Petite SUPPLIQUE ouverte à nos évêques
Excellences, depuis 40 jours, nous faisons nos courses, nous avons des contrôles policiers, en revanche nous ne recevons plus les sacrements. Parce qu’ils s’éloignent de nous, nous finissons par avoir, vis à vis de la messe « en chair et en os » et de la confession, ce sentiment irrationnel et nébuleux de danger, que nous n’avons pas pour les autres nécessités quotidiennes.
Vous-mêmes et les prêtres célèbrez la messe tous les jours. C’est merveilleux ! Mais nous fidèles ne vivons plus ni messe, ni confession, et nous sentons l’incohérence choquante de notre situation. Nous aussi devons rendre compte de notre foi !
Nous vous supplions pour nos enfants, ne laissez pas penser que la messe – avec distanciation sociale – serait un vecteur de contamination plus important que les transports en commun, l’école, et tout ce qui se prépare à redémarrer.
Prenons les moyens concrets qu’il faudra, comme des doodles avec liste d’attente sur des jours ou même des mois s’il le faut… mais que toutes les messes soient dorénavant dites avec des fidèles, selon des règles strictes. La messe ce n’est pas forcément un rassemblement. La privation nous rappelle douloureusement à quel point c’est un « admirable échange ».
Gabrielle Vialla, mère de famille
Donnez-leur vous-mêmes à manger
« Donnez-leur vous-mêmes à manger » (Mt 14, 16) : en ce temps pascal, confinés, nous pouvons être touchés par ces mots du Seigneur demandant aux disciples de participer un petit peu au besoin fondamental de la foule de ceux qui veulent suivre le Maître et en oublient de manger !
La communion sacramentelle nous manque. Sur le chemin d’une visite au Saint-Sacrement, j’ai reçu ce matin deux SMS, l’un de la jardinerie me proposant des plants de tomates, l’autre de mon opticien me proposant une solution si jamais mes lunettes de myope sont cassées. Je reconnais que j’avais oublié de m’inquiéter de ces deux possibilités. Je suis soulagée : si mes lunettes sont cassées elles seront réparées. L’imprimeur nous écrit aussi pour prévenir que les machines se remettent en marche le 20 avril. Dommage que je n’aie pas de manuscrit à lui confier pour l’aider à redémarrer. Chacun se prépare pour le monde d’après, celui qui va intégrer le virus à nos vies, tout en reprenant une vie un peu plus normale.
Ne devrions-nous pas nous soucier de notre vie sacramentelle, de maintenant ; d’après le 11 mai ? ou pire de la mi-juillet ? Peut-être pourrions-nous nous informer auprès de nos pasteurs de leur plan de dé-confinement sacramentel ?
Alors oui quelques fidèles demandent et obtiennent secrètement… D’autres demandent et n’obtiennent pas… Si l’on ne me l’avait soufflé je ne l’aurais pas fait. J’ai demandé à recevoir l’eucharistie, je suis heureuse de l’avoir fait. On n’a pas à convaincre l’autorité, simplement lui dire avec confiance ce qui nous est essentiel.
Le lecteur attentif et critique s’interroge peut-être sur le thème eucharistique abordé dans le Courrier vers le sommet de la glaire ! Outre que le fait que pour moi, le sommet c’est d’abord le Christ, avant d’être le dernier jour de sensation de glissement… eh bien j’affirme être parfaitement dans mon sujet. Confinement ou pas, les femmes ont toujours des cycles et les mères de famille nombreuse sont en ce moment particulièrement anxieuses, fatiguées… Je rappelle aux non spécialistes que le cycle boit les événements de la vie. Il reflète, dans une certaine mesure, les manques alimentaires, affectifs, mais aussi spirituels. Si un mari manque trop, si un stress est trop important, si la maladie survient, le cycle peut l’exprimer bruyamment. Si Jésus manque, la femme souffre. L’homme aussi mais l’expérience conjugale montre que souvent il met plus de temps à s’apercevoir des manques et à les exprimer. Et puis, Jésus manquait aux apôtres mais ce sont les femmes qui sont allées au tombeau en premier. Bref, je ne fais donc que mon job. Voilà le conseil : « demandez à recevoir Jésus-Hostie, qu’il vienne vous soutenir, votre vie spirituelle, conjugale, familiale… » J’ajoute « votre cycle compris ». Toutes les femmes à qui j’ai donné ce conseil sont soulagées et remercient.
Je ne remets en cause ni la communion spirituelle, ni la prudence sanitaire, ni l’obéissance à de justes lois. Je prône l’obéissance filiale, celle qui réveille la paternité. Pas l’obéissance aveugle et sans conscience. Après tout, si l’Eucharistie nous manque, notre premier devoir est de le faire savoir.
Demandez ! Au pire vous entendrez « plus tard ». Certains entendent déjà « Oui, je viens sans tarder. » (Ap 22, 20). Prions bien les uns pour les autres !
Gabrielle Vialla
Transmettre la beauté du féminin, dans sa complémentarité avec le masculin, dans une culture qui promeut l’indifférenciation
paru dans Le Salon Beige
Gabrielle Vialla vient de publier un ouvrage intitulé Bien vivre le cycle féminin, ouvrage pour les jeunes à partir de la puberté, illustré d’aquarelles de Pauline Nitsch. Ce livre, écrit sous forme d’une lettre à ses enfants, aborde le sujet du cycle avec pudeur et profondeur ; au moyen des 4 éléments. Il ne se situe que sur le plan naturel et n’aborde pas les notions de chasteté, régulation des naissances, méthode Billings, bible, magistère, catéchisme, encyclique Humanae vitae… Il ne s’agit pas d’éducation sexuelle et affective mais d’une réponse à deux questions fondamentales :
Pour la fille : comment se connaître et développer ses talents sans lutter contre le cycle mais en l’accueillant dans toutes ses dimensions, positives mais aussi difficiles ?
Pour le garçon : comment répondre à la saine curiosité sur le thème de la fille, pour gagner en maîtrise de soi, en fermeté vis à vis des sollicitations de la pornographie, et avoir de l’aplomb dans les discussions ?
Gabrielle Vialla a bien voulu répondre aux questions du Salon beige :
Dans votre ouvrage sur le cycle féminin, vous évoquez sa richesse et son impact sur les émotions, l’énergie, les capacités… mais est-ce vrai pour toutes les femmes ? Certaines femmes peuvent-elles ne rien ressentir, tandis que d’autres vivent difficilement leur cycle, avec des moments d’intenses douleurs ?
Chaque femme est unique. Le vécu du cycle est également unique, pour chacune. Pour certaines, l’impact du cycle sur les émotions, l’énergie ou les capacités sera très important ; pour d’autres ce sera moins perceptible. Pour quelques femmes malheureusement, il y a des pathologies comme l’endométriose ou le syndrome des ovaires polykystiques qui rendent le cycle douloureux ou pénible.
Un des objectifs du livre est d’interpeller sur l’impact du cycle au-delà de la douleur et de l’humeur. Ainsi une femme peu émotive, de caractère constant, peut découvrir la richesse des phases de son cycle dans un domaine qu’elle ne soupçonnait pas, comme les arts, la recherche intellectuelle, etc. Beaucoup de femmes ne tiennent pas compte de leur cycle pour leurs activités. Si le féminin cyclique a toujours été implicite mais présent, il est malheureusement nié ou considéré comme néfaste devenu l’installation de la pilule contraceptive qui gomme le cycle. Il y a quelques années, avant les scandales sanitaires, le chiffre de 80 pourcents de femmes d’une classe d’âge sous contraception hormonale avait été atteint.
Aujourd’hui beaucoup de personnes sont en colère d’être femme. La bonne nouvelle c’est que nombreuses aussi sont les mères qui aimeraient proposer quelque chose de positif à leurs filles, même si elles-mêmes n’ont rien reçu de leur propre maman. Ce livre est une modeste contribution pour aider les parents dans un nouveau défi ; celui de transmettre la beauté du féminin, dans sa complémentarité avec le masculin, dans une culture qui promeut l’indifférenciation.
Cet ouvrage est destiné aux adolescents. À partir de quel moment faut-il, selon vous, évoquer ce sujet avec nos enfants ? Sachant qu’ils sont sollicités de plus en plus jeunes, dans l’environnement actuel.
Vous l’avez compris, ce livre est d’abord destiné à la transmission intrafamiliale. C’est aux mères de famille de discerner quand le jeune sera susceptible d’être intéressé. Pour les demoiselles, quand les menstruations sont installées, elles pourront commencer à repérer ce qui y est décrit. J’ai quatre grandes filles et chacune a été sensible à des choses différentes.
Pour les jeunes hommes, le livre répond à la saine curiosité qu’ils peuvent éprouver vis à vis des demoiselles. Certains disent que cette connaissance que leur a transmis leur maman leur donne un certain aplomb et une liberté, face à des camarades grivois qui voudraient les entraîner.
Ce livre est très pudique, il peut trouver sa place dans des bibliothèques de collège, lycée, lieux de retraites, mais aussi dans une salle d’attente de professionnel de santé car il ne se situe que sur le plan naturel. Il peut être conseillé aussi bien par des religieuses et des prêtres, que par des professeurs. En revanche, il ne se substitue pas à l’éducation sexuelle et affective car il ne traite pas des relations d’amitié, ni de l’amour, ni de l’anatomie… Il décrit simplement le temps féminin, riche de 4 phases différentes.
Pensez-vous que le mouvement écologiste actuel, dans sa volonté de dénoncer la pollution de l’environnement, parvienne à remettre en cause la contraception, qui porte atteinte à la nature des femmes ?
Il y a indéniablement une remise en cause profonde des hormones contraceptives.
Les femmes se plaignent de plus en plus ouvertement du poids intolérable qui leur a été imposé par les hormones contraceptives : baisse de libido, dépression, graves soucis de santé… Elle se plaignent aussi, à raison, du silence médical qui ne les a pas prévenues de ces méfaits qu’elles ont supporté quelquefois de longues années avant d’en prendre conscience. Mais l’idéologie de la sexualité sans enfant, sans responsabilité est si forte qu’on continue à prescrire massivement la pilule aux jeunes filles, trop tôt, trop longtemps sans raison médicale.
D’autre part, si le mouvement écologiste réagit au tout hormonal, il est le plus souvent malthusien, favorable à la contraception et à l’avortement.
La contraception change donc seulement de vitrine. Moins de pilules, mais plus de stérilets, plus de contraceptions mécaniques. Par ailleurs, certaines femmes veulent une revanche sur l’homme avec la promotion de la vasectomie et de la contraception masculine. L’écologie ne nous fera pas faire l’économie du travail de la culture de vie. Au contraire ! On a le choix entre une belle écologie intégrale au service de la vie, ou une écologie idolâtrique de la nature où le petit de l’homme est le pire danger…
Donnons à nos jeunes les ressources nécessaires à leur épanouissement personnel et les arguments nécessaires pour influencer leur génération.
En librairie, sur Amazon, Fnac, la Procure, Livres en famille (librairie indépendante)
Confidences d’un prêtre à ses frères et sœurs Billings
Abbaye Notre-Dame de Triors
25 janvier 2020
Conférence d’un moine bénédictin
J’ai choisi ce titre en référence, bien sûr, à un ouvrage célèbre… mais aussi parce que le mot confidence exprime bien le ton que je voudrais donner à cette rencontre, et ma joie de me retrouver parmi vous aujourd’hui, en présence d’un petit troupeau que je considère vraiment comme privilégié, aimé du Seigneur. Et puis, je vous l’avoue, le pluriel de ce mot Confidences me rassure parce qu’il me permet de remédier au défaut de structure de mon propos, dû à un manque de temps dans la préparation. Pas de plan précis, donc, pas de parties bien délimitées, mais un propos à thèmes multiples, des confidences en vrac, un petit bouquet de simples réflexions sur un sujet qui me tient à cœur.
C’est la troisième fois en trois ans, que l’abbaye de Triors est associée plus étroitement à des événements Billings : il y a eu la journée prêtres, le 12 juin 2017 ; puis la journée Humanæ vitæ, le 8 septembre 2018, ouverte à tous ; et maintenant cette journée destinée principalement aux couples moniteurs. Stéphanie m’a demandé de dire en quelques mots ce que cela implique pour les moines de Triors. J’y reviendrai plus loin.
Le thème de la journée, c’est Prendre de la hauteur… Je voudrais réfléchir avec vous d’abord sur ce thème. Vous êtes venus dans un monastère, c’est-à-dire dans un lieu où, en principe, on ne fait que chercher la présence de Dieu. Saint Benoît (comme Jésus lui-même semble-t-il) aime les montagnes, et les monastères bénédictins (à commencer par le Mont Cassin, édifié par Saint Benoît lui-même) sont souvent construits sur des hauteurs, une façon de signifier que la vie spirituelle, la vie contemplative, qui est en chacun de nous, est la réalité la plus noble, la plus haute de notre existence humaine, que la présence de Dieu dans notre vie est un sommet à conquérir, non comme une évidence facile à posséder, mais comme le fruit d’une quête ardente et incessante. Et pour vous qui avez sans doute l’impression de vivre trop souvent dans la plaine des multiples soucis terrestres, cette ascension vers un air plus pur, vers des perspectives plus larges et plus belles, signifie aussi un retour à l’intérieur de vous-même, dans votre relation avec Dieu, en tant que personne individuelle et aussi en tant que couple. Cette journée qui vous invite à prendre de la hauteur, est une occasion pour vous de faire le point sur votre âme, de faire le point sur votre vie de couple, faire le point sur votre chasteté, sur votre fécondité, ad intra et ad extra. Ce n’est pas seulement aujourd’hui, bien sûr, qu’il vous est donné de prendre de la hauteur. D’une certaine manière, chaque dimanche, sanctifié par l’Eucharistie, représente un sommet dans vos semaines de labeur, un moment privilégié pour prendre de la hauteur.Lire plus
Bien vivre le cycle féminin
Voici enfin Bien vivre le cycle féminin ! Bel ouvrage pour les jeunes à partir de la puberté, illustré d’aquarelles par mon amie Pauline Nitsch.
Ce livre est écrit sous forme d’une lettre à mes enfants. Je l’ai conçu pour qu’on puisse l’offrir à leurs cousines et cousins, leurs amis – ceux du scoutisme, du collège privé, hors contrat, comme ceux du lycée public ou de la fac. Pour le jeune qui se réfugie à l’adoration, mais aussi le catéchumène, la musulmane, la révoltée, le taiseux, le sportif, la cérébrale, l’agnostique… Comme l’a dit si bien une amie : « Que mon fils soit prévenu cela ne suffit pas, je veux aussi que toutes les amies de mon fils, partout, puissent l’être »
Ce livre aborde donc le sujet passionnant du cycle avec pudeur et profondeur ; au moyen des 4 éléments. Il ne se situe que sur le plan naturel. Pour cette fois, mon lexique préféré – chasteté, régulation des naissances, méthode Billings, bible, magistère, catéchisme, encyclique Humanae vitae… – n’y figure pas. Je fais le pari et je vous lance ce pari : le proposer dans les familles où les parents connaissent ce lexique 😉 et où la transmission mère/fille, mère/fils sur le cycle reste pourtant un défi ; mais le proposer aussi où ce lexique est ignoré, si possible en impliquant nos jeunes !
Attention : Il ne s’agit pas d’un livre de physiologie. Les cours de biologie abordent cela dès le CM2, puis en 4e… Certains jeunes ne veulent plus rien entendre sur l’anatomie etc. Ils connaissent déjà. Sic.
Il ne s’agit pas non plus d’éducation sexuelle et affective car il y a de nombreuses belles propositions qui sont faites pour nos jeunes. Je réponds tout simplement à deux questions fondamentales. Fille ou garçon y lisent réciproquement les réponses au fil des 64 pages.
– Pour la fille : comment se connaître et développer ses talents sans lutter contre le cycle mais en l’accueillant dans toutes ses dimensions, positives mais aussi difficiles ?
– Pour le garçon : comment répondre à la saine curiosité sur le thème de la fille, pour gagner en maîtrise de soi, en fermeté vis à vis des sollicitations de la pornographie, et avoir de l’aplomb dans les discussions ?
Ces défis – vous en êtes conscients – concernent la transmission et le climat culturel. J’apporte ici une modeste contribution, pour un regard renouvelé sur ce cycle unique pour chacune. Sujet qui me passionne depuis 25 ans !
Vous pouvez le commander dès à présent chez votre libraire, sur les sites marchands.
S’il vous a plu, n’hésitez pas à l’offrir à vos grands filleuls, à le proposer comme complément là où vous œuvrez déjà pour les jeunes, à le faire acheter en médiathèque, à le laisser en salle d’attente pour les professionnels, à mettre des commentaires positifs et des étoiles sur Amazon 😉
Merci à vous !!
PS : Et puis on va le dire une bonne fois très fort : « le cycle ce n’est pas que les règles… » Si le cycle ne se vit qu’en fonction des règles, le rapport au temps est séquencé il n’est pas cyclique…On s’épuise à ne considérer que les règles alors qui si on découvre toute la roue, le monde avance…
Bien vivre le cycle féminin, Gabrielle Vialla, éd. Artège, février 2020, 15.90 €
24.7 x 17.5 cm, 64 p. ISBN 979-1033609322
En librairie, sur Amazon, Fnac, la Procure, Livres en famille (librairie indépendante)

Gabrielle Vialla kiffe-t-elle son cycle ?
Ce titre est une allusion aux propositions qui commencent à voir le jour, dont « kiffe ton cycle ». Vous êtes nombreux à me poser la question de façon plus ou moins détournée… alors je décide de vous répondre largement. Ce sera plus rapide ! En général soyons honnête « je kiffe R »(rien) comme disent mes grandes filles pour la simple et excellente raison que je suis une « daronne » (entendre par là une mère de famille) et que j’assume ce statut en parlant comme une mère de famille dont l’aînée a vingt ans, et non comme une ado… Si je n’avais pas peur d’aggraver encore mon cas avec un peu d’anglais (langue que je ne maîtrise pas non plus) je dirais que je suis old school…
Plus sérieusement je suis une passionnée du cycle féminin et de son implication dans la vie des femmes. Ce cycle merveilleux, inscrit en la femme, est devenu une énigme pour de nombreuses femmes depuis l’avènement de la culture contraceptive.
Or la femme qui ne respecte pas son mode d’emploi épuise ses ressources. Capacités émotionnelles mais aussi sportives, intellectuelles, relationnelles, spirituelles… On peut prendre l’image qui consiste à passer d’un système d’énergies renouvelables à un système d’énergies non renouvelables, ultra polluant. N’est ce pas là un beau gâchis à l’ère de l’urgence écologique ?
La problématique est posée : comment vivre le cycle aujourd’hui, dans un monde qui, à la suite de Simone de Beauvoir veut débarrasser la femme d’elle-même pour qu’économiquement elle soit un individu le plus rentable possible ?
Je ne peux donc que me réjouir de voir les initiatives qui sont faites pour présenter le cycle comme un langage destiné à la femme elle-même afin qu’elle puisse se connaître, s’aimer dans sa féminité. Pour qu’ensuite, elle puisse vivre le féminin dans une réciprocité constructive avec le masculin.
Derrière toute problématique, il y a un regard. Regard qui conditionne aussi bien la réponse donnée, que le titre et les images utilisées par les auteurs. Derrière les réactions de mes amis je suis interrogée sur le regard que je pose sur le cycle. Certainement parce que j’ai écrit Recevoir le féminin et que le cycle y a une belle place ! J’y laisse entrevoir que le cycle est un univers en soit avec quatre éléments l’air, l’eau, la terre et le feu… Chaque femme est unique comme chaque type fleur, chaque région ou pays dans lesquels l’eau, la terre sera plus ou moins présente.
Bien vivre le cycle féminin va paraître en février chez Artège : un regard contemplatif, une porte vers l’intériorité, une possibilité de faire fructifier ses talents. Bien vivre son cycle féminin c’est rendre concret la complémentarité du masculin et du féminin.
Bien vivre le cycle féminin est un album magnifiquement illustré par mon amie Pauline Nitsch qui renouvellera votre regard sur le cycle féminin, sur les admirables potentialités du cycle sans occulter les difficultés réelles que cela constitue aujourd’hui. Bien vivre le cycle féminin est un bel outil de transmission mère/ fille, mère/fils… en français 🙂
Pour aller plus loin : cette interview avec le magazine Zélie
Nous avons besoin d’une juste autorité masculine
paru dans Famille Chrétienne N° 2147 du 9 au 15 mars 2019, p. 25.
Le féminisme rejette l’autorité masculine. Pourtant chez saint Paul, l’époux est le chef de la femme (Ep 5, 23), dans l’Église le curé est le chef de la paroisse, l’évêque le chef du diocèse, le pape etc. Cette autorité de l’homme fait réagir, à juste titre, nos cœurs et nos intelligences de femmes, parce que nous avons connu des autorités arbitraires, abusives. Nous assistons aussi à des attitudes masculines condescendantes ou démagogiques face à la femme : c’est tout autant méprisant. Nous percevons que l’autorité masculine, si elle est juste, ne peut se concevoir sans que l’homme considère pleinement la femme et sa vocation. L’homme n’est pas appelé à vivre seul, ni à décider sans tenir compte de la femme. Au contraire, il décide en fonction de celle qui lui est confiée. Saint Joseph est un magnifique exemple de cette juste autorité, capable de recevoir le féminin, de s’adapter à lui. Dans l’évangile, suite aux demandes de l’ange, lorsque Joseph décide, on n’entend aucun murmure. Silence éloquent de l’évangile si on le compare à l’autorité de Zacharie, mise à mal parce que lui n’a pas su accueillir avec gratitude, avec émerveillement ce que Dieu faisait pour lui, en passant par sa femme Élisabeth.
En réalité l’autorité de Joseph est tellement naturelle qu’on oublie de la contempler. On note souvent son humilité et son obéissance, mais quelle admirable autorité sans fanfaronnade ! Joseph est celui qui fait grandir, c’est le même sens que le mot latin auctor qui a donné autorité.
On retrouve cette autorité de Joseph dans la phrase de Marie « Ton père et moi nous te cherchions », lors du recouvrement de Jésus au Temple. À croire certains commentateurs, ce serait Marie, tellement « supérieure », qui ferait ainsi attention à l’amour propre de Joseph. Je n’adhère pas à cela. Cela sonne faux. Les mères de familles peuvent tester : il n’est possible de dire à son enfant « Papa et moi avons décidé… » que si la communication entre mari et femme sur le sujet donné est réelle et qu’elle a abouti à un même sentiment, une décision conjointe, si possible synthétisée par l’homme, mais qui découle presque comme une évidence ! Psychologie féminine oblige, j’ajouterai qu’il ne faut pas de dissension sur un autre sujet non plus. Entre Marie et Joseph c’est harmonieux : l’autorité de Joseph n’est pas fictive, elle est permise par son humilité, c’est un service d’amour. Nous avons là une petite lumière sur ce que Joseph est pour Marie. Les femmes ont besoin de faire l’expérience de cette juste autorité masculine. La Vierge Marie s’appuie sur cette autorité avec gratitude. Ainsi dans l’épreuve, la fragilité, l’adversité, qu’il est bon, pour la femme, de savoir que l’autorité masculine viendra à son secours ! Je souhaite à chacune de vivre l’expérience de cette assurance, de cette sécurité donnée par l’autorité d’un père, un époux, qui n’a pas démissionné. Cette parfaite autorité douce et humble, qui ne fait jamais défaut – mais que si souvent nous rejetons – c’est celle du Christ, chef du corps qui est l’Église. Sans Lui, l’Église ne peut rien faire. Nous ne pouvons rien faire ! Comme femme, je reconnais que j’ai besoin de cette autorité douce, humble, magnifique du Christ dans ma vie, et je peux, à cette école et à celle de Marie, apprendre ce qu’Il attend de moi en retour.
Gabrielle Vialla
À retrouver en librairie : Recevoir le Féminin, éd. Fécondité, 2018
Hystérectomie (ablation de l’utérus) : Interrogations et questions pratiques sur la déclaration de la CDF
Il convient de lire d’abord le texte original de la Congrégation sur la Doctrine de la Foi du 3 janvier 2019.
1) Donner naissance ou donner la vie?
Il y est écrit comme pivot de l’argumentation : « La finalité du processus de procréation est de donner naissance à une créature ; or… ».
La finalité de la procréation est de donner la vie à une créature. La naissance, comme le sevrage, la marche, la parole, etc. ne sont que des étapes. Sur le plan surnaturel, la finalité de la procréation c’est la vie éternelle, et sur le plan naturel la dernière étape est la mort naturelle.
Face à la culture de mort, une définition de la procréation qui omet qu’elle est indissociable de l’union de l’homme et de la femme, et que celle-ci débute à la conception, suscite un peu de malaise. Car de votre définition de la finalité de la procréation dépendra votre agir moral.
Une erreur s’est peut-être glissée ? Ne faut-il pas lire « la finalité du processus de gestation est de donner naissance à une créature » ?
2) Le bénéfice recherché
Le raisonnement fait part d’une intention : enlever un organe déficient (en l’occurrence l’utérus), qui puisse légitimer la privation, non recherchée pour elle-même, de la procréation – si non comment distinguer cette intervention de la stérilisation ? Demandons-nous si ce même acte serait légitime si la grossesse était déjà engagée ? Le bon sens plaide pour la négative et reconnaît que ce ne serait pas proportionnel et qu’il n’y a pas d’urgence puisque la santé de la mère n’est pas concernée. Mais du même coup on admet que l’utérus même déficient est encore au service de la croissance de l’être humain.
Le paradoxe est que si l’organe était totalement déficient, incapable d’assurer une quelconque croissance fœtale, l’opération ne serait plus nécessaire puisque sont écartées ici dès le départ les situations où le bénéfice recherché est la santé et le traitement maternel.
On s’interroge, alors, sur le bénéfice réel de l’opération. Quel est-il exactement ?
3) Situations rencontrées
La grande inconnue de ce texte concerne la nature des situations qui ouvrent à la licéité de l’hystérectomie. Voici trois types de cas que j’ai réellement rencontrés, qui pourraient être concernés, laissant à mon sens bien des interrogations. Le cas 1, je ne l’ai vu qu’une fois mais cela doit être fréquent dans d’autres pays. Le cas 2, j’y ai été confrontée plus d’une dizaine de fois. Le cas 3, bien plus encore…
– Cas 1 : Hystérectomie chez une femme ayant subi 6 césariennes. L’argument donné par le corps médical fut qu’une nouvelle grossesse se terminerait mal. Le couple a subi une forte pression. L’épouse ne maîtrisait pas le français à l’époque. Ce cas rentre-t-il dans le cadre de la décision de la CDF ? Avec mon époux nous avons rencontré ce couple après l’hystérectomie. Ils n’avaient jamais entendu parler de méthode naturelle. Ils savaient que la contraception c’est mal… c’est tout. Lui va à la messe tous les jours pourtant depuis de nombreuses années. Quand cette femme a appris que la connaissance de soi, le respect du rythme féminin, était possible, et permet de se remettre d’une grossesse avant d’en entamer une autre ; que l’Église le sait mais que peu de clercs et laïcs l’annoncent, en particulier vis-à-vis de certaines populations, elle en a été profondément bouleversée.
– Cas 2 : Propositions d’hystérectomie chez des femmes qui, après plusieurs enfants rapprochés (3, 4…) ont des fausses couches à répétition, avec ou sans curetage. Là encore, les pressions médicales sont fréquentes. Il s’agit souvent de couples qui, c’est heureux, sont très féconds et n’utilisent pas de contraception ; mais qui n’ont pas non plus mis en place de continence périodique pour espacer les naissances. Bien tristement, on pourrait parler de « régulation des naissances par épuisement utérin ». Au vu de ces fausses couches à répétition, les gynécologues proposent l’opération, pour « soulager » la souffrance morale de ces familles. On peut trouver chez ces couples le désir d’un autre enfant, ou plus exactement le principe « d’accueillir tous les enfants que Dieu donnera ». En revanche, il existe bien souvent une méfiance envers la régulation naturelle des naissances ; les méthodes naturelles étant assimilées, à tort, à une contraception naturelle. Il n’a pas jamais été intégré la nécessité de prendre soin de la fécondité, la nécessité de « récupérer » entre deux grossesses. Le fait de connaître la fécondité et d’agir de façon raisonnable, raisonnée, à ce sujet, est suspecté. Cela peut même être théorisé de façon théologique. Plus profondément, on trouve pour ce type de cas certes un refus de la contraception, mais moins explicitement avoué un refus de la tempérance sexuelle dans le mariage. La proposition de la RNN même tardive – forcément exigeante car ni connaissance de la fécondité ni maîtrise de soi ne sont acquises – se heurte à de grandes réticences.
– Cas 3 : Propositions d’hystérectomie pour saignements abondants, quelquefois incoercibles, avec anémie à la péri-ménopause. On retrouve non exclusivement des situations d’« épuisement utérin » ; d’autres pathologies sont possibles. La prévention est un certain espacement des naissances, mais il y existe aussi des traitements médicamenteux et hormonaux par exemple pour aider à la restauration de la paroi utérine. À prendre avant que la situation ne se dégrade terriblement. C’est ce que font la plupart des femmes. Mais étonnement, certaines s’y refusent. Là aussi on peut constater des peurs, non proportionnées et exagérées contre les hormones qui seraient abortives, alors qu’ici l’endomètre est probablement rendu impropre à la nidation par la maladie elle-même. Face à ces situations concrètes, certains théologiens ne devraient-ils pas approfondir le sujet et éventuellement revoir leur copie ? Certaines femmes acquiescent rapidement au traitement chirurgical. Dans un nombre non négligeable de cas, c’est objectivement abusif… et cela cache d’autres « peurs », dont la plus courante est la grossesse tardive quand les saignements seront résolus, parce que la maîtrise de soi n’a jamais été atteinte avec le degré de maturité suffisant à la sérénité conjugale.
Précision : j’ai distingué les cas 2 et 3 car le cas 3 pourrait entrer dans le cadre de la décision de la CDF de 1993, puisqu’il s’agit de volontaire indirect où l’intention est le traitement de pathologies maternelles. Ce qui n’est pas vrai pour le cas 2, qui a « besoin » de cette nouvelle déclaration.
4) C’est l’occasion de relire le texte de la décision de la CDF de 1993
À retrouver ici sur le site du Vatican. On y lit entre autres cette question n°2 :
« Q. 2.Quand l’utérus (par exemple à cause de césariennes précédentes) se trouve dans un tel état que, bien qu’il ne constitue pas en lui-même un danger actuel pour la vie ou la santé de la femme, l’on prévoit qu’il ne sera plus capable de porter à terme une future grossesse sans danger pour la mère, danger qui pourrait s’avérer assez grave dans certains cas, est-il licite de l’enlever (hystérectomie) pour prévenir cet éventuel danger futur provenant d’une conception?
R. Non. »
Et un extrait de l’explication : « Les interventions décrites ci-dessus n’ont donc pas un caractère proprement thérapeutique, mais elles sont effectuées pour rendre stériles les futurs actes sexuels fertiles, librement accomplis. »
5) La bonne foi et le discernement du médecin ?
On peut ajouter cette remarque : la CDF donne dans cet avis du 3 janvier 2019 une part importante à la bonne foi et au discernement du médecin. Aujourd’hui dans notre pays on doit relever et mettre en garde contre le parti pris idéologique de la majorité du corps médical, en particulier quand la femme a déjà eu de nombreux enfants – entendre plus de deux ou trois.
Mon témoignage personnel est qu’après quatre enfants rapprochés et deux fausses couches… j’étais « médicalement » mal partie. (Recevoir le féminin pp. 60-61). Avec une régulation des naissances intelligente (retrouver de beaux cycles avant d’attendre l’enfant suivant), j’attends aujourd’hui mon huitième ! Impossible à prévoir à l’époque. Là aussi, il faut faire remarquer le caractère dramatique de l’hystérectomie qui est définitive. Qui peut prétendre qu’un traitement ou une solution n’arrivera pas dans 3, 5 ans ? Sachant que, dans le même temps, les femmes peuvent avoir aussi des grossesses à un âge plus avancé.
6) Vers l’estime et le respect du féminin
Enfin l’hystérectomie n’est pas un acte banal. Les répercussions sur la vie de la femme peuvent être importantes (estime de soi, libido…) Je me suis souvent interrogée sur une possible culpabilité et une gêne à aborder ensuite les sujets féminins à leurs filles chez les femmes où cette solution fut prise pour de mauvais motifs. On ne retrouve pas cela, à mon sens, quand cette opération arrive en dernier recours, pour traiter un cancer, une maladie ou une gêne invalidante (descente d’organes, fibromes etc.) On entend alors au contraire une belle louange à cet organe regretté, précieux, qui a porté la vie et dont il convient de prendre soin !
Derrière cette résolution de cas extrêmes n’y a-t-il pas des enjeux bien réels : l’estime du féminin, le respect et le fait de prendre soin de la fécondité féminine, par définition fragile et temporaire… Cela doit apparaître chez les époux chrétiens mais aussi dans les discours des clercs et des théologiens. Quand prendrons-nous conscience que l’annonce est bien trop marginale ? que les méthodes naturelles peuvent être un merveilleux moyen d’éducation conjugale au service de la paternité et de la maternité ?
À retrouver en librairie :
Recevoir le Féminin, éd. Fécondité, 2018
Humanae Vitae, texte intégral commenté, éd. Artège, 2018
Confidences Billings à un frère prêtre, éd. Centre Billings France, 2015
Journée prêtres à Toulouse le lundi 18 mars


À diffuser et à faire connaître ! voir l’invitation en format pdf
Renseignements et inscriptions : journeepretre18mars@gmail.com


















