La fabrique de la duplicité
Pour un grand nombre de personnes, il est temps de faire évoluer la morale sexuelle afin qu’elle réponde enfin aux fragilités comme aux attentes contemporaines. Peut-être quelquefois sommes-nous sensibles à cette tentation?
L’intention est-elle vraiment sympathique ?
Une morale sexuelle amendée aurait le mérite d’être accessible au plus grand nombre. Si elle pouvait même être accessible à tout le monde, sans remise en cause personnelle ce serait l’idéal. « La passion, le désir et le sexe contre la raison, l’amour et la morale ? Cela sonne parfois un peu comme s’il y avait soit une vie pécheresse, guidée par l’instinct et déraisonnable, soit l’idéal de l’amour pur », explique ainsi le cardinal Marx.
Voilà un peu la tactique : on explique au bon peuple catholique que s’il y a eu des abus sexuels et une si stupéfiante duplicité chez les pasteurs, c’est parce que la morale catholique reposerait non sur une loi universelle et objective, inscrite en nous, mais sur un système de type manichéen où le bien ne serait réservé qu’aux seuls purs, les autres n’y ayant pas accès. Le manichéisme a pourtant toujours été rejeté par l’Église catholique comme une hérésie.
Il faudrait donc qu’à chaque époque quelques « sachants » s’emploient à rendre la loi morale adaptable à leurs contemporains. Quitte à la rendre difficilement lisible par tout un chacun.
Comme tout cela est bien pratique…
Les archives et le travail historique relaté dans l’Affaire Philippe – oui j’ai lu le livre aux éditions du Cerf – montrent pourtant une énième fois avec douleur et cruauté, qu’une morale « adaptée à sa vision de la foi » par celui qui a l’autorité, devient ipso facto la fabrique de sa propre duplicité et la condition de l’abus.
Que l’on nous promette encore une fois des réformes nécessaires. Soit. C’est très bien. Mais que l’on nous promette un amour chrétien facile et indolore… c’est vraiment nous prendre pour des idiots.
Je gage, moi, qu’il reste ici ou là du bon sens. Associé à un certain ras le bol avouons-le.
Puisque le récent film du Puy du Fou Vaincre ou mourir met à l’honneur la figure droite, bien que non sans complexité, d’Athanase de Charette, qu’on me permette de redire à sa manière que toutes ces belles nouveautés risquent fort d’être vieilles comme le monde, tout comme la ruse de celui qui veut se soustraire au don pour accaparer.
La réalité de toute vie est qu’elle n’échappe pas à d’inhérentes tensions entre le désir de bonheur et les aléas, circonstances, limites, souffrances de l’existence concrète. La tension entre le bien perçu et la difficulté à le mettre en pratique traverse toute conscience humaine. (Rm 7 14-22)
La bonne nouvelle est que c’est justement cette disproportion entre la loi et nos capacités humaines qui éveille notre désir de la grâce, qui nous rappelle sans cesse la vérité du Salut par le Christ, la nécessité de vivre des sacrements et de l’Église du Christ.
« Le voici maintenant le moment favorable, le voici maintenant le jour du salut. » (2Co 6, 2) N’est-ce pas le bon moment pour demander une foi simple, qui ne s’effraie pas des exigences de l’amour, qui accepte les aides humaines et spirituelles pour grandir dans la vie morale ? Voilà ce qui permet de garder le cœur jeune, de la jeunesse de Dieu, dont nous avons grand besoin !
Gabrielle Vialla
(détail: Odilon Redon, Christ en Croix)
Congrès Humanae Vitae à Rome
Interview d’Aude Dugast, coordinatrice du Congrès pour la France
1/ Pourquoi faut-il encore parler d’Humanae Vitae en 2023 ?
C’est une bonne question. Je me dis parfois : « soit c’est comique, soit c’est prophétique de faire en 2023 un congrès sur Humanae Vitae !» Cela paraît tellement décalé que c’en est comique. Mais c’est justement ce décalage tragi-comique qui est prophétique. En regardant de plus près la situation, on s’aperçoit que les difficultés de beaucoup de couples, de jeunes, les scandales à répétition, et même l’enchaînement incessant des transgressions sur le plan de la bioéthique, s’enracinent dans une sexualité désordonnée, une sexualité sans chasteté, or Humanae Vitae justement, nous rappelle les fondements anthropologiques de la sexualité. Si l’on voit Humanae vitae seulement comme un interdit de la contraception on passe à côté de la profondeur du message. En rappelant le lien indissoluble entre sexualité et procréation, l’Eglise nous invite à redécouvrir le sens intime de la sexualité et rappelle la beauté de l’amour humain responsable. C’est très intéressant de voir d’ailleurs combien ce message peut être reçu favorablement par des jeunes très éloignés de l’Eglise mais qui, conscients que le modèle du ‘jouir sans entrave’ a failli, cherchent des pistes pour vivre un amour durable.
Une autre raison, essentielle, et qui explique pourquoi la Fondation Jérôme Lejeune est partenaire de ce Congrès* est l’enjeu bioéthique. Si l’on dissocie la sexualité de la procréation, alors, par effet miroir, on peut dissocier la procréation de la sexualité. C’est donc l’ouverture à la PMA, aux embryons dits surnuméraires, à la recherche sur l’embryon, et pourquoi pas le clonage, et bien sûr aux mères porteuses… Par un jeu de poupées russes, si Humanae Vitae saute, tous les verrous éthiques disparaissent tôt ou tard.Humanae Vitae est un document fondateur pour assurer le respect de la vie humaine dès son commencement et il nous semble urgent de le redécouvrir. Il a une portée sociale essentielle. Ce Congrès veut favoriser une prise de conscience que l’encyclique Humanae Vitae est le verrou protégeant la dignité de la vie humaine, le premier rempart, indispensable, contre la manipulation de la vie humaine.
2/ Qui sera à Rome en mai ?
Couples et médecins, prêtres et éducateurs, philosophes et théologiens du monde entier (Etats-Unis, Afrique, Egypte, Espagne, Italie, France, etc.) nous offriront des conférences et des tables rondes, dans une approche à la fois académique et grand public. Toutes les conférences seront traduites en 4 langues, donc pas d’inquiétude pour les français ! Cet échange d’expérience et de réflexion est très enrichissant et je sais déjà que des témoignages de jeunes étrangers étonneront plus d’un français… Ce qui nous semble impossible ici, semble évident ailleurs… Cela fait réfléchir.
Enfin, le Cardinal Zuppi, Président de la Conférence épiscopale italienne, introduira le Congrès et le Cardinal Ladaria, Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, donnera la conférence introductive. C’est une grande marque d’attention qui nous honore.
3/ Nous sommes parents de jeunes enfants et formateurs RNN, cela est-il intéressant pour nous ? Je dirais même que vous êtes les invités d’honneur du Congrès. La RNN s’inscrit évidemment dans une réflexion sur le sens de la sexualité et je crois sincèrement que ce Congrès est un moment assez exceptionnel pour approfondir notre réflexion, par la qualité et l’expérience des intervenants venant du monde entier. En réfléchissant aussi bien sur les fondements que sur les difficultés concrètes, et en écoutant les témoignages des couples et des médecins. Comme par exemple vendredi 19 mai : une table ronde avec des couples sur : Les difficultés et la beauté de l’amour conjugal vécu conformément à Humanae Vitae et dans l’ouverture à la vie, puis un exposé médicald’un gynécologue obstétricien : Qu’est-ce que la contraception ? Explication médicale : mécanisme, effets, conséquences psychologiques et écologiques. (cf le programme complet : www.congreshumanaevitae.org )
4/ Comme prêtre cela peut-il m’aider à trouver le ton juste en préparation au mariage ?
Ce Congrès est fait pour ça. Pour s’informer, se former et s’enrichir sur ce sujet délicat mais si beau, sur lequel, finalement, nous sommes très peu formés. Il y a même une table ronde prévue pour vous vendredi après-midi : Expériences pastorales. Idées à développer ! Car à l’évidence votre situation n’est pas facile. Vous êtes si souvent confrontés à des situations complexes, sans avoir toujours à portée d’esprit les éléments anthropologiques, théologiques et médicaux, et les retours d’expérience nécessaires pour pouvoir en parler aux couples avec aisance. C’est l’enjeu de ce Congrès : réannoncer la beauté et le caractère prophétique d’Humanae Vitae, nous aider à en cueillir toute la saveur, grâce notamment aux théologiens, aux médecins et aux couples qui interviendront, pour pouvoir ensuite participer à son annonce audacieuse et prophétique. Si Humanae Vite est effectivement la clef du respect de l’amour et de la vie humaine, l’enjeu n’est pas minime… Il est essentiel. Il est radical.
Toutes les infos (programme, inscription) sur www.congreshumanaevitae.org
Congrès en 4 langues, dont le français. Réservez votre date (et prévoyez votre billet d’avion et logement car le WE de l’Ascension est très chargé à Rome) !
Horaires du Congrès :
Vendredi 19 mai, 8h30-19h
Samedi 20 mai, 9h-13h
*Ce Congrès est organisé par la Chaire internationale de Bioéthique Jérôme Lejeune, en partenariat avec la FIAMC (Fédération internationale des Médecins catholiques), la FAFCE (Fédération des Associations familiales catholiques d’Europe), les AFC, l’Association des Amis du Pr Jérôme Lejeune, la Fondation Jérôme Lejeune, et plusieurs universités ou organisations internationales.
Eduquer la conscience dès l’enfance – revue de presse
RCF : La conscience : un chemin de croissance vers Dieu. Interview de Gabrielle Vialla par Yves Thibaut de Maisières
Radio Courtoisie : Libre journal de la transmission avec Valérie d’Aubigny (pour les abonnés de Radio Courtoisie)
Famille Chrétienne:
La Nef:

Enseignement Catholique Actualités:

TV Libertés:
En librairie, sur Amazon où vous pouvez feuilleter les premières pages, Fnac, la Procure, le Barroux, l’Emmanuel, Livres en Famille…
Voir la 4e de couverture
Affaire Philippe
Chers amis,
Je suis horrifiée par les faits relatés dans le rapport de l’Arche. Si je n’ai encore jamais parlé publiquement de ce scandale alors que je me suis exprimée sur d’autres, ce n’est pas par déni ou par indifférence face à la gravité et l’abject. C’est simplement qu’en raison d’une proximité avec les pères Philippe, j’ai été trop impactée. Comme je l’écris dans mon dernier ouvrage, j’ai fait dans ma vie personnelle un long travail pour démêler ma foi au Christ, des scories qu’on y a adjointes.
À toi l’ami qui est écœuré ou qui a été proche par le sang ou par l’emprise d’un prêtre abuseur, si tu le permets, je te fais cette supplique: ne te laisse pas couper pas les ailes. Ne nous laissons pas couper les ailes !
Certes, comme moi, il y a peut-être du plomb en elles. Nous l’avons compris dans la douleur: Dieu n’a pas besoin de nous. Parce qu’Il est Dieu. Le Sauveur c’est le Christ. Seulement, voilà, dans sa délicatesse, Il nous appelle, quémande notre vol, nous fortifie. À notre tour, nous ne jouerons pas à l’Aigle. Ceux qui ont cru l’être, dans leur arrogance, ont pour d’autres masqué le Soleil. Nous, notre ambition c’est juste de nous dorer les ailes. Nos blessures, les réchauffer à Son amour. Avec Lui, n’ayons plus peur de notre liberté d’enfants adoptifs du Père (Mt 23,9).
Comptant sur votre aide maternelle, nous vous présentons nos misères, nous désirons vous rendre honneur et réparation, à vous Mère de Dieu, Immaculée Conception, toujours Vierge Marie.
Gabrielle Vialla
Veritatis Splendor pour 2023!
En ce début d’année, j’ai eu la joie profonde de me rendre avec mon époux à l’enterrement du bien aimé pape Benoît XVI. Nous y avons remercié Dieu pour toute la personne de Joseph Ratzinger, son enseignement comme son exemple.
Nous avons demandé pour nous-mêmes et pour vous tous, engagés dans l’apostolat de la famille et de la vie, des grâces de fidélité. Que nous ne nous laissions pas effrayer face à la désertification, à l’ampleur de nos tâches, de nos épreuves et de nos pauvretés.
De fait j’avais décidé d’accompagner ces traditionnels vœux de santé humaine et spirituelle par une évocation de Veritatis Splendor, encyclique dont nous fêtons l’anniversaire cette année, 1993-2023 !
Comme les spécialistes disent qu’on lit beaucoup Joseph Ratzinger dans cette admirable encyclique, il s’agit bien de ma part d’un hommage caché.
Mesurons nous le cadeau de l’enseignement de ces deux papes de l’éducation de la conscience que sont Jean-Paul II et Benoît XVI?
Le pape François, à son tour, nous demande très souvent d’exercer notre discernement. Cela est bien nécessaire pour l’attention à chaque personne et à chaque situation particulière. Il convient pour y arriver de garder le précieux héritage de ses deux prédécesseurs.
Voici ce que Jean-Paul II disait en 1993 lors d’une catéchèse pour présenter Veritatis Splendor:
« De tous les êtres du monde visible, seul l’homme ne se limite pas à exister, mais sait aussi qu’il existe, grâce à l’intelligence avec laquelle il « participe à la lumière de la pensée de Dieu ». Et c’est ainsi que saint Augustin a pu écrire : « Retourne à toi-même ; c’est dans l’homme intérieur qu’habite la vérité ».
Parmi les richesses de cette intériorité de l’être humain, un élément essentiel est la conscience morale. En elle se manifeste « une loi qui le pousse à aimer, à faire le bien et à éviter le mal » (Gaudium et Spes). Cette prise de conscience se situe au plus profond de la personne, là où s’enracinent non seulement la responsabilité morale, mais l’expérience religieuse elle-même. A ce propos, le Concile nous a rappelé : « La conscience est le centre le plus secret de l’homme, le sanctuaire où il est seul avec Dieu et où sa voix se fait entendre ».
Dans la récente encyclique Veritatis Splendor, lorsque j’ai réaffirmé la désirabilité et l’universalité de la loi morale, je n’ai pas manqué de souligner la valeur centrale de la conscience.
En réalité, la loi morale et la conscience ne sont pas des alternatives.
Comme toutes les choses humaines, même la conscience peut enregistrer des échecs, rencontrer des illusions et des erreurs. C’est une voix délicate, qui peut être submergée par une vie bruyante et distraite, ou presque étouffée par une longue et grave habitude du vice.
La conscience a besoin d’être cultivée et éduquée et la voie privilégiée de sa formation, du moins pour ceux qui ont la grâce de la foi, est la confrontation avec la Révélation biblique de la loi morale, interprétée avec autorité, avec l’aide de l’Esprit Saint, par le Magistère de l’Église.
Chers amis, si nous voulons un modèle de conscience mûre, tournons-nous vers Marie. […] Que Marie nous obtienne donc, par son intercession maternelle, une conscience vigilante et docile au souffle de l’Esprit divin. »
Je conclus en vous partageant simplement ma gratitude intérieure de voir paraître mon ouvrage sur la conscience ce 18 janvier 2023.
Je n’avais pas prévu ni cherché à commenter Veritatis Splendor en particulier. C’est a posteriori en découvrant cette catéchèse de Jean-Paul II que je peux rendre grâce. Il se trouve que providentiellement, elle illustre vraiment le sujet.
En attendant, je l’espère, que les théologiens, les philosophes, et les pasteurs nous offrent à leur tour de plus savants et profonds commentaires… surtout que Veritatis Splendor ne soit pas oubliée cette année !
Gabrielle Vialla
Santo Subito!
Recevoir le féminin est une expression de Joseph Ratzinger avant d’être le titre d’un de mes ouvrages. Benoît XVI est mort samedi matin à l’heure de la messe, en la veille de la Solennité de Marie, Mère de Dieu, et ce n’est pas un hasard mais bien un signe de la Providence.
Le regard que Benoît XVI porte sur Notre-Dame est tout monastique. Ce regard est d’abord distant et respectueux. Ces termes vous paraîtront peut-être froids. En réalité cette distance et ce respect sont l’écrin de la sensibilité afin d’envelopper dans le silence un amour ardent. Il ne s’agit jamais chez Ratzinger, de projeter sur la femme une image idéalisée, désincarnée, forcément réductrice et déformée, susceptible de faire perdre ses lettres de noblesse à la mariologie. Bien au contraire, il convient d’y mettre toute notre intelligence, au service de la foi.
Il ne s’agit pas pour Ratzinger de savoir ce que fait ou doit faire la femme, mais de ce qu’elle est pour Dieu. C’est en contemplant la foi de Marie, ce que Dieu nous donne par elle, que nous mesurons la profondeur de l’amour trinitaire.Les femmes de l’Ancien ou du Nouveau testament, comme les grandes figures féminines de l’histoire de l’Eglise, à l’instar d’Hildegarde de Bingen qu’il nous donna comme docteur ne sont pas éclipsées, ni réduites à de tristes copies. Au contraire, leurs personnalités riches et généreuses deviennent avec le pape Benoît XVI une source intarrissable pour la théologie de la femme. Recevoir le féminin n’est pas une mince affaire. C’est vers le Christ-Époux que nous devons nous tourner pour en saisir toute l’exigence.
Si par la biologie nous tenons du père d’être homme ou femme, avec le pape Benoît XVI, nous pouvons saisir comment la paternité spirituelle, respectueuse et distante, rappelle à ses enfants que nous recevons notre être de notre Père du Ciel et qu’après avoir bien travaillé à Le connaître et à L’aimer, nous devons tout Lui remettre.
Gabrielle Vialla
Éduquer la conscience dès l’enfance
Éduquer la conscience dès l’enfance, Gabrielle Vialla, vient de paraître aux éd. Artège
Dans tout casse-tête, une fois qu’on a la solution, c’est très facile. En amont, c’est une autre affaire. Il en va de même pour la question de la conscience. À l’âge adulte, nous nous sommes tous interrogés : Que dois-je à ma famille, à l’Église, à l’avis personnel ou simplement à la force de conviction de tel pasteur, de telle personne ? Qu’est-ce que je désire à mon tour transmettre ? Ou ne pas reproduire ? La solution pour y répondre est de s’intéresser à la formation de la conscience dès le premier âge.
S’appuyant sur une riche tradition, illustrée par de nombreux exemples, Gabrielle Vialla nous permet de comprendre l’œuvre de la conscience au quotidien et l’action que Dieu accomplit aux différents âges de la vie. Ayant manqué trop souvent d’enseignements clairs sur ce sujet, de repères solides et d’accompagnements bienveillants, de nombreux adultes percevront davantage leur responsabilité vis-à-vis des jeunes générations.
Et si la conscience, le premier de tous les vicaires du Christ selon les mots du cardinal Newman, devenait notre meilleure alliée éducative ?
21 x 13 cm, 224 p. ISBN 979-1033613763, 16.90 €
En librairie, sur Amazon où vous pouvez feuilleter les premières pages, Fnac, la Procure, le Barroux, l’Emmanuel, Livres en Famille…
On en parle dans Famille Chrétienne, la Nef, sur TV Libertés, Radio Courtoisie, RCF Belgique; dans deux séries d’émissions « Des clés pour vivre » sur Radio Présence.
Voir le plan de l’ouvrage ; une interview
Webinaire le 9 mars 2023 qu’on peut revoir en s’inscrivant ici. Code invité : ENFANT
16 janvier 2023 : La Chasteté pour le Royaume
Journée ouverte à tous les prêtres, organisée par l’abbé Bruno Bettoli (Versailles), Gabrielle et B Vialla.
La journée a lieu à la maison paroissiale Mamré, 97 Avenue Gaston Boissier, 78220 Viroflay. à 500m de la gare Viroflay Rive Gauche, ligne N (Montparnasse) et RER C
OU bien : à distance via Zoom (nécessite un ordinateur avec idéalement une webcam, ou un smartphone).
Inscriptions : bruno.bettoli@catholique78.fr et 06 98 04 21 86
Merci de vous inscrire également si vous assistez en ligne.
Lundi 16 janvier 2023, de 9h à 17h.
Libre participation aux frais de la journée – Déjeuner sur place
Messe possible à 17h15
L’éléphant est dans la pièce!
D’une affaire à l’autre, je cherche un petit mot dans les communiqués, et je lis ceci : « Ce que nous découvrons de quelques-uns de nos frères nous appelle à nous examiner, cela nous a été rappelé, sur notre rapport au pouvoir, aux biens, à notre ministère, à chacune des personnes avec qui nous agissons. » Mgr de Moulins-Beaufort, 8 novembre 2022
Chers frères évêques, je pose tout haut la question: personne ne vous a-t-il rappelés à vous examiner sur votre rapport à la sexualité ?
Comme parents laïcs qui éduquons patiemment nos adolescents avec leurs portables et leurs désirs compliqués… quand on nous parle de « strip-confession » et d’agression sexuelle, nous comprenons vite qu’il y a un sujet à traiter : la sexualité. C’est l’éléphant dans la pièce !
Comment ne pas interroger et rappeler chacun à l’éducation de sa conscience ? Comment pourrions-nous nous passer de la responsabilité personnelle dans un monde aux profondes mutations anthropologiques ?
Les actes répréhensibles ne sont pas posés par une fonction (prêtre ou évêque, même si celle-ci aggrave l’abus) mais par un être humain. Chaque victime est aussi une personne unique.
Dans la mesure du possible, quels éléments humains et de catéchèse sont-ils donnés largement pour que les adolescents, les jeunes adultes, les familles, mais aussi les prêtres discernent en matière de sexualité ce qui est juste ou non, puissent enfin dans le pire des cas dénoncer rapidement les abus subis ? Les délais – plus longs que ceux de la prescription judiciaire – pour que les faits soient révélés ou traités laissent songeurs sur l’ampleur du travail à fournir.
C’est bien de revoir les procédures. C’est bien de reconnaître et de demander pardon. Mais ce n’est pas suffisant. Il convient d’admettre enfin une évidence. Il y a eu une autre grave démission ecclésiale collective: l’abandon d’une catéchèse cohérente et adaptée sur la sexualité humaine.
Mais le pire, c’est que l’on préfère encore chuchoter dans l’entre-soi : « ce prêtre là, il s’occupe un peu trop de ce sujet! » « Il vaut mieux ne pas trop s’afficher en faveur de telle oeuvre éducative » « Le mot chasteté c’est bien trop compliqué, personne ne va le comprendre ».
Pourtant, chaque chrétien devrait pouvoir répondre à cette question : à quelle anthropologie fondamentale(*) est-ce que j’adhère personnellement ? Quels moyens humains et spirituels est-ce que je prends pour être fidèle à mes engagements?
N’est-ce pas cela la véritable maturité?
C’est bien trop facile de noyer la responsabilité personnelle derrière les décisions collectives.
L’éléphant est dans la pièce! Il marche manifestement avec nous dans le chemin synodal… espérons que des pauvres crient: il piétine tout! Même si les évêques n’entendent pas, le Dieu de miséricorde aura pitié d’eux. Le petit mot de chasteté existe toujours pour eux.
Gabrielle Vialla, auteur de la Chasteté, un don qui rend sa beauté à la sexualité
(*) on peut lire Familiaris Consortio 32
L’éducation de la Conscience dans la famille
Interview de Gabrielle Vialla, au sujet de son prochain ouvrage Éduquer la conscience dès l’enfance, à paraître début 2023
• Qu’est-ce que la conscience ? Pourquoi écrire sur ce sujet ?
J’aime penser que la Providence m’a conduit avec délicatesse à ce sujet. Tout d’abord, comme mère de famille, comment ne pas être sensible à la grande responsabilité de l’éducation ? Choisir le Bien pour nos enfants, s’émerveiller du Beau en famille, former chacun à la recherche du Vrai en respectant la personnalité merveilleusement unique de chacun de nos enfants est une aventure qui implique à la fois notre conscience d’éducateur et la formation de leur conscience. À chaque étape de la croissance de nos enfants, nous rencontrons de nouveaux défis. Mon livre contient de nombreuses histoires concrètes qui illustrent cela. En parallèle de ma vie de maman, l’apostolat de la régulation naturelle des naissances m’a préparée à ce sujet. Les époux ont de redoutables cas de conscience à affronter ensemble, ou malheureusement dans la solitude. Ces sujets sont souvent traités indépendamment de l’éducation de la jeunesse, alors que l’expérience m’a montré les implications de nos choix personnels dans notre progéniture. Enfin dans ma vie personnelle et mon histoire familiale, j’ai désiré purifier en moi l’héritage spirituel reçu dans mon enfance, mon adolescence et mon jeune âge adulte. Tout bon éducateur se retrouve à un certain moment face à cette question plus ou moins difficile à résoudre de ce qu’il convient ou non de transmettre. Relire son histoire dans l’amour de la vérité c’est aussi pour moi entendre l’impératif du Christ à Le préférer à tout (Matthieu 10,37). Il est douloureux mais indispensable de lâcher les éventuelles erreurs des schémas éducatifs, afin de grandir en liberté et d’aider autrui à s’élever. Car éduquer c’est élever ! Ensuite, seulement, les parents peuvent s’effacer devant la conscience éduquée qui doit continuer à se former elle-même avec persévérance. Il n’y a véritablement qu’au terme de notre vie, du long processus que vit notre conscience, que nous pourrons vérifier notre assentiment plénier à notre Créateur, à Celui pour lequel notre cœur est fait. Notre conscience nous y prépare. Tel est son rôle ! Voici ma définition de la conscience : elle est ce qui, caché en nous, lorsqu’elle est droite et bien formée, nous prépare à connaître Dieu. Nos générations, qui sont face à une longue déchristianisation de notre pays, comme à de douloureuses révélations, doivent à mon avis redécouvrir et aspirer à la beauté de la conscience droite et bien formée. L’enjeu est essentiel autant pour la persévérance dans la foi des adultes que pour l’éducation de la jeunesse qui se construit dans un climat social souvent peu enthousiasmant. Ne craignons pas la conscience mais recevons-la comme une merveille étonnante !
• Comment la formation de la conscience est-elle indispensable à l’éducation intégrale de la personne humaine ?
La conscience nous unifie en quelque sorte, dans ce lieu et ce travail silencieux plus intime à nous-même que nous-même. La conscience est ce que la Bible désigne comme le cœur. Le saint cardinal Newman avait d’ailleurs comme devise la phrase de saint François de Sales « le Cœur parle au cœur ». On peut comprendre l’éducation intégrale comme le don gratuit de l’exemple et de la parole d’une conscience formée vis-à-vis d’une conscience qui se laisse former. Sainte Teresa de Calcutta enseignait aux supérieurs que l’on obtient plus par la douceur que par le rappel à l’obéissance. Elle était pourtant bien exigeante dans le service de la charité, mais elle savait que le meilleur moteur pour la croissance dans la vertu c’est l’amour. Aux sœurs fatiguées, elle conseillait plus de prière. Je ne pense pas que cela soit le seul conseil à donner aux parents éducateurs fatigués, mais c’est certainement un bon début. Il s’agit de commencer à ajuster sa propre conscience à celui qui seul sait Aimer.
• Quelle différence entre le sens moral et la conscience ? Quels sont les liens entre conscience et foi ?
Le sens moral, discernement et choix du bien et du mal, n’est qu’une partie restreinte de la conscience, laquelle parcourt en fait le vaste champ de toute notre existence. Réduire la conscience au seul sens moral, dans le contexte sécularisé qui est le nôtre, risque fort de mener au subjectivisme et au volontarisme, et de faire percevoir la conscience comme totalement autonome, comme une simple recherche du bien, mais en dehors de la relation de l’être avec Dieu.
Lorsqu’on choisit d’écouter sa conscience et de la former, on vit de fait un chemin de purification dans la foi – pour ceux qui ont reçu ce don – ou une préparation à ce don par une vie droite. L’Auteur de la nature est aussi celui de la grâce. Il nous a créé corps, âme et esprit, doué d’intelligence et de volonté. Comment il a tout prévu dans Son Amour, sa pédagogie : voilà ce qui me passionne. Au cœur de cette pédagogie, il a placé en nous, un lieu, un temple où Il nous parle, quand nous apprenons à L’écouter. Dans l’intime de la conscience, chacun est face à son Créateur. Pour certains il reste le grand Inconnu, pour d’autres il est caché derrière le voile de cette vie présente, mais il est là !
• Comment réveiller notre conscience ? Pourquoi n’est-ce pas inné ?
Dieu n’a pas voulu pour nous une conscience prête à l’emploi. C’est un fait ! De même qu’il a permis que nous vivions une croissance corporelle de notre conception à notre taille adulte, à notre maturité cérébrale qui intervient plus tardivement encore, il a permis que notre vie morale et spirituelle nécessite aussi une éducation. Rien n’est uniforme. Nous pouvons vivre des progrès, des régressions, des lassitudes, des endurcissements aussi. Notre éducation, ou son absence, a comporté des forces mais aussi d’inévitables déformations. Nous avons la possibilité de refuser le bien, de ne pas rechercher la vérité. Mais Dieu nous a aussi donné de grands secours avec l’Église, ses sacrements, ses témoins, Sa Parole qui nous nourrit. Nous pouvons contempler comment tout ceci s’articule et se conjugue pour notre bien.
• Devons-nous redécouvrir la puissance de l’examen de conscience dans notre croissance personnelle ?
L’examen de conscience est une tradition précieuse et belle de l’Église. Il est un prélude indispensable à la réception du sacrement de la réconciliation puisque nous y allons pour confesser nos péchés. Les moines, moniales et religieux le pratiquent chaque jour. Il serait bon qu’il soit redécouvert dans les familles. Mais il nous faut aussi admettre que certains usages rigides ont pu décourager voire repousser certaines personnes. Nous devons toujours bien rappeler à nos enfants que l’examen de conscience se vit dans une relation d’amour et de confiance en la bonté du Père Céleste, en l’assistance de l’Esprit Saint, le regard fixé sur la personne de Jésus. C’est une rencontre personnelle de la conscience avec Dieu, qui se nourrit de la lecture assidue des évangiles. Les éducateurs ou parents ne doivent jamais profiter de l’examen de conscience pour chercher à obtenir tel ou tel comportement d’un enfant.
• Comment accompagner les jeunes qui sont surexposés aux images et aux vidéos qui déforment et détruisent la conscience ?
J’aborde ce sujet dans mon ouvrage, mais je commence la formation de la conscience dès la toute petite enfance. La formation de la conscience doit commencer au berceau, et nous ne devons pas nous-même y renoncer à l’âge adulte, ni nous relâcher sous prétexte d’une certaine fidélité acquise. L’écoute persévérante de sa conscience est contagieuse pour autrui. Les jeunes sont sensibles aux éducateurs qui se convertissent eux-mêmes, en particulier – puisque telle est la question – dans leurs rapports aux écrans, à la chasteté.





















