Après un long silence, je reprends avec joie ce courrier épisodique. Pour cette rentrée, je vous propose ces courtes recensions d’ouvrages que l’on m’a amicalement offerts (merci !) ou sur lesquels on m’a demandé un avis. Je garde mon habituelle franchise, mais je précise n’avoir retenu que de bons ouvrages utiles, pour l’apostolat de la famille et de la vie. C’est un peu long ; je vous suggère donc de survoler les titres et de lire ce qui vous intéressera.
PS : Pour les prêtres, la recension du livre du P.Potez
L’amour durable – Marc d’Anselme éd. Artège
Les thèses de l’auteur pour comprendre et résoudre les crises de la vie conjugale ne sont pas exhaustives (elles s’appuient beaucoup sur les blessures de l’enfance). Elles n’en sont pas moins particulièrement intéressantes à analyser pour son propre couple, ou ceux que l’on est amené, d’une manière ou d’une autre, à accompagner. Les nombreux exemples, la progression systématique du propos, ainsi que les explications psychologiques, affectives et physiologiques constituent un apport réel par rapport aux conférences que beaucoup ont déjà écoutées.
Puisque vous avez décidé de vous aimer – p. François Potez éd. Mame
Un très bel ouvrage, au ton chaleureux, à l’écriture fluide. L’auteur s’adresse de façon personnelle à Jules et à Julie : on est réellement invité dans son bureau, où le cœur du prêtre annonce la beauté et la sainteté du mariage.
Aussi, est-ce un peu triste d’y lire une conviction trop fortement imposée et justifiée : que si l’un des époux se rend coupable d’adultère, lorsque le méfait ne risque pas d’être révélé, il vaudrait mieux ne rien dire de sa faute à son conjoint. Les arguments en faveur de cette option sont longuement décrits. Cette conviction pastorale est par ailleurs partagée par de nombreux prêtres, qui redoutent la grave – peut-être irréparable – déstabilisation du couple.
Pour autant, c’est la première fois que je vois cette thèse enseignée de façon systématique en préparation au mariage (« au cas où ») et décrite dans un ouvrage grand public. Cela sort en quelque sorte du secret des confessionnaux. Et, pour ma défense, ce n’est pas de mon fait : je déplore au contraire cette « transparence ».
Je trouve l’affirmation par ailleurs bien trop péremptoire. L’avis du prêtre ne se substitue pas à la conscience. Si celui-ci doit aider le pénitent, il me semble qu’il doit connaître également des arguments qui, eux, poussent à l’aveu.
Ils sont de trois ordres : hygiénique, psychologique et scripturaire.
Hygiénique : De nombreuses femmes font confiance à leur époux et ne se doutent pas un instant que s’il les trompait, il se tairait. D’où des retards de dépistage et de traitement. Le risque d’attraper une MST est d’autant plus important que monsieur n’est pas habitué aux relations occasionnelles. Si je ne traite que du côté de la femme trompée, ce n’est pas par naïveté, mais simplement parce que mon expérience m’a montré plusieurs fois des préjudices de santé pour la femme. Pour l’homme trompé je n’ai pas d’éléments hygiéniques. (Si un urologue ou un médecin généraliste en a constaté, je serais intéressée d’avoir des retours.)
Psychologique : L’adultère est rarement un acte isolé de la complexité du vécu psycho-affectif dans le couple. Il ne s’agit nullement de culpabiliser la victime, mais qu’elle puisse accéder aux enjeux révélés par cet épisode dramatique. Je renvoie au livre précédent (celui de Marc d’Anselme) qui donne un exemple, et des explications de ce qui peut se jouer autour d’un adultère. On y trouve tout le travail nécessaire pour surmonter le drame. Il m’est évident que les catholiques ont besoin de témoignages d’espoir et de pardon sur ce sujet.
Scripturaire : Puisque le conseil est donné par un prêtre, je m’interroge sur ce qui, dans l’Écriture, étaye cet avis pastoral. Pour ma part, dans le plus célèbre adultère de l’histoire, celui de David et Bethsabée, le désir de ne pas ébranler le couple a plutôt aggravé l’affaire. La conversion est venue du désir de vérité et de réparation. Certes, on ne saura jamais comment Urie aurait réagi à l’aveu de la faute…
Mademoiselle Potenciel – Camille de Certaines, Quitterie Didier éd. Artège
La demoiselle se voit proposer 28 « confidences » dans ce carnet, puis une série de questions ou d’exercices pour accéder à ce qu’elle est et à ce qu’elle désire. Belle préparation pour ensuite tenir un journal intime. Pour les marraines : excellente idée de cadeau à une jeune fille qui se cherche un peu. L’ouvrage me paraît accessible, quel que soit le milieu familial ou le niveau d’études. Mon comité familial (avec filles d’âges variés) estime que l’âge idéal est le lycée. La beauté, les défis du cycle, et le mode contemplatif / réalisatif y sont très bien présentés. Je valide !
Rencontrer Dieu chez soi – Agnès Trannoy ed. Béatitudes
Ici aussi, il s’agit davantage d’un carnet que d’un livre : nombreuses questions à se poser, et des démarches pour avancer, à la suite de Teresa Dmochowska. Il s’adresse aux mères de famille, maîtresses de maison, désireuses d’un parcours de progression personnelle accessible. Initialement proposé pour le Carême, mais on peut l’utiliser quand le besoin d’un petit guide vers l’intériorité se fait sentir.
Se donner pour toute la vie ! Adélaïde et Michel Sion éd. le Laurier
Les auteurs ont fourni un gros travail, appuyé sur une longue expérience auprès des fiancés. Ils nous offrent un manuel complet et rigoureux pour la préparation au mariage. C’est un ouvrage sérieux et bienveillant. Pour ceux pour qui la préparation au mariage doit rimer avec fondation solide.
Chasteté – Mgr Erik Varden éd. Artège
Vous avez peut-être été surpris, comme moi, que l’éditeur redonne ce titre à un ouvrage : belle preuve de son attachement à cette vertu. J’ai rencontré l’auteur, polyglotte remarquable, après un très beau témoignage donné à la jeunesse sur l’exigence de la chasteté. Son approche est très différente de la mienne : il ne s’agit pas d’un doublon. Apprenant l’existence de mon livre, il souligna aussitôt — très chaleureusement — que masculin, féminin et états de vie variés ont chacun un témoignage de chasteté à donner. Tout désir de Dieu devrait y conduire.
Le livre se lit d’une traite. Petit bémol : quelques exemples me semblent trop sensuels, l’un même inapproprié. Mais l’auteur assume de s’approcher de ce qui touche à la sensualité. Enfin je précise que le livre ne traite pas de la chasteté conjugale proprement dite, même si la chasteté « pour tous » est clairement rappelée.
Et si vous êtes fatigués de l’actualité sur le budget, faites-vous des anticorps avec le prix saint Jean-Paul II pour la famille et la vie de 2025, La famille au coeur de l’économie par Jean-Didier Lecaillon.
Gabrielle Vialla










