« Plus une âme sera consacrée à Marie, plus elle le sera à Jésus-Christ. » Saint Louis-Marie Grignion de Montfort
Jeudi 7 octobre
« Marie étant de toutes les créatures la plus conforme à Jésus-Christ, il s’ensuit que, de toutes les dévotions, celle qui consacre et conforme le plus une âme à Notre-Seigneur est la dévotion à la Très Sainte Vierge, sa sainte Mère, et que plus une âme sera consacrée à Marie, plus elle le sera à Jésus-Christ. » Saint Louis-Marie Grignion de Montfort
« Voici ta mère. » (Jn 19, 27)
Je suis tout à vous, Marie, et tout ce que j’ai est à vous. Soyez près de moi, Vierge Immaculée, quand je découvre l’horreur et l’étendue du mal qui abîme l’Église de votre Fils, par les graves péchés de religieux et de prêtres. Qu’à l’image de Saint Louis Marie, les prêtres et les consacrés de notre pays n’oublient jamais de déposer leurs combats intérieurs dans votre Cœur de Mère, de consacrer tout ce qu’ils sont à Jésus par vous, ô Marie porte du Ciel, et qu’ils nous aident à faire de même.
Vierge Marie, merci pour votre présence et votre amour maternels envers les prêtres que je connais. Merci d’aimer autant mon pays, ses saints si nombreux que vous avez guidés, ses lieux merveilleux que vous avez visités : Lourdes, Pontmain, Pellevoisin, La Salette, L’Île-Bouchard, Paris…
Dire une dizaine de chapelet.
Notre Dame du Rosaire, priez pour nous.
Marie qui gardez la chasteté des prêtres, priez pour nous.
« Cette échelle pour monter au ciel, prière mentale et prière vocale, sont les deux ailes que le Rosaire de Marie offre aux âmes chrétiennes. » Bienheureux Jacques Laval
Mercredi 6 octobre
« Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. » (Mt 11, 28)
Vierge Marie, prenez pitié de nos contemporains qui ne reçoivent plus le mariage entre un homme et une femme comme un don de Dieu et le lieu d’une sexualité ouverte à la vie.
Jacques Laval, premier bienheureux de Jean-Paul II, médecin devenu prêtre missionnaire, s’est montré soucieux de marier les couples qui vivaient en concubinage, annonçant à tous la beauté de ce sacrement dans son lien indissoluble avec la vie.
Qu’à l’exemple de ce pasteur d’une grande bonté, les prêtres ne se découragent pas devant l’indifférence affichée de nos contemporains, qu’ils sachent susciter à leurs côté des collaborateurs laïcs actifs, capables de les épauler dans cette part difficile mais si importante de leur ministère, au service de la famille et de l’évangélisation de la sexualité humaine.
Marie qui gardez la chasteté des prêtres, priez pour nous.
Dire une dizaine de chapelet.
« Seigneur, tirez-nous après Vous, faites-nous la grâce de suivre votre exemple et de regarder toutes choses comme Vous les regardez. » Saint Vincent de Paul
Mardi 5 octobre
« Je suis doux et humble de cœur » (Mt 11, 29)
Vierge Marie, intercédez auprès du Père afin qu’il accorde à nos pasteurs le don d’un cœur compatissant à toutes les misères, en particulier celles qui sont liées à la sexualité. Qu’à l’exemple de Saint Vincent de Paul, les fidèles laïcs et les pasteurs ne restent pas fascinés de loin par le malheur des autres. Donnez aux évêques et aux supérieurs le courage d’aller à la rencontre des victimes de la pédophilie, d’entrer dans leurs maisons, de s’approcher aussi de leur entourage durablement meurtri par ce crime. Que tous puissent expérimenter la sollicitude paternelle des pasteurs et ne jamais se sentir abandonnés d’eux.
Tendre Mère, que le bombardement médiatique ne me fasse pas oublier mes responsabilités, qu’il ne me dédouane pas du devoir de la compassion devant mon prochain qui souffre, celui avec qui je vis, celui avec qui je travaille.
Marie, priez pour nous le Seigneur afin que les victimes des abus sexuels soient reconnues comme telles, qu’on leur rende justice, et qu’elles puissent garder dans leur vie le trésor de la foi.
Marie qui gardez la chasteté des prêtres, priez pour nous.
Dire une dizaine de chapelet.
« Ne croyez pas ceux qui vous disent que la chasteté est dépassée » Saint Jean-Paul II
Lundi 4 octobre
« Celui qui fait la vérité vient à la lumière. » (Jn 3, 21)
Vierge Marie, veillez sur le cœur des prêtres et gardez en eux l’élan de la jeunesse ; qu’ils ne désespèrent jamais de la miséricorde que Dieu a pour eux et pour nous.
Qu’à l’image de saint Jean-Paul II, ils sachent annoncer à tous et spécialement aux jeunes, combien Jésus les aime, avec un enthousiasme communicatif sans jamais édulcorer les exigences de l’Évangile.
En la fête de saint François d’Assise, Seigneur nous te prions spécialement pour le pape François.
Marie qui gardez la chasteté des prêtres, priez pour nous.
Dire une dizaine de chapelet.
Pourquoi une neuvaine à Marie qui garde la chasteté des prêtres ?
À quelques jours de la remise du rapport Sauvé, laïcs catholiques, pouvons-nous rester spectateurs de l’inévitable ébranlement dans la foi que la réalité des faits rendus publics va de nouveau susciter ?
Nous n’avons pas à choisir entre :
– écouter et prier pour les victimes afin qu’elles trouvent compréhension et réconfort, qu’elles soient reconnues mais aussi que justice soit faite
– témoigner d’un assentiment à l’enseignement moral de l’Église tel qu’il est donné dans le Catéchisme de l’Église Catholique
– supplier pour les prêtres et prier pour que des efforts soient faits aujourd’hui en faveur de l’éducation à la chasteté.
Il est possible d’unifier ces trois attitudes intérieures et extérieures. Certains veulent nous faire croire qu’aimer et rendre compte de l’enseignement de l’Église est une injure aux victimes. C’est faux ! Certainement des bourreaux se sont servis d’ « éléments de langage » catholiques et de leur réputation d’aimer l’Église mais cela n’a rien d’étonnant puisque c’est le propre du démon de nous captiver avec un simulacre du bien. À la suite de Benoit XVI, sur le plan historique nous avons à contempler comment l’Esprit Saint a aussi suscité par l’enseignement du Magistère un développement anthropologique, doctrinal et spirituel toujours plus fin et ferme concernant la chasteté, le lien indissociable entre la sexualité et la vie. A t-il été reçu à la mesure de ce que cela impliquait ? Les laïcs de la génération Jean-Paul II doivent enfin reconnaître le murmure de leur conscience, percevoir qu’aimer les victimes et les prêtres c’est tout tenir.
En ce mois du Rosaire, nous pouvons nous tourner vers Marie, qui garde la chasteté des prêtres, qui garde la chasteté de chacun d’entre nous. Si des prêtres ont gravement gravement failli, d’autres à la suite de saint Paul ont pu dire « J’ai mené le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi »
Il sera proposé, sur ce site et des sites amis, de contempler chaque jour du 4 au 13 octobre un saint prêtre, aujourd’hui au balcon du ciel donc non susceptible d’être déformé par notre vénération, et d’invoquer Marie qui garde la chasteté des prêtres.
Gabrielle Vialla
PS: Cette neuvaine fait écho à la neuvaine de Marie qui garde les prêtres que vous pouvez trouver aussi ici.
La Chasteté reçoit le prix Saint Jean-Paul II pour la Famille, l’Amour et la Vie
En présence de Mgr Matthieu Rougé, évêque de Nanterre,
Xavier Blandin, Président de L’Institut pour la Famille en Europe,
Guillaume d’Alançon, Président du Prix Saint Jean-Paul II pour la Famille, l’Amour et la Vie
ont la joie de vous inviter à la remise du Prix Saint Jean-Paul II pour la Famille, l’Amour et la Vie
Mercredi 29 septembre 2021 à 20h30
Chapelle de l’Espace Saint Pierre – 121, avenue Achille Peretti – 92200 Neuilly-sur-Seine
Le Prix sera remis :
. section Essai à Gabrielle Vialla, « La chasteté un don qui rend sa beauté à la sexualité », Artège
. section Témoignage à Godefroy de Bentzmann, « Reste avec nous », Mame
. section Création artistique à Anthony Devlin, « Icon », court métrage
Ayant la grande joie de recevoir, pour La Chasteté, le prix saint Jean Paul II décerné par l’Institut pour la Famille en Europe, pour la section essai, à quelques jours de la remise des prix j’ai lu l’autre livre primé Reste avec nous de Sophie et Godefroy de Bentzmann avec le père Paul Habsburg. J’y découvre quelques pépites que je vous confie ici.
L’un des chapitres s’intitule « Dieu est un Dieu des signes ». Cela résonne pour moi avec ce prix pour deux raisons; la première est qu’il me fut annoncé le 25 mars, puis après plusieurs changements dus à la crise sanitaire ou politique du Covid il va m’être remis le 29 septembre. Ces deux dates sont importantes pour moi. J’ai toujours considéré avoir deux fêtes, pour honorer mon saint patron l’archange Gabriel et sa mission d’annonce de la Vie. L’autre raison est qu’en ce moment, nous prions avec mon époux, et l’abbé Bettoli qui nous accompagne dans la mise en place des journées pour les prêtres au service de la vie et la chasteté à cette intention particulière. Et j’ai lu aujourd’hui cette page magnifique du père Paul Habsburg, co-auteur qui a accompagné le couple. « On parle souvent du mariage comme d’un chemin « normal » mais pas comme d’un chemin d’excellence. Et ce chemin d’excellence trouve son fondement, entre autres, dans l’Alliance. En cheminant avec Sophie et Godefroy, j’ai commencé à comprendre cette Alliance voulue par Dieu et le regard de Dieu sur le couple. Et le fait que Dieu est fidèle à son Alliance. À travers cette découverte, c’est aussi mon sacerdoce et ma mission auprès des couples qui ont été transformés : parce que j’ai vu la fidélité de Dieu dans la souffrance de Sophie et de Godefroy, j’ai vu que Dieu était plus fort que cette souffrance, et qu’il pouvait faire de toute chose mauvaise, difficile, compliquée, ou pénible quelque chose de très grand. J’en avais l’intuition ; aujourd’hui j’en ai la certitude : Dieu vaincra. »
Voilà ce que nous-même dans l’apostolat de la régulation naturelle des naissances, ou de la vie, avons vécu comme témoins privilégiés. Quand le prêtre s’approche et reçoit nos difficultés, nos combats et nos tentations, ou ceux des couples que nous avons accompagné, parce que Jésus le lui demande dans son ministère, alors lui-même grandit. Il se fait comme un échange admirable de grâces entre les vocations. Voilà pourquoi de nouveau nous vous invitons à prier pour nos journées et à inviter (ou à venir si vous êtes prêtre) le 22 novembre.
Et puisque Guillaume d’Alançon a la bonté de recevoir tous ceux d’entre vous qui le désirent, voici aussi l’invitation à cette remise des prix le 29 septembre !
Annoncer la chasteté, une urgence !
paru dans Notre Église n°125, journal du diocèse de Bayonne
Le mot Chasteté ne plaît guère. On lui associe, à tort, la continence pour tous ou encore une morale étriquée, faite de seuls préceptes négatifs. Pourtant, toute personne aspire à l’harmonie entre son corps, son esprit, sa sexualité et son affectivité. Par Gabrielle Vialla
Dès la jeunesse, chacun peut percevoir en lui-même des dissonances, des difficultés à se donner, à ne pas accaparer l’autre pour soi. Puis, les histoires personnelles accumulent souvent les déceptions et les désillusions, des lassitudes et des regrets.
Saint Augustin, avec sa profonde connaissance de la nature humaine, nous enseigne que la chasteté est en réalité ce qui nous recompose : elle nous ramène, écrit-il, à cette unité que nous avions perdue en nous éparpillant. Ce regard positif renverse la perspective. La chasteté d’abord perçue comme contraignante devient le seul moyen d’accéder à la liberté. Marqués par le péché originel, l’homme et la femme gardent en eux un profond désir de vérité sur eux-mêmes. Dès la première expérience du péché, dans le livre de la Genèse, Dieu les protège d’eux-mêmes, par le don extérieur du vêtement, et celui, intérieur, de la pudeur. Mais la pudeur, notre époque n’en veut pas davantage. Elle refuse de respecter ce corps fini et d’espérer le plein accomplissement de la Rédemption, dans la gloire du Ciel1 .
La chasteté exclut de chosifier autrui, de mettre la main sur lui. Il me semble aussi que le concept de chasteté se dérobe toujours un peu à l’intelligence. Car la chasteté, avant de se comprendre intégralement, se contemple dans la personne du Christ. On ne la possède pas entièrement car elle touche au corps, à la sexualité, aux désirs, aux méandres de l’inconscient, à notre finitude…
LA FINALITÉ DE LA CHASTETÉ EST LE DON TOTAL DE SOI PAR AMOUR.
Voilà comment saint Jean-Paul II, par une formule elliptique et pédagogique peut nous dire que « la chasteté c’est vivre selon l’ordre du cœur. » Il nous prévient, par la même occasion, d’une terrible erreur qui serait de rechercher la chasteté pour elle-même, comme une maîtrise orgueilleuse de soi, un exercice psycho-corporel, qui ne tiendrait pas compte du cœur, afin de ne dépendre de personne en quelque sorte. Ce serait un simulacre, une inversion, car la chasteté n’est pas l’autonomie vis-à-vis de Dieu et de sa volonté sur nous.
LA CULTURE ACTUELLE PRÉSENTE LA VIE HUMAINE COMME UN MATÉRIAU NÉCESSITANT UN STRICT CONTRÔLE DÈS SA CONCEPTION.
Il s’agit de s’en prémunir par la contraception, voire l’avortement, ou bien, au contraire, de la faire advenir par la procréation artificielle, sans le respect de l’union des époux dans sa signification indissociablement unitive et procréative. La crise de la covid 19 nous démontre, si c’était nécessaire, combien l’hygiénisme, le déterminisme ont envahi nos existences occidentales. Un certain déni des besoins de l’âme et de l’esprit, jusqu’à la possibilité d’une dictature sanitaire qui ne protège que la vie nue, n’est plus de l’ordre du fantasme. Les projets de loi actuels autour de l’euthanasie rappellent enfin à tout observateur à quel point la vie est comprise par les pouvoirs publics dans son expression la plus étroite.
Une culture où la chasteté n’a plus de sens, où le corps est sa propre finalité, devient une société monstrueuse pour les plus vulnérables. Voilà pourquoi Jean-Paul II l’a si bien définie comme une « culture de mort ». Pendant une génération, on a malencontreusement répété que la défense de la vie de la conception à la mort naturelle relevait de la seule morale naturelle, que la foi devait être annoncée dans un silence abusivement qualifié de prudent sur les questions dites sociétales. On a ensuite voulu défendre le mariage entre un homme et une femme sans parler du sens chrétien de la sexualité humaine et de ses finalités.
Aujourd’hui, M. Houellebecq observateur cruel peut ainsi annoncer, à propos de l’euthanasie : « Les catholiques résisteront de leur mieux, mais, c’est triste à dire, on s’est plus ou moins habitués à ce que les catholiques perdent à chaque fois. » Aucun de ces sujets n’échappe pourtant à la chasteté. Que l’écrivain souvent scabreux ne l’ait pas vu, passe encore, mais que le peuple de Dieu et ses pasteurs continuent à l’ignorer, voilà la vraie détresse spirituelle, éducative et culturelle.
LA VALEUR SACRÉE DE LA VIE HUMAINE
La culture de vie ne peut que reconnaître, faire aimer le corps et la sexualité dans leurs limites voulues par Dieu pour notre bien. Nos grands désirs de don de nous-mêmes par nos corps se heurtent à nos médiocrités intérieures, à nos petits intérêts calculateurs. Seule l’adorable chasteté de Jésus peut nous rendre l’espérance. L’offrande de nous-même encore emmêlée dans l’opacité du monde actuel, c’est Lui qui la présente au Père. Sa mort et sa résurrection ont déjà vaincu la mort. Notre victoire est déjà là. Voilée mais là, par la foi… n’en déplaise à Houellebecq.
La profonde crise anthropologique que nous vivons devrait inciter à faire de l’éducation à la chasteté une priorité au sein de nos familles et un vrai sujet de pastorale. Dans une société qui promeut autant la culture de mort, nous avons besoin de petites oasis, de lieux où les personnes désirent vivre la chasteté, parce que la chasteté, à laquelle tout cœur aspire, dans le fond, est en réalité contagieuse.
1- La définition la plus complète de la Chasteté est celle du Catéchisme de l’Église catholique : « La chasteté signifie l’intégration réussie de la sexualité dans la personne et par là l’unité intérieure de l’homme dans son être corporel et spirituel. »
Le droit de vote pour la femme au synode : une réponse à l’éclipse du féminin ?
La baisse dramatique des vocations sacerdotales inquiète fortement l’institution. Tout le monde le sait et explique telle ou telle décision concernant les fidèles laïcs hommes ou femmes à l’aune de ce constat.
Mais il est un autre problème de fond qui lui, reste très largement sous-estimé : qu’en est-il de la disparition des signes de ce qui est spécifiquement féminin, chez les catholiques occidentaux ? Qui s’alarme aujourd’hui de l’effacement du féminin, bien réel, et mal compensé par un discours sur la « place des femmes » ? Un petit et rapide bilan s’impose.
Tout d’abord, il faut rappeler que l’un des premiers facteurs de l’éclipse du féminin est le recours généralisé à la contraception hormonale, voire à l’avortement. Aujourd’hui, le cycle féminin est ainsi gommé chez une majorité de femmes pratiquantes. Les répercussions relationnelles et spirituelles de cet état de fait, pourtant prophétisées par Paul VI dans Humanae vitae, n’ont été que rarement mises en lumière. Premièrement, le recours massif aux hormones par la majorité des femmes efface chez elles la richesse (psychologique, physiologique, spirituelle) induite par les variations naturelles du cycle[1], et qui fait leur spécificité par rapport à l’homme. Deuxièmement, et c’est en partie un corollaire du premier point, la baisse de la natalité entraîne dans la majorité des paroisses occidentales une démographie vieillissante, avec une disparition des signes visibles de la maternité que sont la grossesse, et l’allaitement.
Ensuite, il suffit de se replonger dans un bon film avec Louis de Funès, ou de regarder les photos « d’époque » dans les sanctuaires mariaux : ces témoignages d’un passé qui n’est pourtant pas si lointain nous rappellent cruellement le départ des religieuses en habit. Une simple réplique du gendarme à St Tropez illustre encore le poids éducatif et social des fameuses « sœurs » dans les années soixante : « Vous priez mon fils ? – Ben non… euh… oui… que Dieu nous ait en sa sainte protection ! »
Il est important de rappeler ces vérités, car en regard, d’autres réalités peuvent nous donner le sentiment exactement inverse, à savoir que les femmes sont bien présentes, voire trop présentes. Aujourd’hui, les assemblées dominicales sont davantage composées de femmes que d’hommes. Les conseils paroissiaux sont majoritairement féminins. Les services dans les paroisses sont le plus souvent assurés par les femmes. Les contributions et la participation effectives des femmes sont, au moins, aussi importantes que dans les années soixante. Certains y voient une féminisation. Mais cette situation n’est pas exempte de tensions. Le besoin de reconnaissance des dames s’en trouve augmenté. Beaucoup de pasteurs souffrent de ne travailler pratiquement qu’avec des femmes. Un cercle vicieux s’installe, entre revendication et aigreur du côté féminin, rejet silencieux et culpabilité du côté masculin ecclésial. Non seulement, cela ne corrige en rien la perte du féminin que nous évoquions plus haut, mais cela empêche la prise de conscience. Il faut pourtant le dire clairement : il n’y a rien de spécifiquement « féminin » dans ces engagements paroissiaux ; rien d’autre que le fait que c’est, basiquement, une femme qui exécute tel ou tel rôle ou fonction. Que les paroisses comptent de très nombreuses femmes qui tiennent des postes n’aide pas tout-un-chacun à comprendre que peu de femmes reçoivent leur vocation et leur place non seulement comme une grâce et un don insigne – ce qui est déjà beaucoup – mais aussi comme spécifique et irremplaçable. En particulier par la gratuité d’une féminité et d’une maternité plus chronophage et énergivore que ne le sont les efficaces masculinité et paternité. Ce qui dans la vocation de la femme est unique et indispensable pour la vitalité de la foi, s’amenuise, s’évanouit, en bien des endroits[2].
Quelques réactions au manifeste sur la vocation du féminin m’ont rappelé à quel point les femmes, dans l’institution catholique, s’estiment peu. Certaines se sentent même humiliées. Quelques-unes m’ont parlé de corvées, de nécessaire rééquilibrage entre hommes et femmes. On m’a montré à quel point il fallait valoriser les contributions des femmes, aussi douées que les hommes. Dans ma naïveté, je présumais que la dignité de la femme était égale à celle de l’homme, que la contribution indéfectible de la femme dans la propagation de la foi, au sein de l’Église, depuis l’Évangile était une lapalissade. Que nenni. Dire que la femme contribue, participe : voilà l’urgence.
Dans ce contexte, le droit de vote de l’une d’entre elles au synode est énoncé comme la nouvelle « bonne nouvelle ». On découvre que la femme est capable. Le fait qu’on y voit une évolution nécessaire, presque une « révélation », est significatif du malaise. Jusque pour l’intéressée elle-même. Sr Nathalie Becquart déclare, ainsi, immédiatement après sa nomination comme sous-secrétaire au synode : « Cela tombe sur moi mais je le reçois aussi comme un signe de confiance pour les femmes dans l’Église. » Le sous-entendu est terriblement méprisant pour l’institution. Cela consonne avec les autres déclarations lues ici ou là qui vantent une porte ouverte, un progrès. J’y vois, pour ma part, un consensus pour répondre à la supposée misogynie passée de l’institution. C’est peut-être davantage l’aveu d’une humiliante condescendance actuelle. En effet, s’il fallait, comme certaines l’exigent, que les femmes soient représentées par une femme, que serait une voix face à des centaines d’autres voix ? Mais bien plus grave, une grande confusion entache la foi elle-même. Rappelons que le Père Céleste a fait tellement confiance à la femme, qu’Il lui a confié son propre Fils à l’état de première cellule et que le Ciel et notre Salut furent suspendus au oui d’une jeune fille. On peut continuer longuement avec l’Évangile, puis l’histoire de l’Église… jusqu’au pape François lui-même qui a institué la fête de Marie, mère de l’Église, réaffirmant ainsi ce que la hiérarchie ecclésiale masculine doit à la femme. On pourra faire tous les aggiornamentos que l’on voudra, il restera pour nos contemporains un point d’achoppement : Dieu a choisi d’envoyer son propre Fils, un homme, pour sauver la femme (et l’homme certes).
Notre époque est profondément ébranlée par son rejet de l’anthropologie biblique. L’Église, à l’instar de la famille (église domestique), souffre des profondes fragilités relationnelles entre les hommes et les femmes. Les pasteurs comme les fidèles laïcs recherchent confusément une altérité constructive et une effective complémentarité de l’homme et de la femme. Oui l’éclipse du féminin est cruelle. On tâche d’y remédier, mais dans une grande méprise du réel besoin.
De même qu’à la faveur de la covid 19, nous prenons conscience que la vie nue n’est pas la plénitude de la vie, ni le désir d’une personne unifiée corps-âme-esprit, de même nous avons à découvrir que la complémentarité de l’homme et de la femme, si elle suppose la différence physiologique, ne s’y réduit pas. Promouvoir une femme, parce que femme, ne garantit pas la fécondité intellectuelle, spirituelle liée au féminin. C’est à partir de l’intériorité, de l’intime de l’être seulement, que les répercussions de la complémentarité effective entre féminin et masculin s’intègrent, en vue d’une admirable fécondité. Cela n’a rien d’automatique[3]. Il nous faut choisir d’être avant de faire, de se recevoir de Dieu pour se donner. Les participations des femmes ne compenseront jamais la perte du sens du féminin dans la foi. Ceci fut admirablement décrit par le Cardinal Ratzinger : « La figure de la femme est indispensable à la cohérence de la foi biblique[4] ». Il convient de recevoir dans cette phrase lumineuse que c’est bien la figure de la femme (et non les contributions des femmes) qui est indispensable.
Notre époque ne laisse aux catholiques qu’une seule alternative : ou nous serons à la remorque des démocraties modernes paritaires, ou nous serons prophétiques. Nous pouvons nous perdre dans la confusion de l’autoréférence des choix individuels, jusqu’à l’apostasie, ou bien choisir d’entrer dans une plus grande gratitude de l’homme et de la femme créés à l’image de Dieu pour une vie en plénitude !
Gabrielle Vialla
[1] On peut lire mon ouvrage Bien Vivre le Cycle Féminin, éd. Artège, 2020.
[2] Sur la place de la femme dans la société et dans l’Église, on peut lire mon ouvrage Recevoir le Féminin, éd. Fécondité, 2018
[3] Voilà le travail de la chasteté. J’ai écrit un livre sur ce sujet : la Chasteté, éd. Artège, 2020.
[4] Cardinal Joseph Ratzinger, La fille de Sion, éd. Parole et Silence, 2002, p. 43.
Appel à approfondir la vocation de la femme
À l’occasion de la parution du Motu Proprio Spiritus Domini, nous, femmes catholiques, désirons faire reconnaître et aimer la beauté de notre vocation spécifique.
La question de la présence de la femme dans le sanctuaire, chez certains l’obstination pour le mariage des prêtres ou la prêtrise de la femme sont, pour nous, les symptômes d’une grave crise liturgique enracinée dans une crise anthropologique plus profonde encore sur la complémentarité de l’homme et de la femme. Tout catholique, quels que soient son état de vie ou son attachement liturgique, devrait se sentir concerné par ce profond malaise.
C’est à l’heure où l’on prend conscience du danger du cléricalisme, que paradoxalement on oublie que la femme est divinement écartée de la hiérarchie ecclésiale pour le bien de l’Église tout entière. Jamais jusqu’à aujourd’hui, la vocation de la femme n’a été représentée de façon si caricaturale, si appauvrie.
La tradition de laisser les femmes à l’écart de l’autel est très ancienne, on peut même dire originelle[1]; elle est présente aussi bien en Orient qu’en Occident[2]. Le christianisme qui a toujours enseigné l’égale dignité de l’homme et de la femme tout en maintenant l’exclusion des femmes du sacerdoce ministériel rappelle à tout être humain, masculin ou féminin, que la mesure de sa vocation est l’union à Dieu. Bien loin de diminuer la femme, l’Église dont la hiérarchie est masculine se présente ainsi comme l’Épouse.
Déjà dans l’Ancienne Alliance, Dieu passe par la femme de façon inespérée comme dans les livres de Judith ou d’Esther, pour délivrer son peuple. Par l’Incarnation, Dieu nous donne son propre Fils par la Vierge Marie. La pure réponse existe chez une créature : en elle, l’Amour de Dieu trouve sa demeure irrévocable. Homme ou femme nous avons une dette envers ce oui féminin. À la suite de cette réponse, la femme a dans le christianisme une liberté de parole et d’action qui lui est propre. Il n’est que justice de faire mémoire de quelques illustres figures telles Catherine de Sienne, ou Jeanne d’Arc mais aussi de reconnaître les discrètes interventions féminines jusque dans nos vies personnelles.
Il est d’usage dans les familles que les femmes plaident pour la paix. Or les concessions liturgiques faites au monde présent[3] éloignent l’une de l’autre les deux formes du rite romain.
Les jeunes générations dans notre société sécularisée aspirent à un apaisement des crispations liturgiques et à une collaboration des forces vives pour l’évangélisation.
Par ailleurs la femme est éducatrice. Nous souhaitons que nos enfants trouvent des repères clairs sur leurs vocations d’homme et de femme. Les petites filles ne doivent pas être incitées à un climat de lutte et de revendications. Elles ont à être encouragées à développer et à rendre compte de leurs talents et charismes propres. Elles doivent recevoir le fait d’être femme, pour ce que cela signifie : une grâce insigne !
Quant aux garçons, ils doivent être éduqués à la crainte de Dieu, au don désintéressé de soi, au respect et à l’admiration du corps humain féminin et masculin. On redécouvre aujourd’hui pour l’épanouissement de la personnalité la nécessité de lieux d’expression propres aux uns et aux autres. Garçons et filles doivent par ailleurs percevoir la valeur inconditionnelle de la féminité et de la maternité, confiées à la paternité et à la masculinité. Remettons ces sujets éducatifs cruciaux à saint Joseph et à Notre-Dame.
Femmes catholiques, conscientes de notre privilège marial, nous choisissons de mettre nos énergies et nos talents au service de la complémentarité effective de l’homme et de la femme. Nous considérons que notre vocation spécifique n’est pas un miroir de celle de l’homme, et qu’elle n’a pas besoin d’être anoblie par le service de l’autel.
De même que l’homme contracte une dette vis-à-vis de la maternité spirituelle, nous exprimons notre gratitude envers le service masculin de l’autel.
Nous sommes conscientes que nos pasteurs, pour être fidèles à l’appel évangélique et à la tradition biblique et ecclésiale, ont à subir des pressions et qu’ils auront encore beaucoup à souffrir. Nous les assurons de notre prière et de notre affection fraternelle afin que leur célibat offert et uni à l’Unique Sacrifice soit toujours plus fécond.
[2] Can. 44 de la collection de Laodicée du IVe
Gabrielle Vialla, auteur de Recevoir le féminin, Bien vivre le cycle féminin, La Chasteté, Blog fecondite.org
Constance Prazel, docteur en histoire, chroniqueuse et éditorialiste
Liste des premiers signataires (par ordre alphabétique) :
Claire Coppin, fondatrice de l’école saint Tarcisius
Marie d’Armagnac, journaliste indépendante et essayiste
Valérie d’Aubigny, critique littéraire jeunesse
Charlotte de Bourayne, présidente du Centre Billings France
Valérie de La Rochefoucauld, historienne de l’art, agrégée, conteuse, écrivain, metteur en scène
Ingrid d’Ussel, chroniqueuse et écrivain, fondatrice des Cercles de Petits Ostensoirs
Maylis Gérardin, présidente de “Être femme, grâce ou défi ?”
Agnès Lozier, fondatrice des éditions Librim Concept
Marion Lucas, docteur en philosophie, spécialiste d’Edith Stein
Ingrid Riocreux, agrégée de lettres modernes, docteur en langue et littérature françaises, essayiste, blogueuse, chroniqueuse
Marie-Caroline Schürr, auteur de Out of the box
Anne Trewby, présidente des Antigones
Marie-Hélène Verdier, poète et essayiste
La chasteté, s’il vous plaît !
« Bonjour, je voudrais La Chasteté de Gabrielle Vialla » aimerais-je tonner haut et fort dans la file d’attente de toute bonne librairie catholique ! Car ce titre et la réaction qu’ils suscitent en disent long sur notre rapport à ladite vertu, et Gabrielle Vialla réalise un exploit de taille : donner connaissance de ce qu’est réellement la chasteté, et ce faisant, la rendre désirable. En passant d’une ignorance nimbée de fausses représentations à la connaissance renouvelée et vivifiante de la chasteté, on plonge inévitablement dans le mystère de la personne ; la chasteté est la porte étroite mais unique pour découvrir l’horizon infini de notre vocation au bonheur et au don. Peut-être est-ce dans cette exigence qu’on a délaissé la chasteté pour la revêtir des oripeaux arrangeants du ringardisme… Est-ce une solution ? Peut-on mettre indéfiniment la lumière sous le boisseau pour s’habituer à la pénombre et croire qu’elle convient mieux à l’œil sous prétexte qu’elle le fatigue moins ?
Si la chasteté est souvent mal comprise c’est avant tout parce qu’elle est méconnue. En remédiant à cette carence, en dégageant la chasteté des gravats de nos incompréhensions ou de nos blessures, des rigidités ou des laxismes de nos éducations, en la laissant tout simplement se dévoiler, que
découvre-t-on ? La chasteté apparaît comme la clef de voûte de l’édifice intérieur de nos âmes ; pièce maîtresse vers laquelle tendent toutes les forces et qui soutient en même temps tout notre espace spirituel et charnel ; notre espace vital !
Servi par une écriture limpide et riche, le travail de Gabrielle Vialla est déjà une mise en pratique de la vertu de chasteté ; à la manière des passionnés de vieilles pierres qui veulent redonner vie aux édifices en péril, joyaux de notre humanité, elle restaure la chasteté pour mieux révéler son essence originelle et originale, joyaux de notre anthropologie catholique. En dépoussiérant les poncifs, on ne peut plus opposer stérilement plaisir et devoir, permis et défendu, les états de vie les uns aux autres. On est au contraire invité à s’autoriser à (re)croire à l’amour, à ne pas enfouir nos désirs d’une vie belle et grande à l’épreuve du quotidien ; c’est en effet un réalisme qui saisit toute la personne et toute personne. C’est un chemin où Amour et Vérité pourront se rencontrer, et unifier, dans le combat ou la paix selon les jours, nos cœurs, nos corps, notre prochain et Dieu.
La chasteté est une vertu universelle, elle est pour tous et elle s’apprend comme toutes les autres, elle est une toile de fond à toutes les relations : elle produit l’harmonie à laquelle nous aspirons. Enfin, à une époque où le masculin et le féminin se cherchent et se perdent, oser mettre en lumière
la modalité conjugale de la chasteté en fin d’ouvrage rappelle combien l’amour humain couronne la création dans le plan de Dieu dans la réalité concrète et charnelle de nos vies. Ne nous en détournons plus sous prétexte d’en être indigne ou que cela est réservé à une élite, il y a une
urgence au bonheur !
En fait, on pensait que la chasteté est élitiste, coincée et ringarde ; on ne croyait tout simplement plus que nous sommes tous appelés à un amour d’élite !
Marie Cordouan est une trentenaire célibataire, elle a un Master 2 de philosophie.


















