Je vous prie d’excuser un vocabulaire inhabituel. J’ai voulu rendre la situation et les propos de mon mieux.
M’intéressant à l’univers de mes grandes filles, je me suis inscrite, il y a quelques temps déjà, sur Instagram. Je regarde quelques comptes dont celui d’une jeune femme dynamique, aimant le Seigneur et voulant Le faire connaître. Au milieu de diverses considérations – coiffures de mariage, pause café et achat de poussette -, elle témoigne du bénédicité, de la prière conjugale ou des méthodes naturelles. Merci!
Seulement, un matin, poussée par je ne sais quel mauvais augure, j’ai commencé à écouter son live avec Laurène du compte « Emancipée ». Pour vous donner un ordre d’idée de l’audience touchée par ces instagrameuses, le compte de Laurène affiche 83k. L’autre, essentiellement des catholiques, 17k . Un potentiel de 100 000 couples.
Laurène connait sa physiologie. Rien à dire. Elle est souriante, pédagogue et rassurante. On sent qu’elle vit son cycle, cela donne du crédit et du poids à sa parole. C’est entraînant… Seulement très vite, nous voici ballottés en pleine confusion, dans un univers où tout est placé sur le même plan. S’il s’agit des diverses méthodes, pourquoi pas, mais nous apprenons d’elle que « faire l’amour, ce n’est pas éjaculer dans le vagin de sa femme. » Et de nous renvoyer vers les sexologues qui savent mieux en parler, dit-elle. Son discours est bien rôdé. Avec « émancipées », grâce à elle et selon elle, les méthodes naturelles « ne sont plus jamais l’objet de la moindre plainte de frustration ».
À la jeune maman « émancipée » qui vivrait un combat humain bien normal – puisque parvenir à une sexualité qui dit vrai, qui humanise, demande des efforts -, eh bien Laurène incite à « être open ». Si la jeune maman vit quelques difficultés à s’ajuster avec son époux, elle doit s’inscrire au « club de sérénité ». Selon le niveau plus ou moins « coincé » de l’audimat, la charmante vendeuse explique qu’en période fertile il s’agit de « se donner plein de plaisir en dehors d’une pénétration vaginale non protégée ». Je vous épargne les détails. Pour les moins créatifs elle décrit une vieille solution: « On peut utiliser le préservatif, le diaphragme ! » Pas plus original que le grappin finalement…
Malheureusement la jeune femme en face d’elle, rougissante, n’a pas su réagir. Elle a oublié de rappeler qu’homme et femme nous sommes créés par Dieu et que nous n’échappons pas à son Regard. Regard d’amour qui ne veut que notre bonheur. Plus simplement, la sexualité n’échappe pas à l’anthropologie, au sens de notre être, du corps, de la dignité de la personne.
Mais que répondre à la question qui reste : Comment gérer la frustration de la continence en période fertile ?
Tout d’abord, le vécu de la sexualité conjugale est certes l’expérience de la joie et du plaisir mais aussi celui de notre condition, limitée, vulnérable, et pécheresse.
Ensuite, nous avons à apprendre. Nous devons accepter de nous laisser enseigner par les témoignages, lectures, et accompagnement sur le cycle. Encore faut-il que les éléments beaux et constructifs existent, soient accessibles sans mélange. Et là notre responsabilité n’est-elle pas importante ? Pour les catholiques, bien sûr il est nécessaire de rappeler que les sacrements et la prière ne sont pas étrangers à ce combat, qui est aussi spirituel. Il ne s’agit pas d’être parfaits mais de recevoir et de témoigner de la vérité.
Enfin, tout en continuant à nous former toujours, nous avons à écouter notre conscience, en sachant que celle-ci s’affine quand on adhère au bien, qu’elle s’endurcit par de progressives compromissions. Un bon livre est sorti récemment sur le sujet. En bref, il ne s’agit pas de se trouver un gourou qui dicte notre attitude dans le lit conjugal mais de choisir le bonheur et la liberté intérieure.
Je vous livre un diagnostic sans filtre. Notre problème comme catholiques n’est pas d’être « coincés » mais « naïfs » et « frileux ».
Naïfs : Bien que censés croire au dogme du péché originel, nous avons comme un aveuglement et nous refusons de voir que de bons moyens peuvent être détournés de leur fin, chez nous et chez autrui. Il est, semble-t-il de notre devoir de prévenir (d’abord nos jeunes ayant un portable) qu’une personne qui promeut les méthodes naturelles ou le cycle peut aussi « vendre » la contraception ou des pratiques, outils intrinsèquement désordonnés. De même que le fait de pratiquer une méthode naturelle, ou de vivre un célibat subi ou consenti pour Dieu, ne nous dispense pas de reconnaître des fautes contre la chasteté et de nous en confesser. La dictature du relativisme est une réalité, et comme dictature sournoise pour les consciences, elle fait de très nombreuses victimes.
Frileux : Ayant la possibilité de puiser aux dons du St Esprit, nous manquons pourtant sérieusement de confiance dans les ressources que nous avons, négligeant de les transmettre, et fragilisant nos familles par la même occasion.
Le traitement est connu. Recherche de la vérité en tout. Reconnaissance de nos limites, de nos péchés. Amour des personnes.
Gabrielle Vialla
PS: ANNONCE je cherche 2 ou 3 collaboratrices pour un projet : un compte couplesaimants sur Instagram. Ce compte aurait pour but de répondre aux questions des jeunes femmes avec les seules réponses anthropologiques qui soient respectueuses de nos dignités de filles de Dieu. Pour « postuler » il suffit de répondre à cette newsletter, d’être convaincue de l’importance du sujet, de partager la ligne éditoriale donnée par ce message, de connaître et publier déjà sur Instagram pour d’autres raisons, d’y passer un temps très raisonnable. Il s’agit de vulgariser un trésor. Par là même, celles qui s’y mettront, le connaîtront davantage 😉 Seulement pour commencer nous devons être 4 ou 5 afin que le temps accordé soit compatible avec le devoir d’état, un autre apostolat « dans la vraie vie » idéalement proche du sujet. Ne craignez pas de nous rejoindre (une amie est déjà partante) Si vous manquez de confiance en vous, ce n’est pas un souci mais l’occasion d’exercer vos talents, d’être accompagnée en restant anonyme tant que vous le désirez.