L’Eucharistie n’est pas un dû. Voilà peut-être la phrase la plus lue, la plus entendue depuis le début du confinement. Peut-être un élément de langage ? Oui, l’Eucharistie est un don; « ma vie nul ne la prend mais c’est moi qui la donne » (Jean 10, 18).
L’Eucharistie n’est pas un dû, certes, mais qu’est-ce que l’Eucharistie ? Le lexique le plus évident de la parole de Dieu, jusque dans le Notre-Père, c’est que l’Eucharistie est notre nourriture, notre nourriture quotidienne. Alors, après tant de jours, je m’interroge sur le peu d’inflexion pastorale pour nourrir sacramentellement les confinés. Dispense de la distribution de l’Eucharistie pourtant traditionnelle, en faveur de l’accouchée ou du malade. J’ai été souvent malade et accouchée, alors l’incongruité de la situation m’apparaît. Car on m’a toujours nourrie lorsque je l’ai demandé !
C’est le dimanche du Bon Pasteur, dimanche de prière intense pour les prêtres et les vocations. Un Bon berger laisse-t-il longtemps ses brebis sans nourriture ? Parce qu’elles auraient la consolation d’entendre sa voix (la Parole de Dieu), parce qu’elles pourraient vivre de la charité en se servant les unes les autres ?
La demande de notre nourriture quotidienne, le pain de Vie que nous avons médité dans les évangiles cette semaine, le Bon Pasteur… Jésus utilise des images si simples qu’elles en deviennent terriblement exigeantes. Alors, mère de famille, je me demande pourquoi ? Pourquoi ce silence ? Oui les pasteurs nous parlent beaucoup. Ils ont demandé à l’État. Ils ont été tristes, en colère, désemparés, et pourtant il y a encore un silence.
Nourrir les brebis, est ce vraiment impossible ? Injustifié ?
L’explication la plus simple est peut-être la meilleure. S’il fallait dans les circonstances actuelles nourrir le peuple de Dieu, il faudrait redécouvrir le lien entre la confession et l’eucharistie. De nombreux appels à la conversion ont été mis en exergue, et celle-ci la souhaitons-nous aussi ?
Redécouvrir le lien entre la confession et l’eucharistie, cela signifierait aussi baptiser ceux qui attendent, marier ceux qui le demandent malgré les restrictions, mais aussi éclairer certains davantage sur la vie sexuelle, la situation matrimoniale… Cela signifierait redécouvrir l’Évangile et le lien prêtre-Christ comme un enfant : Jésus va à Cana, il guérit les malades, il rencontre ses contradicteurs en personne, il ne fuit pas les lépreux, il demande à la Samaritaine où est son mari, il est emmené en prison, devant les tribunaux… Cela signifierait enfin distinguer pour un temps particulier, la fête sociale qu’on appelle célébration, cérémonie, de la réalité du don personnel du Christ pour nous, qu’on appelle sacrement. Un autre jeûne finalement, celui de la fête ?
On a dit de saint Jacques le Mineur qu’il ressemblait à Jésus et que ceux qui avaient vu Jésus aimaient à le regarder, car ils retrouvaient en lui les traits du Maître. Saint Philippe et saint Jacques, saints apôtres du Seigneur, donnez-nous de saints pasteurs et de saints prêtres, pour nous rappeler qu’Il est réellement là, le Bon Pasteur !
Gabrielle Vialla
Merci Gabrielle pour cet article.Vous mettez le doigt sur le lien entre confession et eucharistie. C’est important et la crise actuelle est certes l’occasion d’en reparler. Ayant écrit à mon évêque pour réclamer la possibilité de communier, je n’ai pu m’empêcher de préciser que je m’en savais indigne. Mais la confession n’est-elle pas là pour ça ? Et la communion prend toute sa valeur quand on se confesse .
Aujourd’hui j’ai trouvé sur le site de mon diocèse, que l’évêque définit la communion comme » un échange, une écoute ,une capacité à recevoir, la conscience d’être membre d’un même Corps où chacun ne peut vivre séparément ou en concurrence mais prend part aux épreuves et aux joies des autres. »
Ceci est bien vrai et comme on voudrait pouvoir le vivre de manière incarnée, ainsi que Jésus l’a voulu !