« Voulez-vous vous offrir à Dieu ? »
« Voulez-vous vous offrir à Dieu ? » Telle fut la demande de Notre-Dame de Fatima aux petits bergers.
C’est une invitation à adhérer personnellement à la logique de l’Eucharistie. On note rarement ce cœur du message de Fatima. Pourtant, cette demande est préparée par l’Ange de la paix. (voir post du 10 mai). Quiconque a été à Fatima ou en a lu l’histoire note peut-être la réponse des trois enfants « Oui, nous voulons nous offrir » mais est surtout fortement frappé par la radicalité avec laquelle les voyants vont répondre par de « petits » sacrifices. Cela fait très peur à nos mentalités matérialistes, qui ne comprennent pas comment ces enfants ont pu à ce point participer à la mission de Notre-Dame.
Cette logique de l’Eucharistie nous est rappelée par la mère de Dieu à trois enfants, sans passer par le sacerdoce ministériel. C’est à la plus âgée de rester sur la terre pour rendre compte des demandes du Ciel. Les deux plus jeunes vont offrir jusqu’à leur mort précoce. Tout ici est perturbant et percutant.
L’exclusion du sacerdoce n’enlève rien à la femme de sa mission. Au contraire.
Fatima, par la préparation et la première communion des enfants, par la demande de Notre-Dame, par les missions respectives de Lucie, Jacinthe et François, en est un signe éclatant. L’Église est constituée d’un sacerdoce ministériel et d’un sacerdoce commun des fidèles ordonnés l’un à l’autre. Elle est constituée des vocations des femmes et des hommes non interchangeables. Ce mois de Mai est l’occasion de contempler le rôle de Marie vis à vis de l’Eucharistie.
« De même que Marie est cachée à nos yeux dans la contemplation de la sainte Cène, le féminin est caché lors de l’Eucharistie. De même, à la Croix et le Samedi saint, lorsque la divinité se cache, la foi de l’Église se réfugie dans le cœur de Marie, selon la formule du cardinal Journet. La foi, portée par le féminin, prend toute sa signification quand la divinité de Jésus s’éclipse. Aujourd’hui dans un monde où le sens de Dieu se perd, la foi de la femme, dans sa pureté et sa proximité avec Jésus, est plus que jamais nécessaire. »
Nous avons plus que jamais besoin de recourir à Notre-Dame. Si la grâce de pouvoir retourner à de nombreuses messes nous est faite, pourrions-nous décider de répondre à l’appel de la communion réparatrice des premiers samedis ? En attendant, nous pouvons participer chaque jour à la réparation demandée à Fatima, en récitant la prière de l’ange.
La citation vient de mon livre Recevoir le Féminin, à lire pour aller plus loin.
Gabrielle Vialla
Réparation ?
À partir de demain, 11 mai, alors que tout reprend progressivement (coiffeurs, réunions familiales, écoles, etc.) certains évêques ont décidé d’interdire, quelquefois plus explicitement encore que pendant le confinement, la présence des fidèles à la messe des prêtres (même avec moins de 10 personnes), et disent aussi impossible la distribution de l’Eucharistie sauf en cas de maladie.
Les raisons invoquées ne sont plus strictement la crise sanitaire. J’appelle donc à une saine obéissance qui tâche de comprendre ce qui se passe, puis réagisse.
En 1200 le pape Innocent III jeta un interdit sur le Royaume de France, suite au refus de Philippe Auguste de se séparer d’une épouse illégitime. Le clergé a eu l’interdiction de délivrer les sacrements au peuple. Finalement, la prière et plainte bruyante des pasteurs et du peuple vont forcer le Roi à rentrer dans le rang. Aujourd’hui, cela nous paraît fou.
À chaque époque, sa discipline, sa cohérence, et ses moyens. À chaque époque aussi l’obéissance respectueuse mais non aveugle. À chaque époque le peuple de Dieu, « descendance choisie, sacerdoce royal, nation sainte » a quelque chose à dire. La nôtre est très attentive aux abus cléricaux, et désire une vraie conversion à ce sujet. Dans un précédent article, j’ai rappelé que dans tout abus spirituel, il y a des justifications théologiques faussées, souvent inversées, une culpabilisation de ceux qui désireraient réagir et un manque de compassion. Nous sommes dans une situation inédite où chacun doit suivre péniblement sa conscience, œuvrer à sa propre conversion, pour le bien du corps entier.
Dans quelques jours, nous fêterons Notre-Dame de Fatima.
Avant les apparitions de la Vierge Marie, un ange prépare les enfants. Il va ensuite les faire communier. Longtemps, je me suis demandé pourquoi à Fatima les enfants ont communié avant de voir la Sainte Vierge, alors que Bernadette de Lourdes a vu Notre-Dame, puis a dû péniblement préparer ensuite sa première communion.
Nous pouvons redécouvrir la belle prière de l’Ange de la paix et l’adapter (oh très légèrement) à notre situation, pour réparer, garder la paix et le désir de Le Recevoir
PRIÈRE DE RÉPARATION pour la privation de la participation à la Messe et de la communion des fidèles :
« Très Sainte Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, je Vous adore profondément, et je Vous offre le très précieux Corps, Sang, Âme et Divinité de Jésus-Christ, présent dans tous les Tabernacles de la terre, en réparation des outrages, indifférences par lesquels Il est Lui-même offensé. Par les mérites infinis de Son très Saint Cœur et du Cœur Immaculé de Marie, je Vous demande la conversion des pauvres pécheurs, et la lumière pour mon évêque »
Tout abus sexuel dans l’Église commence par un abus spirituel, un abus d’autorité
Fidèles laïcs, prenons la mesure de notre sacerdoce commun.
Nous ne sommes pas des chrétiens de seconde catégorie, infantilisés et sans intelligence. Nous avons une responsabilité face à tout abus d’autorité cléricale. Si nous savons dénoncer les propos abusifs de monsieur Castaner, avec bien plus de respect, notre devoir, même difficile, est aussi de réagir à tout abus épiscopal ou clérical objectif. Si nous nous habituons à ne rien dire, nous laissons perdurer les mêmes réflexes de corps qui privilégient le silence, la culpabilisation des consciences et enfin le rejet de la compassion. Ce réflexe qui protège le fort face au faible, offense le Christ… Nous pouvons toujours pleurer, prier face au scandale, il convient aussi de devenir clairvoyants.
Les silences face à des abus sexuels, à des abus spirituels et peut-être bientôt face à une privatisation abusive de l’Eucharistie par certains clercs, pourraient bien être les fruits de nature différente d’une même crise spirituelle ?
Je vous conseille un très beau livre, Risques et dérives de la vie religieuse, par Dom Dysmas de Lassus, prieur de Chartreuse. Vous y découvrirez comme moi que la vie spirituelle n’est pas le renoncement à l’intelligence. Vous y trouverez ce que sont l’obéissance, l’autorité, la paternité spirituelle, non forcément comme vous l’avez toujours entendu, mais comme l’Évangile l’entend ! À l’exemple du pape saint Boniface (fête du jour) qui vécut peste et autres calamités, sachons puiser dans la vie monastique la sagesse, les éléments curatifs et préventifs dont nous avons tant besoin.
Gabrielle Vialla
Le Bon Pasteur et l’Eucharistie
L’Eucharistie n’est pas un dû. Voilà peut-être la phrase la plus lue, la plus entendue depuis le début du confinement. Peut-être un élément de langage ? Oui, l’Eucharistie est un don; « ma vie nul ne la prend mais c’est moi qui la donne » (Jean 10, 18).
L’Eucharistie n’est pas un dû, certes, mais qu’est-ce que l’Eucharistie ? Le lexique le plus évident de la parole de Dieu, jusque dans le Notre-Père, c’est que l’Eucharistie est notre nourriture, notre nourriture quotidienne. Alors, après tant de jours, je m’interroge sur le peu d’inflexion pastorale pour nourrir sacramentellement les confinés. Dispense de la distribution de l’Eucharistie pourtant traditionnelle, en faveur de l’accouchée ou du malade. J’ai été souvent malade et accouchée, alors l’incongruité de la situation m’apparaît. Car on m’a toujours nourrie lorsque je l’ai demandé !
C’est le dimanche du Bon Pasteur, dimanche de prière intense pour les prêtres et les vocations. Un Bon berger laisse-t-il longtemps ses brebis sans nourriture ? Parce qu’elles auraient la consolation d’entendre sa voix (la Parole de Dieu), parce qu’elles pourraient vivre de la charité en se servant les unes les autres ?
La demande de notre nourriture quotidienne, le pain de Vie que nous avons médité dans les évangiles cette semaine, le Bon Pasteur… Jésus utilise des images si simples qu’elles en deviennent terriblement exigeantes. Alors, mère de famille, je me demande pourquoi ? Pourquoi ce silence ? Oui les pasteurs nous parlent beaucoup. Ils ont demandé à l’État. Ils ont été tristes, en colère, désemparés, et pourtant il y a encore un silence.
Nourrir les brebis, est ce vraiment impossible ? Injustifié ?
L’explication la plus simple est peut-être la meilleure. S’il fallait dans les circonstances actuelles nourrir le peuple de Dieu, il faudrait redécouvrir le lien entre la confession et l’eucharistie. De nombreux appels à la conversion ont été mis en exergue, et celle-ci la souhaitons-nous aussi ?
Redécouvrir le lien entre la confession et l’eucharistie, cela signifierait aussi baptiser ceux qui attendent, marier ceux qui le demandent malgré les restrictions, mais aussi éclairer certains davantage sur la vie sexuelle, la situation matrimoniale… Cela signifierait redécouvrir l’Évangile et le lien prêtre-Christ comme un enfant : Jésus va à Cana, il guérit les malades, il rencontre ses contradicteurs en personne, il ne fuit pas les lépreux, il demande à la Samaritaine où est son mari, il est emmené en prison, devant les tribunaux… Cela signifierait enfin distinguer pour un temps particulier, la fête sociale qu’on appelle célébration, cérémonie, de la réalité du don personnel du Christ pour nous, qu’on appelle sacrement. Un autre jeûne finalement, celui de la fête ?
On a dit de saint Jacques le Mineur qu’il ressemblait à Jésus et que ceux qui avaient vu Jésus aimaient à le regarder, car ils retrouvaient en lui les traits du Maître. Saint Philippe et saint Jacques, saints apôtres du Seigneur, donnez-nous de saints pasteurs et de saints prêtres, pour nous rappeler qu’Il est réellement là, le Bon Pasteur !
Gabrielle Vialla
NON à l’infantilisation du peuple de la Vie. Que vive la paternité responsable !
À la faveur du déconfinement, on entend : laissez les médecins choisir leurs traitements, les pharmaciens vendre des masques, les enseignants enseigner au mieux selon les circonstances, enfin laissez les prêtres donner les sacrements et organiser le culte. Principe de base de la doctrine sociale de l’Église, ce principe de subsidiarité est malheureusement peu compris, encore moins aimé.
Ainsi, il est incohérent de rappeler le principe de subsidiarité, même sans le nommer, et d’afficher une infantilisation dans ce qui ne relève pas de la compétence de l’autorité rappelée à ce principe. Faisons une analogie entre la paternité et maternité qui relève directement de la responsabilité des époux, et la sanctification du peuple de Dieu qui relève de la responsabilité des pasteurs, disons de leur « paternité spirituelle ».
C’est un fait que certaines circonstances rendent très difficile en pratique l’exercice de ces responsabilités. Moniteurs de régulation naturelle des naissances, nous rappelons sans cesse aux époux que rien ne justifie de se défausser de la responsabilité vis-à-vis de la vie à naître dans notre foyer : ni les pressions médicales, sociales, familiales, éducatives. Certes les époux doivent tenir compte des circonstances, mais ils doivent rester libres de bien agir. Ils doivent aussi être conscients que certains pourraient profiter des circonstances pour leur retirer ce qui leur est confié. Ils ont donc à s’exhorter les uns les autres à rester courageux.
Si les autorités supérieures ne doivent pas soustraire aux autorités inférieures le discernement et les tâches qu’elles sont capables de faire, les autorités inférieures n’ont pas à attendre des autorités supérieures qu’elles prennent en charge leur propre responsabilité. Qui exige le principe de subsidiarité doit être conscient de sa propre responsabilité et être prêt à l’assumer.
Aujourd’hui, le Covid rend difficile la responsabilité de la sanctification du peuple de Dieu. Qu’un gouvernement interdise en temps de pandémie les rassemblements de plus de x personnes, qu’il aille jusqu’à confondre liberté de culte et liberté de rassemblement dans un pays laïc, devenu multi-cultuel, on peut le déplorer mais le comprendre. En revanche, attendre du gouvernement les consignes sacramentelles, lui demander de statuer sur la confession, la distribution de la communion, la messe privée : c’est se défausser de sa responsabilité.
On peut s’auto-féliciter, se vanter de la discipline des fidèles et des pasteurs. On peut aussi être conscients des postures de chacun, sans juger d’ailleurs des intentions. Il convient de mesurer les conséquences de positions prises hier, afin d’être éclairé sur celles à prendre aujourd’hui et demain. Oui certains évêques puis certains prêtres, pensant peut-être que la crise sanitaire ne durerait pas, ont ajouté des mesures à des mesures, limitant l’apostolat des prêtres au virtuel, aux enterrements et à l’extrême-onction. Fidèles laïcs, nous mettons aussi du temps à comprendre ce qui se passe et à discerner ce qu’il convient de faire.
Quelques-uns en ont appelé au gouvernement pour l’après-11 mai. Finalement il faut attendre le 2 juin ? Mais pourquoi attendre si des églises ont été abusivement fermées? Pourquoi ne pas proposer l’adoration, reprendre des confessions, dire des messes privées…. Cessons de faire croire que le gouvernement a son mot à dire sur bien des choses qui en réalité ne le regardent pas. C’est dangereux ! Prenons nos responsabilités avec toutes les tolérances existantes. C’est vrai pour les pasteurs, comme pour les fidèles laïcs. On peut prier dans les églises ouvertes, et grâce aux doodles ne pas s’y rassembler. Arrêtons de nous auto-censurer.
Comparaison n’est pas raison. Mais combien pensent, à tort, qu’ils ne peuvent vivre les méthodes naturelles, parce qu’ils perçoivent des pressions médicales, spirituelles, économiques? Ces pressions ne sont d’ailleurs pas des interdictions formelles. Aujourd’hui nous devons nous entraider, pasteurs et fidèles, à percevoir les pressions qui inhibent la vie sacramentelle.
Saint Louis Marie Grignon de Montfort a vécu une épidémie lors de son séminaire à Paris. Il répond alors aux besoins des pauvres et des malades, jusqu’à être expulsé de la Salpêtrière. Son zèle apostolique va alors le tourner vers les missions populaires, là où on manque de prêtres. Il parcourt ainsi l’Ouest de la France pour y vivifier la foi en profondeur. Pour toucher les personnes qui viennent moins à l’église, il écrit des cantiques sur des chants populaires. Les historiens disent que son action apostolique a préparé la réaction des laïcs vendéens en faveur de la défense des prêtres. Aujourd’hui, alors que des gens font des heures de queues à l’ouverture des drive de McDonald’s et que la jeunesse réclame à ses parents des UberEats… j’interroge sur la possibilité des Uber-Christ à partir du 11 mai, et de prendre comme patron pour ce type d’activité Saint Louis Marie Grignon de Montfort ? Rappelons enfin que saint Jean-Paul II, à de nombreuses reprises et dans sa devise épiscopale, témoignait de tout ce qu’il devait à ce saint français.
Sainte Jeanne Beretta Molla a accepté sa responsabilité vis à vis de son enfant à naître. Malgré les pressions médicales, sociales et familiales, elle a choisi de prendre le risque de se faire opérer de son fibrome tout en gardant son enfant. Le pape Paul VI a parlé pour elle d’ « immolation préméditée ». Elle a pu donner naissance à son enfant avant d’offrir sa vie à 39 ans. Elle a été canonisée par saint Jean-Paul II.
Saints du jour, patrons de la responsabilité de l’état de vie, Saint Louis-Marie Grignon de Montfort et Sainte Jeanne Beretta Molla priez pour nous, aujourd’hui et demain !
Gabrielle Vialla
Grand concours 25 ans d’Evangelium Vitae
Participez à notre grand concours en l’honneur de Evangelium Vitae et de son auteur, saint Jean-Paul II !
Réponses et informations à cette adresse
Une mise à l’épreuve
« Donnez-leur vous-mêmes à manger » : évangile de la multiplication des pains, en Matthieu 14, 16 et Luc 9,13
« Il disait cela pour le mettre à l’épreuve » : évangile du jour, cette fois en Jean 6, 6
Voilà un appel à la conscience individuelle de chaque pasteur. Une mise à l’épreuve…
Est-il juste de tout attendre du gouvernement ?
Quand faut il percevoir l’incohérence et le glissement moral de la situation ?
2 exemples, un actuel, l’autre un cas d’école :
- Un grand restaurant gastronomique ne pouvant ré-ouvrir mais ayant pris des mesures sanitaires, a choisi d’offrir aux soignants de bons repas mais aussi de mettre en place de la vente à emporter pour les personnes les plus proches.
- Un riche propriétaire ayant un garde-manger plein, étant dans l’incapacité politique de nourrir toute sa région affamée, doit-il refuser de soulager les quelques pauvres qui viennent lui demander un peu de pain par la fenêtre ?
« Les fils de ce monde sont plus habiles entre eux que les fils de la lumière » (Lc 16,8).
Gabrielle Vialla, mère de famille
Petite SUPPLIQUE ouverte à nos évêques
Excellences, depuis 40 jours, nous faisons nos courses, nous avons des contrôles policiers, en revanche nous ne recevons plus les sacrements. Parce qu’ils s’éloignent de nous, nous finissons par avoir, vis à vis de la messe « en chair et en os » et de la confession, ce sentiment irrationnel et nébuleux de danger, que nous n’avons pas pour les autres nécessités quotidiennes.
Vous-mêmes et les prêtres célèbrez la messe tous les jours. C’est merveilleux ! Mais nous fidèles ne vivons plus ni messe, ni confession, et nous sentons l’incohérence choquante de notre situation. Nous aussi devons rendre compte de notre foi !
Nous vous supplions pour nos enfants, ne laissez pas penser que la messe – avec distanciation sociale – serait un vecteur de contamination plus important que les transports en commun, l’école, et tout ce qui se prépare à redémarrer.
Prenons les moyens concrets qu’il faudra, comme des doodles avec liste d’attente sur des jours ou même des mois s’il le faut… mais que toutes les messes soient dorénavant dites avec des fidèles, selon des règles strictes. La messe ce n’est pas forcément un rassemblement. La privation nous rappelle douloureusement à quel point c’est un « admirable échange ».
Gabrielle Vialla, mère de famille
Donnez-leur vous-mêmes à manger
« Donnez-leur vous-mêmes à manger » (Mt 14, 16) : en ce temps pascal, confinés, nous pouvons être touchés par ces mots du Seigneur demandant aux disciples de participer un petit peu au besoin fondamental de la foule de ceux qui veulent suivre le Maître et en oublient de manger !
La communion sacramentelle nous manque. Sur le chemin d’une visite au Saint-Sacrement, j’ai reçu ce matin deux SMS, l’un de la jardinerie me proposant des plants de tomates, l’autre de mon opticien me proposant une solution si jamais mes lunettes de myope sont cassées. Je reconnais que j’avais oublié de m’inquiéter de ces deux possibilités. Je suis soulagée : si mes lunettes sont cassées elles seront réparées. L’imprimeur nous écrit aussi pour prévenir que les machines se remettent en marche le 20 avril. Dommage que je n’aie pas de manuscrit à lui confier pour l’aider à redémarrer. Chacun se prépare pour le monde d’après, celui qui va intégrer le virus à nos vies, tout en reprenant une vie un peu plus normale.
Ne devrions-nous pas nous soucier de notre vie sacramentelle, de maintenant ; d’après le 11 mai ? ou pire de la mi-juillet ? Peut-être pourrions-nous nous informer auprès de nos pasteurs de leur plan de dé-confinement sacramentel ?
Alors oui quelques fidèles demandent et obtiennent secrètement… D’autres demandent et n’obtiennent pas… Si l’on ne me l’avait soufflé je ne l’aurais pas fait. J’ai demandé à recevoir l’eucharistie, je suis heureuse de l’avoir fait. On n’a pas à convaincre l’autorité, simplement lui dire avec confiance ce qui nous est essentiel.
Le lecteur attentif et critique s’interroge peut-être sur le thème eucharistique abordé dans le Courrier vers le sommet de la glaire ! Outre que le fait que pour moi, le sommet c’est d’abord le Christ, avant d’être le dernier jour de sensation de glissement… eh bien j’affirme être parfaitement dans mon sujet. Confinement ou pas, les femmes ont toujours des cycles et les mères de famille nombreuse sont en ce moment particulièrement anxieuses, fatiguées… Je rappelle aux non spécialistes que le cycle boit les événements de la vie. Il reflète, dans une certaine mesure, les manques alimentaires, affectifs, mais aussi spirituels. Si un mari manque trop, si un stress est trop important, si la maladie survient, le cycle peut l’exprimer bruyamment. Si Jésus manque, la femme souffre. L’homme aussi mais l’expérience conjugale montre que souvent il met plus de temps à s’apercevoir des manques et à les exprimer. Et puis, Jésus manquait aux apôtres mais ce sont les femmes qui sont allées au tombeau en premier. Bref, je ne fais donc que mon job. Voilà le conseil : « demandez à recevoir Jésus-Hostie, qu’il vienne vous soutenir, votre vie spirituelle, conjugale, familiale… » J’ajoute « votre cycle compris ». Toutes les femmes à qui j’ai donné ce conseil sont soulagées et remercient.
Je ne remets en cause ni la communion spirituelle, ni la prudence sanitaire, ni l’obéissance à de justes lois. Je prône l’obéissance filiale, celle qui réveille la paternité. Pas l’obéissance aveugle et sans conscience. Après tout, si l’Eucharistie nous manque, notre premier devoir est de le faire savoir.
Demandez ! Au pire vous entendrez « plus tard ». Certains entendent déjà « Oui, je viens sans tarder. » (Ap 22, 20). Prions bien les uns pour les autres !
Gabrielle Vialla
Transmettre la beauté du féminin, dans sa complémentarité avec le masculin, dans une culture qui promeut l’indifférenciation
paru dans Le Salon Beige
Gabrielle Vialla vient de publier un ouvrage intitulé Bien vivre le cycle féminin, ouvrage pour les jeunes à partir de la puberté, illustré d’aquarelles de Pauline Nitsch. Ce livre, écrit sous forme d’une lettre à ses enfants, aborde le sujet du cycle avec pudeur et profondeur ; au moyen des 4 éléments. Il ne se situe que sur le plan naturel et n’aborde pas les notions de chasteté, régulation des naissances, méthode Billings, bible, magistère, catéchisme, encyclique Humanae vitae… Il ne s’agit pas d’éducation sexuelle et affective mais d’une réponse à deux questions fondamentales :
Pour la fille : comment se connaître et développer ses talents sans lutter contre le cycle mais en l’accueillant dans toutes ses dimensions, positives mais aussi difficiles ?
Pour le garçon : comment répondre à la saine curiosité sur le thème de la fille, pour gagner en maîtrise de soi, en fermeté vis à vis des sollicitations de la pornographie, et avoir de l’aplomb dans les discussions ?
Gabrielle Vialla a bien voulu répondre aux questions du Salon beige :
Dans votre ouvrage sur le cycle féminin, vous évoquez sa richesse et son impact sur les émotions, l’énergie, les capacités… mais est-ce vrai pour toutes les femmes ? Certaines femmes peuvent-elles ne rien ressentir, tandis que d’autres vivent difficilement leur cycle, avec des moments d’intenses douleurs ?
Chaque femme est unique. Le vécu du cycle est également unique, pour chacune. Pour certaines, l’impact du cycle sur les émotions, l’énergie ou les capacités sera très important ; pour d’autres ce sera moins perceptible. Pour quelques femmes malheureusement, il y a des pathologies comme l’endométriose ou le syndrome des ovaires polykystiques qui rendent le cycle douloureux ou pénible.
Un des objectifs du livre est d’interpeller sur l’impact du cycle au-delà de la douleur et de l’humeur. Ainsi une femme peu émotive, de caractère constant, peut découvrir la richesse des phases de son cycle dans un domaine qu’elle ne soupçonnait pas, comme les arts, la recherche intellectuelle, etc. Beaucoup de femmes ne tiennent pas compte de leur cycle pour leurs activités. Si le féminin cyclique a toujours été implicite mais présent, il est malheureusement nié ou considéré comme néfaste devenu l’installation de la pilule contraceptive qui gomme le cycle. Il y a quelques années, avant les scandales sanitaires, le chiffre de 80 pourcents de femmes d’une classe d’âge sous contraception hormonale avait été atteint.
Aujourd’hui beaucoup de personnes sont en colère d’être femme. La bonne nouvelle c’est que nombreuses aussi sont les mères qui aimeraient proposer quelque chose de positif à leurs filles, même si elles-mêmes n’ont rien reçu de leur propre maman. Ce livre est une modeste contribution pour aider les parents dans un nouveau défi ; celui de transmettre la beauté du féminin, dans sa complémentarité avec le masculin, dans une culture qui promeut l’indifférenciation.
Cet ouvrage est destiné aux adolescents. À partir de quel moment faut-il, selon vous, évoquer ce sujet avec nos enfants ? Sachant qu’ils sont sollicités de plus en plus jeunes, dans l’environnement actuel.
Vous l’avez compris, ce livre est d’abord destiné à la transmission intrafamiliale. C’est aux mères de famille de discerner quand le jeune sera susceptible d’être intéressé. Pour les demoiselles, quand les menstruations sont installées, elles pourront commencer à repérer ce qui y est décrit. J’ai quatre grandes filles et chacune a été sensible à des choses différentes.
Pour les jeunes hommes, le livre répond à la saine curiosité qu’ils peuvent éprouver vis à vis des demoiselles. Certains disent que cette connaissance que leur a transmis leur maman leur donne un certain aplomb et une liberté, face à des camarades grivois qui voudraient les entraîner.
Ce livre est très pudique, il peut trouver sa place dans des bibliothèques de collège, lycée, lieux de retraites, mais aussi dans une salle d’attente de professionnel de santé car il ne se situe que sur le plan naturel. Il peut être conseillé aussi bien par des religieuses et des prêtres, que par des professeurs. En revanche, il ne se substitue pas à l’éducation sexuelle et affective car il ne traite pas des relations d’amitié, ni de l’amour, ni de l’anatomie… Il décrit simplement le temps féminin, riche de 4 phases différentes.
Pensez-vous que le mouvement écologiste actuel, dans sa volonté de dénoncer la pollution de l’environnement, parvienne à remettre en cause la contraception, qui porte atteinte à la nature des femmes ?
Il y a indéniablement une remise en cause profonde des hormones contraceptives.
Les femmes se plaignent de plus en plus ouvertement du poids intolérable qui leur a été imposé par les hormones contraceptives : baisse de libido, dépression, graves soucis de santé… Elle se plaignent aussi, à raison, du silence médical qui ne les a pas prévenues de ces méfaits qu’elles ont supporté quelquefois de longues années avant d’en prendre conscience. Mais l’idéologie de la sexualité sans enfant, sans responsabilité est si forte qu’on continue à prescrire massivement la pilule aux jeunes filles, trop tôt, trop longtemps sans raison médicale.
D’autre part, si le mouvement écologiste réagit au tout hormonal, il est le plus souvent malthusien, favorable à la contraception et à l’avortement.
La contraception change donc seulement de vitrine. Moins de pilules, mais plus de stérilets, plus de contraceptions mécaniques. Par ailleurs, certaines femmes veulent une revanche sur l’homme avec la promotion de la vasectomie et de la contraception masculine. L’écologie ne nous fera pas faire l’économie du travail de la culture de vie. Au contraire ! On a le choix entre une belle écologie intégrale au service de la vie, ou une écologie idolâtrique de la nature où le petit de l’homme est le pire danger…
Donnons à nos jeunes les ressources nécessaires à leur épanouissement personnel et les arguments nécessaires pour influencer leur génération.
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