Pour beaucoup, Jean-Paul II est le pape de la jeunesse, de l’engagement personnel dans le mariage ou le sacerdoce, le pape de l’apostolat en faveur de la famille, le formateur de la conscience morale, qui nous appelle encore au service de la vie, des plus fragiles. Cette même année 2020 voit ainsi les 100 ans de la naissance de JPII et les 25 ans de son encyclique Evangelium Vitæ. Pour beaucoup, Jean-Paul II est ce Fils de Marie qu’on ne peut oublier lorsqu’on pérégrine. Tant de plaques commémoratives rappellent le passage du grand voyageur… Enfin pour certains Jean-Paul II est bien sûr le pape de la « théologie du corps ».
Benoît XVI rappelle la centralité de la Miséricorde dans la spiritualité de Jean-Paul II. La Miséricorde est le fruit de l’amour personnel du Christ pour chacune de nos âmes jusqu’à la mort sur la Croix. Amour personnel qui coule du côté ouvert et qui nous appelle à la réciprocité pour devenir un amour interpersonnel.
À l’image du Maître, Jean-Paul II voulait demeurer auprès de ses amis. Il désirait vivre, marcher auprès de ceux qui lui étaient confiés. La psychologie et l’affectivité humaines ont besoin de moments privilégiés pour comprendre la véracité de l’amour interpersonnel. Notre-Seigneur ne les a pas refusés à Marthe et Marie. Jean-Paul II les a accordés généreusement à ceux qui le prirent comme « oncle ». Les photos de cette complicité accordée à certains témoignent de la joie partagée, d’amitiés authentiquement spirituelles parce que parfaitement humaines. La sainteté est bien l’actualisation de la beauté de l’Incarnation. Celle-ci n’est possible qu’avec la proximité et le don de soi par le corps. Il s’agit d’une façon ou d’une autre de « mouiller la chemise »… Le coronavirus va-t-il changer cela ? Non, il nous rappellera seulement par ses conséquences humaines, économiques et spirituelles les déficits de notre clairvoyance et de notre charité, qui prend sa source dans l’Eucharistie.
Il aura aussi été heureusement l’occasion de généreux dons de soi cachés et de fidélité à l’Évangile par un petit reste. Il a rappelé cruellement aux âmes ardentes que le monde ment lorsqu’il prétend aimer avec l’égalitarisme. Le favoritisme de l’Évangile – rappelé par la Parole de Dieu de ces derniers jours – c’est le rappel que le serviteur n’est pas plus grand que le Maître, et que si le Christ est persécuté, ses amis le sont aussi. Cette persécution, Jean-Paul II l’a vécue de diverses façons. Post mortem, encore, on désire associer à cette figure lumineuse les scandales non toujours élucidés qui ont eu lieu pendant son long pontificat. À l’école de Jean-Paul II, choisissons la cohérence et la beauté, combattons l’inversion généralisée, la manipulation des intelligences et des consciences. Percevons davantage le don que Dieu nous a fait à travers Karol Wojtyla à une époque si confuse sur le corps, la sexualité, la relation. Époque qui, ayant perdu le sens de Dieu, perd le sens du corps, de sa signification. Sachons reconnaître les antipoisons que l’Esprit Saint suscite toujours dans son Église. Jean-Paul II est bien un signe que le Christ n’abandonne jamais son Église.
Saint Jean Paul II, le grand ?, s’interroge notre bien-aimé Benoit XVI dans une nouvelle admirable lettre. En attendant que la postérité inscrive ce titre auprès de saint Grégoire, pour moi Jean Paul II est définitivement avant même le saint et le professeur – j’ose – … l’ami, le confident, le proche ! Puisse-t-il être aussi le vôtre ! Joyeux anniversaire JPII !
Gabrielle Vialla