatible avec le devoir d’état, un autre apostolat « dans la vraie vie » idéalement proche du sujet. Ne craignez pas de nous rejoindre (une amie est déjà partante) Si vous manquez de confiance en vous, ce n’est pas un souci mais l’occasion d’exercer vos talents, d’être accompagnée en restant anonyme tant que vous le désirez.
La fabrique de la duplicité
Pour un grand nombre de personnes, il est temps de faire évoluer la morale sexuelle afin qu’elle réponde enfin aux fragilités comme aux attentes contemporaines. Peut-être quelquefois sommes-nous sensibles à cette tentation?
L’intention est-elle vraiment sympathique ?
Une morale sexuelle amendée aurait le mérite d’être accessible au plus grand nombre. Si elle pouvait même être accessible à tout le monde, sans remise en cause personnelle ce serait l’idéal. « La passion, le désir et le sexe contre la raison, l’amour et la morale ? Cela sonne parfois un peu comme s’il y avait soit une vie pécheresse, guidée par l’instinct et déraisonnable, soit l’idéal de l’amour pur », explique ainsi le cardinal Marx.
Voilà un peu la tactique : on explique au bon peuple catholique que s’il y a eu des abus sexuels et une si stupéfiante duplicité chez les pasteurs, c’est parce que la morale catholique reposerait non sur une loi universelle et objective, inscrite en nous, mais sur un système de type manichéen où le bien ne serait réservé qu’aux seuls purs, les autres n’y ayant pas accès. Le manichéisme a pourtant toujours été rejeté par l’Église catholique comme une hérésie.
Il faudrait donc qu’à chaque époque quelques « sachants » s’emploient à rendre la loi morale adaptable à leurs contemporains. Quitte à la rendre difficilement lisible par tout un chacun.
Comme tout cela est bien pratique…
Les archives et le travail historique relaté dans l’Affaire Philippe – oui j’ai lu le livre aux éditions du Cerf – montrent pourtant une énième fois avec douleur et cruauté, qu’une morale « adaptée à sa vision de la foi » par celui qui a l’autorité, devient ipso facto la fabrique de sa propre duplicité et la condition de l’abus.
Que l’on nous promette encore une fois des réformes nécessaires. Soit. C’est très bien. Mais que l’on nous promette un amour chrétien facile et indolore… c’est vraiment nous prendre pour des idiots.
Je gage, moi, qu’il reste ici ou là du bon sens. Associé à un certain ras le bol avouons-le.
Puisque le récent film du Puy du Fou Vaincre ou mourir met à l’honneur la figure droite, bien que non sans complexité, d’Athanase de Charette, qu’on me permette de redire à sa manière que toutes ces belles nouveautés risquent fort d’être vieilles comme le monde, tout comme la ruse de celui qui veut se soustraire au don pour accaparer.
La réalité de toute vie est qu’elle n’échappe pas à d’inhérentes tensions entre le désir de bonheur et les aléas, circonstances, limites, souffrances de l’existence concrète. La tension entre le bien perçu et la difficulté à le mettre en pratique traverse toute conscience humaine. (Rm 7 14-22)
La bonne nouvelle est que c’est justement cette disproportion entre la loi et nos capacités humaines qui éveille notre désir de la grâce, qui nous rappelle sans cesse la vérité du Salut par le Christ, la nécessité de vivre des sacrements et de l’Église du Christ.
« Le voici maintenant le moment favorable, le voici maintenant le jour du salut. » (2Co 6, 2) N’est-ce pas le bon moment pour demander une foi simple, qui ne s’effraie pas des exigences de l’amour, qui accepte les aides humaines et spirituelles pour grandir dans la vie morale ? Voilà ce qui permet de garder le cœur jeune, de la jeunesse de Dieu, dont nous avons grand besoin !
Gabrielle Vialla
(détail: Odilon Redon, Christ en Croix)
Eduquer la conscience dès l’enfance – revue de presse
RCF : La conscience : un chemin de croissance vers Dieu. Interview de Gabrielle Vialla par Yves Thibaut de Maisières
Radio Courtoisie : Libre journal de la transmission avec Valérie d’Aubigny (pour les abonnés de Radio Courtoisie)
Famille Chrétienne:
La Nef:
Enseignement Catholique Actualités:
TV Libertés:
En librairie, sur Amazon où vous pouvez feuilleter les premières pages, Fnac, la Procure, le Barroux, l’Emmanuel, Livres en Famille…
Voir la 4e de couverture
Affaire Philippe
Chers amis,
Je suis horrifiée par les faits relatés dans le rapport de l’Arche. Si je n’ai encore jamais parlé publiquement de ce scandale alors que je me suis exprimée sur d’autres, ce n’est pas par déni ou par indifférence face à la gravité et l’abject. C’est simplement qu’en raison d’une proximité avec les pères Philippe, j’ai été trop impactée. Comme je l’écris dans mon dernier ouvrage, j’ai fait dans ma vie personnelle un long travail pour démêler ma foi au Christ, des scories qu’on y a adjointes.
À toi l’ami qui est écœuré ou qui a été proche par le sang ou par l’emprise d’un prêtre abuseur, si tu le permets, je te fais cette supplique: ne te laisse pas couper pas les ailes. Ne nous laissons pas couper les ailes !
Certes, comme moi, il y a peut-être du plomb en elles. Nous l’avons compris dans la douleur: Dieu n’a pas besoin de nous. Parce qu’Il est Dieu. Le Sauveur c’est le Christ. Seulement, voilà, dans sa délicatesse, Il nous appelle, quémande notre vol, nous fortifie. À notre tour, nous ne jouerons pas à l’Aigle. Ceux qui ont cru l’être, dans leur arrogance, ont pour d’autres masqué le Soleil. Nous, notre ambition c’est juste de nous dorer les ailes. Nos blessures, les réchauffer à Son amour. Avec Lui, n’ayons plus peur de notre liberté d’enfants adoptifs du Père (Mt 23,9).
Comptant sur votre aide maternelle, nous vous présentons nos misères, nous désirons vous rendre honneur et réparation, à vous Mère de Dieu, Immaculée Conception, toujours Vierge Marie.
Gabrielle Vialla