« Bonjour, je voudrais La Chasteté de Gabrielle Vialla » aimerais-je tonner haut et fort dans la file d’attente de toute bonne librairie catholique ! Car ce titre et la réaction qu’ils suscitent en disent long sur notre rapport à ladite vertu, et Gabrielle Vialla réalise un exploit de taille : donner connaissance de ce qu’est réellement la chasteté, et ce faisant, la rendre désirable. En passant d’une ignorance nimbée de fausses représentations à la connaissance renouvelée et vivifiante de la chasteté, on plonge inévitablement dans le mystère de la personne ; la chasteté est la porte étroite mais unique pour découvrir l’horizon infini de notre vocation au bonheur et au don. Peut-être est-ce dans cette exigence qu’on a délaissé la chasteté pour la revêtir des oripeaux arrangeants du ringardisme… Est-ce une solution ? Peut-on mettre indéfiniment la lumière sous le boisseau pour s’habituer à la pénombre et croire qu’elle convient mieux à l’œil sous prétexte qu’elle le fatigue moins ?
Si la chasteté est souvent mal comprise c’est avant tout parce qu’elle est méconnue. En remédiant à cette carence, en dégageant la chasteté des gravats de nos incompréhensions ou de nos blessures, des rigidités ou des laxismes de nos éducations, en la laissant tout simplement se dévoiler, que
découvre-t-on ? La chasteté apparaît comme la clef de voûte de l’édifice intérieur de nos âmes ; pièce maîtresse vers laquelle tendent toutes les forces et qui soutient en même temps tout notre espace spirituel et charnel ; notre espace vital !
Servi par une écriture limpide et riche, le travail de Gabrielle Vialla est déjà une mise en pratique de la vertu de chasteté ; à la manière des passionnés de vieilles pierres qui veulent redonner vie aux édifices en péril, joyaux de notre humanité, elle restaure la chasteté pour mieux révéler son essence originelle et originale, joyaux de notre anthropologie catholique. En dépoussiérant les poncifs, on ne peut plus opposer stérilement plaisir et devoir, permis et défendu, les états de vie les uns aux autres. On est au contraire invité à s’autoriser à (re)croire à l’amour, à ne pas enfouir nos désirs d’une vie belle et grande à l’épreuve du quotidien ; c’est en effet un réalisme qui saisit toute la personne et toute personne. C’est un chemin où Amour et Vérité pourront se rencontrer, et unifier, dans le combat ou la paix selon les jours, nos cœurs, nos corps, notre prochain et Dieu.
La chasteté est une vertu universelle, elle est pour tous et elle s’apprend comme toutes les autres, elle est une toile de fond à toutes les relations : elle produit l’harmonie à laquelle nous aspirons. Enfin, à une époque où le masculin et le féminin se cherchent et se perdent, oser mettre en lumière
la modalité conjugale de la chasteté en fin d’ouvrage rappelle combien l’amour humain couronne la création dans le plan de Dieu dans la réalité concrète et charnelle de nos vies. Ne nous en détournons plus sous prétexte d’en être indigne ou que cela est réservé à une élite, il y a une
urgence au bonheur !
En fait, on pensait que la chasteté est élitiste, coincée et ringarde ; on ne croyait tout simplement plus que nous sommes tous appelés à un amour d’élite !
Marie Cordouan est une trentenaire célibataire, elle a un Master 2 de philosophie.