Confidences d’un prêtre à ses frères et sœurs Billings
Abbaye Notre-Dame de Triors
25 janvier 2020
Conférence d’un moine bénédictin
J’ai choisi ce titre en référence, bien sûr, à un ouvrage célèbre… mais aussi parce que le mot confidence exprime bien le ton que je voudrais donner à cette rencontre, et ma joie de me retrouver parmi vous aujourd’hui, en présence d’un petit troupeau que je considère vraiment comme privilégié, aimé du Seigneur. Et puis, je vous l’avoue, le pluriel de ce mot Confidences me rassure parce qu’il me permet de remédier au défaut de structure de mon propos, dû à un manque de temps dans la préparation. Pas de plan précis, donc, pas de parties bien délimitées, mais un propos à thèmes multiples, des confidences en vrac, un petit bouquet de simples réflexions sur un sujet qui me tient à cœur.
C’est la troisième fois en trois ans, que l’abbaye de Triors est associée plus étroitement à des événements Billings : il y a eu la journée prêtres, le 12 juin 2017 ; puis la journée Humanæ vitæ, le 8 septembre 2018, ouverte à tous ; et maintenant cette journée destinée principalement aux couples moniteurs. Stéphanie m’a demandé de dire en quelques mots ce que cela implique pour les moines de Triors. J’y reviendrai plus loin.
Le thème de la journée, c’est Prendre de la hauteur… Je voudrais réfléchir avec vous d’abord sur ce thème. Vous êtes venus dans un monastère, c’est-à-dire dans un lieu où, en principe, on ne fait que chercher la présence de Dieu. Saint Benoît (comme Jésus lui-même semble-t-il) aime les montagnes, et les monastères bénédictins (à commencer par le Mont Cassin, édifié par Saint Benoît lui-même) sont souvent construits sur des hauteurs, une façon de signifier que la vie spirituelle, la vie contemplative, qui est en chacun de nous, est la réalité la plus noble, la plus haute de notre existence humaine, que la présence de Dieu dans notre vie est un sommet à conquérir, non comme une évidence facile à posséder, mais comme le fruit d’une quête ardente et incessante. Et pour vous qui avez sans doute l’impression de vivre trop souvent dans la plaine des multiples soucis terrestres, cette ascension vers un air plus pur, vers des perspectives plus larges et plus belles, signifie aussi un retour à l’intérieur de vous-même, dans votre relation avec Dieu, en tant que personne individuelle et aussi en tant que couple. Cette journée qui vous invite à prendre de la hauteur, est une occasion pour vous de faire le point sur votre âme, de faire le point sur votre vie de couple, faire le point sur votre chasteté, sur votre fécondité, ad intra et ad extra. Ce n’est pas seulement aujourd’hui, bien sûr, qu’il vous est donné de prendre de la hauteur. D’une certaine manière, chaque dimanche, sanctifié par l’Eucharistie, représente un sommet dans vos semaines de labeur, un moment privilégié pour prendre de la hauteur.Lire plus
Bien vivre le cycle féminin
Voici enfin Bien vivre le cycle féminin ! Bel ouvrage pour les jeunes à partir de la puberté, illustré d’aquarelles par mon amie Pauline Nitsch.
Ce livre est écrit sous forme d’une lettre à mes enfants. Je l’ai conçu pour qu’on puisse l’offrir à leurs cousines et cousins, leurs amis – ceux du scoutisme, du collège privé, hors contrat, comme ceux du lycée public ou de la fac. Pour le jeune qui se réfugie à l’adoration, mais aussi le catéchumène, la musulmane, la révoltée, le taiseux, le sportif, la cérébrale, l’agnostique… Comme l’a dit si bien une amie : « Que mon fils soit prévenu cela ne suffit pas, je veux aussi que toutes les amies de mon fils, partout, puissent l’être »
Ce livre aborde donc le sujet passionnant du cycle avec pudeur et profondeur ; au moyen des 4 éléments. Il ne se situe que sur le plan naturel. Pour cette fois, mon lexique préféré – chasteté, régulation des naissances, méthode Billings, bible, magistère, catéchisme, encyclique Humanae vitae… – n’y figure pas. Je fais le pari et je vous lance ce pari : le proposer dans les familles où les parents connaissent ce lexique 😉 et où la transmission mère/fille, mère/fils sur le cycle reste pourtant un défi ; mais le proposer aussi où ce lexique est ignoré, si possible en impliquant nos jeunes !
Attention : Il ne s’agit pas d’un livre de physiologie. Les cours de biologie abordent cela dès le CM2, puis en 4e… Certains jeunes ne veulent plus rien entendre sur l’anatomie etc. Ils connaissent déjà. Sic.
Il ne s’agit pas non plus d’éducation sexuelle et affective car il y a de nombreuses belles propositions qui sont faites pour nos jeunes. Je réponds tout simplement à deux questions fondamentales. Fille ou garçon y lisent réciproquement les réponses au fil des 64 pages.
– Pour la fille : comment se connaître et développer ses talents sans lutter contre le cycle mais en l’accueillant dans toutes ses dimensions, positives mais aussi difficiles ?
– Pour le garçon : comment répondre à la saine curiosité sur le thème de la fille, pour gagner en maîtrise de soi, en fermeté vis à vis des sollicitations de la pornographie, et avoir de l’aplomb dans les discussions ?
Ces défis – vous en êtes conscients – concernent la transmission et le climat culturel. J’apporte ici une modeste contribution, pour un regard renouvelé sur ce cycle unique pour chacune. Sujet qui me passionne depuis 25 ans !
Vous pouvez le commander dès à présent chez votre libraire, sur les sites marchands.
S’il vous a plu, n’hésitez pas à l’offrir à vos grands filleuls, à le proposer comme complément là où vous œuvrez déjà pour les jeunes, à le faire acheter en médiathèque, à le laisser en salle d’attente pour les professionnels, à mettre des commentaires positifs et des étoiles sur Amazon 😉
Merci à vous !!
PS : Et puis on va le dire une bonne fois très fort : « le cycle ce n’est pas que les règles… » Si le cycle ne se vit qu’en fonction des règles, le rapport au temps est séquencé il n’est pas cyclique…On s’épuise à ne considérer que les règles alors qui si on découvre toute la roue, le monde avance…
Bien vivre le cycle féminin, Gabrielle Vialla, éd. Artège, février 2020, 15.90 €
24.7 x 17.5 cm, 64 p. ISBN 979-1033609322
En librairie, sur Amazon, Fnac, la Procure, Livres en famille (librairie indépendante)
Gabrielle Vialla kiffe-t-elle son cycle ?
Ce titre est une allusion aux propositions qui commencent à voir le jour, dont « kiffe ton cycle ». Vous êtes nombreux à me poser la question de façon plus ou moins détournée… alors je décide de vous répondre largement. Ce sera plus rapide ! En général soyons honnête « je kiffe R »(rien) comme disent mes grandes filles pour la simple et excellente raison que je suis une « daronne » (entendre par là une mère de famille) et que j’assume ce statut en parlant comme une mère de famille dont l’aînée a vingt ans, et non comme une ado… Si je n’avais pas peur d’aggraver encore mon cas avec un peu d’anglais (langue que je ne maîtrise pas non plus) je dirais que je suis old school…
Plus sérieusement je suis une passionnée du cycle féminin et de son implication dans la vie des femmes. Ce cycle merveilleux, inscrit en la femme, est devenu une énigme pour de nombreuses femmes depuis l’avènement de la culture contraceptive.
Or la femme qui ne respecte pas son mode d’emploi épuise ses ressources. Capacités émotionnelles mais aussi sportives, intellectuelles, relationnelles, spirituelles… On peut prendre l’image qui consiste à passer d’un système d’énergies renouvelables à un système d’énergies non renouvelables, ultra polluant. N’est ce pas là un beau gâchis à l’ère de l’urgence écologique ?
La problématique est posée : comment vivre le cycle aujourd’hui, dans un monde qui, à la suite de Simone de Beauvoir veut débarrasser la femme d’elle-même pour qu’économiquement elle soit un individu le plus rentable possible ?
Je ne peux donc que me réjouir de voir les initiatives qui sont faites pour présenter le cycle comme un langage destiné à la femme elle-même afin qu’elle puisse se connaître, s’aimer dans sa féminité. Pour qu’ensuite, elle puisse vivre le féminin dans une réciprocité constructive avec le masculin.
Derrière toute problématique, il y a un regard. Regard qui conditionne aussi bien la réponse donnée, que le titre et les images utilisées par les auteurs. Derrière les réactions de mes amis je suis interrogée sur le regard que je pose sur le cycle. Certainement parce que j’ai écrit Recevoir le féminin et que le cycle y a une belle place ! J’y laisse entrevoir que le cycle est un univers en soit avec quatre éléments l’air, l’eau, la terre et le feu… Chaque femme est unique comme chaque type fleur, chaque région ou pays dans lesquels l’eau, la terre sera plus ou moins présente.
Bien vivre le cycle féminin va paraître en février chez Artège : un regard contemplatif, une porte vers l’intériorité, une possibilité de faire fructifier ses talents. Bien vivre son cycle féminin c’est rendre concret la complémentarité du masculin et du féminin.
Bien vivre le cycle féminin est un album magnifiquement illustré par mon amie Pauline Nitsch qui renouvellera votre regard sur le cycle féminin, sur les admirables potentialités du cycle sans occulter les difficultés réelles que cela constitue aujourd’hui. Bien vivre le cycle féminin est un bel outil de transmission mère/ fille, mère/fils… en français 🙂
Pour aller plus loin : cette interview avec le magazine Zélie
Nous avons besoin d’une juste autorité masculine
paru dans Famille Chrétienne N° 2147 du 9 au 15 mars 2019, p. 25.
Le féminisme rejette l’autorité masculine. Pourtant chez saint Paul, l’époux est le chef de la femme (Ep 5, 23), dans l’Église le curé est le chef de la paroisse, l’évêque le chef du diocèse, le pape etc. Cette autorité de l’homme fait réagir, à juste titre, nos cœurs et nos intelligences de femmes, parce que nous avons connu des autorités arbitraires, abusives. Nous assistons aussi à des attitudes masculines condescendantes ou démagogiques face à la femme : c’est tout autant méprisant. Nous percevons que l’autorité masculine, si elle est juste, ne peut se concevoir sans que l’homme considère pleinement la femme et sa vocation. L’homme n’est pas appelé à vivre seul, ni à décider sans tenir compte de la femme. Au contraire, il décide en fonction de celle qui lui est confiée. Saint Joseph est un magnifique exemple de cette juste autorité, capable de recevoir le féminin, de s’adapter à lui. Dans l’évangile, suite aux demandes de l’ange, lorsque Joseph décide, on n’entend aucun murmure. Silence éloquent de l’évangile si on le compare à l’autorité de Zacharie, mise à mal parce que lui n’a pas su accueillir avec gratitude, avec émerveillement ce que Dieu faisait pour lui, en passant par sa femme Élisabeth.
En réalité l’autorité de Joseph est tellement naturelle qu’on oublie de la contempler. On note souvent son humilité et son obéissance, mais quelle admirable autorité sans fanfaronnade ! Joseph est celui qui fait grandir, c’est le même sens que le mot latin auctor qui a donné autorité.
On retrouve cette autorité de Joseph dans la phrase de Marie « Ton père et moi nous te cherchions », lors du recouvrement de Jésus au Temple. À croire certains commentateurs, ce serait Marie, tellement « supérieure », qui ferait ainsi attention à l’amour propre de Joseph. Je n’adhère pas à cela. Cela sonne faux. Les mères de familles peuvent tester : il n’est possible de dire à son enfant « Papa et moi avons décidé… » que si la communication entre mari et femme sur le sujet donné est réelle et qu’elle a abouti à un même sentiment, une décision conjointe, si possible synthétisée par l’homme, mais qui découle presque comme une évidence ! Psychologie féminine oblige, j’ajouterai qu’il ne faut pas de dissension sur un autre sujet non plus. Entre Marie et Joseph c’est harmonieux : l’autorité de Joseph n’est pas fictive, elle est permise par son humilité, c’est un service d’amour. Nous avons là une petite lumière sur ce que Joseph est pour Marie. Les femmes ont besoin de faire l’expérience de cette juste autorité masculine. La Vierge Marie s’appuie sur cette autorité avec gratitude. Ainsi dans l’épreuve, la fragilité, l’adversité, qu’il est bon, pour la femme, de savoir que l’autorité masculine viendra à son secours ! Je souhaite à chacune de vivre l’expérience de cette assurance, de cette sécurité donnée par l’autorité d’un père, un époux, qui n’a pas démissionné. Cette parfaite autorité douce et humble, qui ne fait jamais défaut – mais que si souvent nous rejetons – c’est celle du Christ, chef du corps qui est l’Église. Sans Lui, l’Église ne peut rien faire. Nous ne pouvons rien faire ! Comme femme, je reconnais que j’ai besoin de cette autorité douce, humble, magnifique du Christ dans ma vie, et je peux, à cette école et à celle de Marie, apprendre ce qu’Il attend de moi en retour.
Gabrielle Vialla
À retrouver en librairie : Recevoir le Féminin, éd. Fécondité, 2018
Hystérectomie (ablation de l’utérus) : Interrogations et questions pratiques sur la déclaration de la CDF
Il convient de lire d’abord le texte original de la Congrégation sur la Doctrine de la Foi du 3 janvier 2019.
1) Donner naissance ou donner la vie?
Il y est écrit comme pivot de l’argumentation : « La finalité du processus de procréation est de donner naissance à une créature ; or… ».
La finalité de la procréation est de donner la vie à une créature. La naissance, comme le sevrage, la marche, la parole, etc. ne sont que des étapes. Sur le plan surnaturel, la finalité de la procréation c’est la vie éternelle, et sur le plan naturel la dernière étape est la mort naturelle.
Face à la culture de mort, une définition de la procréation qui omet qu’elle est indissociable de l’union de l’homme et de la femme, et que celle-ci débute à la conception, suscite un peu de malaise. Car de votre définition de la finalité de la procréation dépendra votre agir moral.
Une erreur s’est peut-être glissée ? Ne faut-il pas lire « la finalité du processus de gestation est de donner naissance à une créature » ?
2) Le bénéfice recherché
Le raisonnement fait part d’une intention : enlever un organe déficient (en l’occurrence l’utérus), qui puisse légitimer la privation, non recherchée pour elle-même, de la procréation – si non comment distinguer cette intervention de la stérilisation ? Demandons-nous si ce même acte serait légitime si la grossesse était déjà engagée ? Le bon sens plaide pour la négative et reconnaît que ce ne serait pas proportionnel et qu’il n’y a pas d’urgence puisque la santé de la mère n’est pas concernée. Mais du même coup on admet que l’utérus même déficient est encore au service de la croissance de l’être humain.
Le paradoxe est que si l’organe était totalement déficient, incapable d’assurer une quelconque croissance fœtale, l’opération ne serait plus nécessaire puisque sont écartées ici dès le départ les situations où le bénéfice recherché est la santé et le traitement maternel.
On s’interroge, alors, sur le bénéfice réel de l’opération. Quel est-il exactement ?
3) Situations rencontrées
La grande inconnue de ce texte concerne la nature des situations qui ouvrent à la licéité de l’hystérectomie. Voici trois types de cas que j’ai réellement rencontrés, qui pourraient être concernés, laissant à mon sens bien des interrogations. Le cas 1, je ne l’ai vu qu’une fois mais cela doit être fréquent dans d’autres pays. Le cas 2, j’y ai été confrontée plus d’une dizaine de fois. Le cas 3, bien plus encore…
– Cas 1 : Hystérectomie chez une femme ayant subi 6 césariennes. L’argument donné par le corps médical fut qu’une nouvelle grossesse se terminerait mal. Le couple a subi une forte pression. L’épouse ne maîtrisait pas le français à l’époque. Ce cas rentre-t-il dans le cadre de la décision de la CDF ? Avec mon époux nous avons rencontré ce couple après l’hystérectomie. Ils n’avaient jamais entendu parler de méthode naturelle. Ils savaient que la contraception c’est mal… c’est tout. Lui va à la messe tous les jours pourtant depuis de nombreuses années. Quand cette femme a appris que la connaissance de soi, le respect du rythme féminin, était possible, et permet de se remettre d’une grossesse avant d’en entamer une autre ; que l’Église le sait mais que peu de clercs et laïcs l’annoncent, en particulier vis-à-vis de certaines populations, elle en a été profondément bouleversée.
– Cas 2 : Propositions d’hystérectomie chez des femmes qui, après plusieurs enfants rapprochés (3, 4…) ont des fausses couches à répétition, avec ou sans curetage. Là encore, les pressions médicales sont fréquentes. Il s’agit souvent de couples qui, c’est heureux, sont très féconds et n’utilisent pas de contraception ; mais qui n’ont pas non plus mis en place de continence périodique pour espacer les naissances. Bien tristement, on pourrait parler de « régulation des naissances par épuisement utérin ». Au vu de ces fausses couches à répétition, les gynécologues proposent l’opération, pour « soulager » la souffrance morale de ces familles. On peut trouver chez ces couples le désir d’un autre enfant, ou plus exactement le principe « d’accueillir tous les enfants que Dieu donnera ». En revanche, il existe bien souvent une méfiance envers la régulation naturelle des naissances ; les méthodes naturelles étant assimilées, à tort, à une contraception naturelle. Il n’a pas jamais été intégré la nécessité de prendre soin de la fécondité, la nécessité de « récupérer » entre deux grossesses. Le fait de connaître la fécondité et d’agir de façon raisonnable, raisonnée, à ce sujet, est suspecté. Cela peut même être théorisé de façon théologique. Plus profondément, on trouve pour ce type de cas certes un refus de la contraception, mais moins explicitement avoué un refus de la tempérance sexuelle dans le mariage. La proposition de la RNN même tardive – forcément exigeante car ni connaissance de la fécondité ni maîtrise de soi ne sont acquises – se heurte à de grandes réticences.
– Cas 3 : Propositions d’hystérectomie pour saignements abondants, quelquefois incoercibles, avec anémie à la péri-ménopause. On retrouve non exclusivement des situations d’« épuisement utérin » ; d’autres pathologies sont possibles. La prévention est un certain espacement des naissances, mais il y existe aussi des traitements médicamenteux et hormonaux par exemple pour aider à la restauration de la paroi utérine. À prendre avant que la situation ne se dégrade terriblement. C’est ce que font la plupart des femmes. Mais étonnement, certaines s’y refusent. Là aussi on peut constater des peurs, non proportionnées et exagérées contre les hormones qui seraient abortives, alors qu’ici l’endomètre est probablement rendu impropre à la nidation par la maladie elle-même. Face à ces situations concrètes, certains théologiens ne devraient-ils pas approfondir le sujet et éventuellement revoir leur copie ? Certaines femmes acquiescent rapidement au traitement chirurgical. Dans un nombre non négligeable de cas, c’est objectivement abusif… et cela cache d’autres « peurs », dont la plus courante est la grossesse tardive quand les saignements seront résolus, parce que la maîtrise de soi n’a jamais été atteinte avec le degré de maturité suffisant à la sérénité conjugale.
Précision : j’ai distingué les cas 2 et 3 car le cas 3 pourrait entrer dans le cadre de la décision de la CDF de 1993, puisqu’il s’agit de volontaire indirect où l’intention est le traitement de pathologies maternelles. Ce qui n’est pas vrai pour le cas 2, qui a « besoin » de cette nouvelle déclaration.
4) C’est l’occasion de relire le texte de la décision de la CDF de 1993
À retrouver ici sur le site du Vatican. On y lit entre autres cette question n°2 :
« Q. 2.Quand l’utérus (par exemple à cause de césariennes précédentes) se trouve dans un tel état que, bien qu’il ne constitue pas en lui-même un danger actuel pour la vie ou la santé de la femme, l’on prévoit qu’il ne sera plus capable de porter à terme une future grossesse sans danger pour la mère, danger qui pourrait s’avérer assez grave dans certains cas, est-il licite de l’enlever (hystérectomie) pour prévenir cet éventuel danger futur provenant d’une conception?
R. Non. »
Et un extrait de l’explication : « Les interventions décrites ci-dessus n’ont donc pas un caractère proprement thérapeutique, mais elles sont effectuées pour rendre stériles les futurs actes sexuels fertiles, librement accomplis. »
5) La bonne foi et le discernement du médecin ?
On peut ajouter cette remarque : la CDF donne dans cet avis du 3 janvier 2019 une part importante à la bonne foi et au discernement du médecin. Aujourd’hui dans notre pays on doit relever et mettre en garde contre le parti pris idéologique de la majorité du corps médical, en particulier quand la femme a déjà eu de nombreux enfants – entendre plus de deux ou trois.
Mon témoignage personnel est qu’après quatre enfants rapprochés et deux fausses couches… j’étais « médicalement » mal partie. (Recevoir le féminin pp. 60-61). Avec une régulation des naissances intelligente (retrouver de beaux cycles avant d’attendre l’enfant suivant), j’attends aujourd’hui mon huitième ! Impossible à prévoir à l’époque. Là aussi, il faut faire remarquer le caractère dramatique de l’hystérectomie qui est définitive. Qui peut prétendre qu’un traitement ou une solution n’arrivera pas dans 3, 5 ans ? Sachant que, dans le même temps, les femmes peuvent avoir aussi des grossesses à un âge plus avancé.
6) Vers l’estime et le respect du féminin
Enfin l’hystérectomie n’est pas un acte banal. Les répercussions sur la vie de la femme peuvent être importantes (estime de soi, libido…) Je me suis souvent interrogée sur une possible culpabilité et une gêne à aborder ensuite les sujets féminins à leurs filles chez les femmes où cette solution fut prise pour de mauvais motifs. On ne retrouve pas cela, à mon sens, quand cette opération arrive en dernier recours, pour traiter un cancer, une maladie ou une gêne invalidante (descente d’organes, fibromes etc.) On entend alors au contraire une belle louange à cet organe regretté, précieux, qui a porté la vie et dont il convient de prendre soin !
Derrière cette résolution de cas extrêmes n’y a-t-il pas des enjeux bien réels : l’estime du féminin, le respect et le fait de prendre soin de la fécondité féminine, par définition fragile et temporaire… Cela doit apparaître chez les époux chrétiens mais aussi dans les discours des clercs et des théologiens. Quand prendrons-nous conscience que l’annonce est bien trop marginale ? que les méthodes naturelles peuvent être un merveilleux moyen d’éducation conjugale au service de la paternité et de la maternité ?
À retrouver en librairie :
Recevoir le Féminin, éd. Fécondité, 2018
Humanae Vitae, texte intégral commenté, éd. Artège, 2018
Confidences Billings à un frère prêtre, éd. Centre Billings France, 2015
Journée prêtres à Toulouse le lundi 18 mars
À diffuser et à faire connaître ! voir l’invitation en format pdf
Renseignements et inscriptions : journeepretre18mars@gmail.com
21 janvier 2019 : journée pour tous les prêtres
À diffuser et à faire connaître ! voir l’invitation en format pdf
Renseignements et inscriptions : bruno.bettoli@catholique78.fr et 06 98 04 21 86
La mise en place de la régulation naturelle des naissances quand il y a des divergences entre les époux
50 ans après Humanae Vitae, on constate que la contraception s’est très largement répandue, au point d’apparaître incontournable aux yeux de la plupart de nos contemporains. Une situation pastorale se présente alors, comme une possibilité redoutable : qu’au sein d’un couple interlocuteur l’un des deux conjoints ait le désir de mettre en place et de vivre la régulation naturelle des naissances (RNN) mais que l’autre rejette cette proposition. Ne nous leurrons pas : ne pas accepter de rencontrer et d’accompagner une situation aussi délicate et pourtant fréquente, dénoterait une grande frilosité dans l’annonce de la vérité et de la beauté de la RNN… aussi bien pour les pasteurs que pour les foyers qui connaissent l’enseignement d’Humanae Vitae.
Situation hautement délicate au sujet de laquelle nous souhaitons offrir ici quelques réflexions pratiques et pastorales, en vue d’une meilleure collaboration entre prêtres et foyers moniteurs. Le but de ce document est d’aider les jeunes foyers moniteurs dans cet accompagnement, et de partager notre expérience avec les pasteurs.
Le cas le plus fréquent qui se présente aux foyers moniteurs est celui de la demande croissante d’épouses qui désirent vivre la RNN, alors que leur conjoint s’y oppose à divers degrés : de l’indifférence, l’agacement jusqu’à la franche hostilité.
Le fait
Il convient d’abord de distinguer des situations très différentes, pour un accompagnement plus approprié. Prenons ici deux exemples fréquents, et un peu caricaturaux :
– Un couple s’efforce d’observer la régulation naturelle des naissances, mais l’homme (crise de milieu de vie par exemple) se déclare fatigué de vivre les exigences de la RNN, parce que la continence lui pèse ou parce que le stress d’une nouvelle conception lui semble trop important. Il exerce alors une pression nouvelle sur son épouse. Le contexte plus large de ce refus mérite d’être pris en compte : une naissance précédente mal acceptée, des difficultés personnelles ou professionnelles, des problèmes de santé chez l’un des conjoints ou des membres de la famille, etc.
– L’autre situation, sur laquelle nous nous pencherons davantage dans la suite de ce document, est la conversion de l’épouse, notamment par la découverte de l’enseignement de l’Église sur la sexualité, avec la possibilité de la RNN, alors que jusqu’à présent la « norme » du couple était la contraception hormonale. Suite à cette découverte, l’épouse désire mettre en place la RNN, mais le mari s’y refuse. Ce refus peut être immédiat et péremptoire ou la conséquence d’un essai de mise en place par l’épouse seule, au cours duquel un enfant a été conçu. L’homme en déduit alors que « ça ne marche pas », sans qu’il n’ait jamais été vraiment impliqué.
Précisons avec soin qu’il existe autant de circonstances et de difficultés que de personnes rencontrées… Les raisons d’espérer (souvent imprévisibles) ne peuvent pas non plus être schématisées trop rapidement.
Nous n’oublions pas non plus le cas inverse où c’est l’homme qui désire observer la RNN et l’épouse qui refuse. Situation devant laquelle le foyer moniteur se trouve apparemment plus démuni, mais qui existe et qui, malgré la pauvreté plus grande des moyens à proposer, doit être accueillie avec compréhension et délicatesse.
Le rôle du foyer-moniteur
Comme la charte du Centre Billings France l’indique, nous voulons accorder, avec la plus rapide disponibilité possible, écoute, bienveillance, compréhension. Dans tous les cas, nous proposons d’abord de recevoir les deux conjoints ensemble pour un temps de partage qui permet à chacun de s’exprimer sans crainte de se voir jugé. Puis, dans un deuxième temps, nous nous efforçons de présenter les fondements physiologiques de la méthode ainsi que les différentes règles de prudence à observer, en n’hésitant pas à donner notre propre témoignage, pour que le couple se rende compte au mieux de la façon dont la méthode peut être vécue, et de ce qu’elle peut lui apporter. Nous prenons le temps, alors, de répondre aux questions soulevées par cette présentation de la méthode.
Tous les moniteurs expérimentés peuvent témoigner que cette première soirée, portée en amont dans la prière, et menée avec bienveillance et doigté, peut suffire à susciter une démarche positive chez un conjoint initialement récalcitrant.
Mais ce n’est pas magique non plus. Un homme arrivé avec des pieds de plomb peut malheureusement repartir encore plus en colère.
Il n’est pas toujours possible d’entrer en relation avec le conjoint. Dans ce cas, il s’agit de recevoir l’épouse autant de fois que cela s’avère nécessaire, sans se décourager, et renouveler la proposition de recevoir aussi le mari en assurant qu’il sera bien reçu, qu’il n’aura pas à parler s’il ne le désire pas, mais que le foyer moniteur lui donnera simplement son témoignage afin de lui montrer comment il est possible de vivre la chasteté conjugale.
Il est certes bon d’insister sur le mode d’emploi physiologique mais également sur le vécu concret, sur la réelle possibilité d’une harmonie conjugale – qui ne la désire pas ? – sur les bienfaits secondaires d’une continence authentique (voir Confidences Billings à un frère prêtre).
Le rôle fondamental de la monitrice vis-à-vis de l’épouse
Le second exemple décrit plus haut, où l’épouse essaye « seule » de mettre en place la RNN, représente un vrai défi pour la monitrice et pour l’épouse. C’est ici surtout que doivent régner disponibilité, compréhension, amitié, prière, attitude rassurante et dédramatisante. Car il s’agit d’essayer de mettre en place, dans un contexte conjugal tendu ou difficile, l’observation du cycle et la connaissance de la fécondité, c’est-à-dire concrètement, de pouvoir obtenir un tableau lisible, et, au-delà, une connaissance de soi de la part de l’épouse en demande, au moyen de l’observation intime d’elle-même.
Ne soyons pas naïfs (et les prêtres confesseurs ont aussi à le savoir !) : c’est particulièrement difficile à mettre en place, à cause du stress notamment et de la situation hormonale de l’épouse.
– Parce que, la plupart du temps, cet apprentissage fait suite à une longue expérience de la contraception hormonale, et que le corps va mettre du temps à s’en débarrasser.
– Parce que, la plupart du temps, la femme n’a jamais été attentive à sa féminité.
– Et surtout parce que, là où elle serait en droit d’attendre encouragements et patience de la part de son conjoint, l’épouse subit au contraire une pression sur ce sujet tabou. Or le stress (en particulier conjugal) a des répercussions sur l’état hormonal. Il se focalise sur deux points particuliers : la recherche inquiète des périodes agénésiques et la peur de se tromper.
– Enfin, (et ce n’est pas rien) il y a un lien entre fécondité et libido… C’est donc au moment même où l’épouse sera le plus spontanément portée vers son époux qu’elle devra avoir une attitude plus réservée.
Bref, la tâche est belle, certes, mais elle est aussi ardue, et elle ne pourra s’accomplir sans de nombreuses difficultés : découragement, lassitude, dévalorisation en soi de la féminité, ressentiment envers le conjoint absent, endurcissement face à lui, retour des anciennes tentations (qui ne sont peut-être pas si lointaines) et sollicitations nouvelles – masturbation, regards adultères, attitudes séductrices… Toutes ces difficultés qu’il est si important de pouvoir aussi confier au Seigneur, à travers la confession et/ou l’accompagnement spirituel. Le rôle de la monitrice est aussi de suggérer avec délicatesse la possibilité d’une telle démarche spirituelle.
Retenons que le plus important est sans doute de mettre en garde l’épouse contre le ressentiment et l’endurcissement à l’égard de son conjoint, car en réalité elle a surtout besoin de lui.
Que dit l’Église ?
Le Vade-mecum des confesseurs rappelle d’abord que « l’Église a toujours enseigné la malice intrinsèque de la contraception, c’est-à-dire de chacun des actes conjugaux rendus intentionnellement inféconds. Cet enseignement doit être considéré comme doctrine définitive et irréformable. La contraception s’oppose de manière grave à la chasteté matrimoniale, elle est contraire au bien de la transmission de la vie (aspect de procréation du mariage), et contraire au don réciproque des conjoints (aspect d’union du mariage). Elle blesse l’amour véritable et nie le rôle souverain de Dieu dans la transmission de la vie humaine. » (Vade-mecum des confesseurs, n°4)
Mais le même document reconnaît que « les cas de coopération au péché du conjoint, qui volontairement rend infécond l’acte unitif, présentent des difficultés spéciales. » (Vade-mecum des confesseurs, n°13)
Le péché du conjoint consiste ici dans l’usage, par le mari, d’une contraception « masculine ».
Le Vade-mecum prévoit alors, à certaines conditions, la licéité d’une telle coopération. Il faut en effet que :
1)- « L’action du conjoint coopérant ne soit pas déjà en elle-même illicite », c’est-à-dire que l’épouse, ici n’achète pas les contraceptifs, ni qu’elle ne les pose, ni bien sûr qu’elle s’en fasse prescrire.
Ici on trouve une application du principe mentionné dans HV 14 : « En vérité, s’il est parfois licite de tolérer un moindre mal moral afin d’éviter un mal plus grand ou de promouvoir un bien plus grand il n’est pas permis, même pour de très graves raisons, de faire le mal afin qu’il en résulte un bien. »
2)- « Il existe des motifs proportionnellement graves pour coopérer au péché du conjoint. » Le document ne précise pas la nature de ces motifs parce qu’ils sont nombreux et variés, propres à chaque couple mais on pense aux risques de ruptures au sein du couple à plus ou moins brève échéance, d’adultère, de dommages graves à l’éducation des enfants…
3)- « On cherche à aider le conjoint à abandonner un tel comportement (avec patience, par la prière, dans la charité, par le dialogue : mais pas nécessairement à ce moment, ni à chaque occasion). » (Ibid.)
Résumons les 3 conditions :
– il faut faire une distinction entre « poser personnellement un acte » contraceptif, ce qui est à exclure définitivement, et « tolérer » un acte posé par le conjoint.
– cette tolérance a pour but soit d’éviter un mal plus grand soit de préserver un bien plus grand (la vie commune par exemple). Tant que les efforts en vue de faire accepter la RNN, sont encore infructueux.
– enfin que l’intention soit la conversion personnelle et celle du conjoint
Le rôle du confesseur ou du père spirituel
C’est bien ici que l’on attend de lui un cœur aimant selon le Cœur du Christ Rédempteur. Saint Paul VI lui demande deux choses :
– Exposer sans ambiguïté l’enseignement de l’Église sur le mariage. (HV n°28)
– Faire preuve de la patience et de la bonté, dont le Seigneur lui-même a donné l’exemple en traitant avec les hommes. (HV n°29)
Concrètement, voici ce qui peut, de la part du prêtre, aider avantageusement les foyers :
– Faciliter le recours au sacrement de la miséricorde, par la confession.
– Dédramatiser les chutes : chaque confession, notamment, n’induit pas l’obligation de tout redire au sujet d’une telle situation. Quand le confesseur a pu s’assurer que l’épouse est accompagnée spirituellement et sincèrement désireuse de progresser et de faire progresser son mari, une parole d’encouragement est bien souvent le meilleur des conseils.
– Encourager pour un mieux : la mise en place de la RNN qui est doit être présenté comme atteignable mais qui demande concrètement du temps, de la persévérance (sauf grâce de conversion exceptionnelle et radicale), et beaucoup de délicatesse.
Nous savons tous que se détourner du mal et faire le bien est une œuvre de longue haleine, et ceci d’autant plus que des mauvaises habitudes ont pu être prises. Le travail spirituel consistera d’abord à s’en défaire avec patience et humilité.
Et voici maintenant ce qui n’aide pas les foyers :
– L’attitude laxiste est la plus courante. Elle est imprégnée de relativisme. Elle consiste par exemple à affirmer sur ce sujet que l’important c’est que les deux conjoints soient d’accord, que les méthodes naturelles sont bonnes mais qu’elles ne sont pas la seule option possible. L’attitude laxiste efface le caractère intrinsèquement désordonné de la contraception, et stérilise l’appel à la sainteté conjugale qui inclut la maturité en matière de sexualité.
– L’attitude rigoriste est légaliste. Elle redoute tellement l’attitude précédente qu’elle cherche à se rassurer dans le rappel intransigeant de la loi morale. Elle tend à ignorer les difficultés concrètes, profondes, de l’épouse, en valorisant de façon implacable une position intellectuelle univoque. Elle ne se préoccupe pas de la mise en place de moyens viables et concrets, ni du vrai bien de la personne et de sa famille. Elle cherche surtout à être dans son bon droit. Elle peut ainsi délibérément taire cette possibilité donnée par le Vade-mecum de la licéité à la coopération au péché du conjoint. L’attitude rigoriste est décourageante et dangereuse pour la vie spirituelle du couple.
Il est indéniable, que ces deux attitudes extrêmes se nourrissent l’une l’autre. Dans les deux cas, on oublie le réalisme d’une croissance humaine et spirituelle qui nécessite de moyens humains et spirituels adaptés, en vue d’un bien désiré, atteignable seulement (sauf grâce exceptionnelle) par les nombreux et longs efforts de la vertu et par le recours régulier à la miséricorde du Seigneur.
L’attitude équilibrée reconnaît donc que la vertu ne s’acquiert pas en un jour, que les conjoints ont besoin de temps et d’encouragements dans l’acquisition d’un progrès moral et spirituel, qu’ils ont besoin pour cela de la confession et de l’absolution. Elle tient fermement les exigences de la morale conjugale tout en sachant valoriser le progrès même encore imparfait, comme le fait d’avoir pu parler au conjoint, le fait de se former, le fait de prier lui. Et surtout, elle cherche à nourrir toujours dans le cœur de l’épouse la bienveillance à l’égard de son mari.
L’attitude équilibrée consiste en un réel pragmatisme, à la fois patient et exigeant, sachant fixer des objectifs positifs et progressifs, mesurables et atteignables, par exemple : décider d’arrêter tout usage contraceptif pour soi-même ; prendre la résolution d’expliquer sans agressivité ni chantage ce que l’épouse désire faire vivre à son conjoint ; décider de prendre rendez-vous chez un foyer moniteur ; proposer ce rendez-vous au conjoint ; s’il refuse, prendre la résolution d’y aller seule ; renouveler les rendez-vous, etc.
L’attitude équilibrée reconnaît que s’il y a un acte conjugal, il y a deux consciences… Si on annonce la bonne nouvelle à un foyer sous contraception, il est fort probable que l’un des deux conjoints se montrera plus rapide que l’autre pour l’accueillir et y adhérer. Il est fort probable aussi que l’attitude du plus rapide aura des répercussions sur l’adhésion du conjoint plus lent, ou au contraire sur son endurcissement dans le refus.
L’attitude équilibrée sait bien que c’est la charité qui perfectionne la loi. Elle sait voir dans ces situations souvent tragiques, des occasions extraordinaires de sainteté cachée…tout en se gardant de les canoniser trop vite.
Entre le prêtre et l’épouse, sachons reconnaître aussi les dangers courants de ce type de situation :
– Du côté de l’épouse, une idéalisation du confesseur, qui est perçu comme un homme chaste (lui), prévenant et à l’écoute… avec le risque d’une comparaison désavantageuse pour le mari, et d’une cristallisation sur les défauts opposés du conjoint. La possibilité, également, que la facilité d’un dialogue avec le prêtre, comme l’habitude de se livrer à lui au sujet des autres difficultés de la vie, aboutissent à une sorte de transfert de confiance en faveur du confesseur et une mise à l’écart de l’époux (qui demeure souvent le moins dupe des trois…
– Du côté du confesseur une idéalisation aussi du courage de la femme, avec le danger de finir très vite par noircir l’époux qui n’est pas connu, et le plus souvent négligé ou jamais entendu. Mentionnons aussi le danger réel d’abus de pouvoir du confesseur sur une âme dont l’attente est généreuse, mais qui se trouve en situation de détresse et qui cherche de l’aide. Ce danger peut être vraiment redoutable s’il n’est pas perçu par le confesseur. Le prêtre doit particulièrement veiller à la garde de son propre cœur, en veillant à la pudeur, en préservant une distance nécessaire d’abord pour lui-même.
Il s’agit de veiller à ne pas éteindre la sensibilité de l’épouse à, l’égard de son mari, mais au contraire de savoir valoriser ce que l’époux a de positif, ce qu’il dit de vrai, ce qu’il fait de bien.
Savons-nous ce qu’est un don gratuit ? Nous ne le savons qu’imparfaitement en réalité ! Il n’y a que l’amour de Dieu qui soit totalement gratuit. Quand nous posons gratuitement un acte, une pensée pour notre conjoint, c’est comme une coopération à l’amour de Dieu pour lui. Dans cette situation particulière de divergence entre conjoints, le conjoint « qui prie et patiente », expérimente aussi les limites et les résistances de son amour gratuit… là où une tentation terrible serait de ne voir que les limites du don de soi du conjoint « plus lent à comprendre ».
« Vous donc, les élus de Dieu, ses saints et ses bien-aimés, revêtez des sentiments de tendre compassion, de bienveillance, d’humilité, de douceur, de patience ; supportez-vous les uns les autres et pardonnez-vous mutuellement, si l’un a contre l’autre quelque sujet de plainte ; le Seigneur vous a pardonné, faites de même à votre tour. Et puis, par-dessus tout, la charité, en laquelle se noue la perfection. Avec cela, que la paix du Christ règne dans vos cœurs : tel est bien le terme de l’appel qui vous a rassemblés en un même Corps. Enfin vivez dans l’action de grâces ! » (Colossiens, 3, 12-15)
Gabrielle Vialla
Récit de la journée 50 ans d’Humanae Vitae à l’abbaye de Triors
Une belle journée de retraite, le samedi 8 septembre : « Marie et Joseph, apprenez-nous à aimer »
En juin de l’année dernière, à l’occasion d’une journée pour les prêtres organisée par le Centre Billings France, une amitié est née entre les moines de l’abbaye de Triors (26) et les foyers-moniteurs présents. Depuis, les moines nous envoient régulièrement des couples et des jeunes, et ils nous soutiennent par leur prière et des rencontres régulières. C’est donc naturellement que le père Abbé nous a demandé d’organiser un événement à l’occasion des 50 ans de l’encyclique Humanae Vitae.
C’est ainsi que l’idée d’une journée de retraite à l’abbaye de Triors est née. L’abbaye est consacrée à Notre Dame. La date du 8 septembre, fête de la nativité de la Vierge, était toute appropriée.
Nous voulions proposer aux retraitants une journée de ressourcement spirituel, au rythme des offices bénédictins, tout en découvrant Humanae Vitae à l’école de Marie et Joseph. L’abbaye a reçu une soixantaine de participants : des foyers-moniteurs (Drôme, Isère, Vaucluse et Rhône !), beaucoup de couples mariés, quelques fiancés, de jeunes célibataires et 2 prêtres (dont le vicaire général du diocèse de Valence, envoyé par son évêque pour le représenter). En plus de témoignages de foyers-moniteurs sur la chasteté et le service d’Humanae Vitae, nous avons écouté le topo d’un moine de Triors présentant l’encyclique, dont vous trouverez le texte en annexe.
Une garderie était organisée sur place, avec 50 enfants dont les plus grands ont pu bénéficier d’un temps de catéchisme avec des moines. Tous les enfants nous ont rejoints à la fin de la journée pour une procession-chapelet dans le parc de l’abbaye, et une grande bénédiction du Père Abbé pour clôturer la retraite.
Pour nous moniteurs, cette journée a été l’occasion de belles rencontres, peut-être même avec des futurs moniteurs… Nous prions par l’intercession de St Paul VI pour que les couples soient touchés par cet appel à cheminer dans la chasteté, la vérité, la sainteté !
Éric et Stéphanie Victor-Pujebet
À lire
La conférence donnée par un moine de l’abbaye : Présentation de l’encyclique Humanæ vitæ de Saint Paul VI.
Quelques photos: