Ces jours-ci, nous assistons, assommés, à une aggravation et une intensification de la culture de mort. Sur le strict plan de l’intelligence nous ne devrions en avoir aucun étonnement. Jean-Paul II avait prédit les conséquences de la banalisation de la contraception (voir ses Catéchèses). La dissociation des modalités unitive et procréative de la sexualité humaine fut encore « normalisée » par la fécondation in-vitro (voir Donum vitae). Les conséquences d’une sexualité sans enfant par choix, ou d’un enfant sans sexualité lorsque l’infertilité n’est pas acceptée, sont socialement incalculables. Nous pourrions croire n’assister qu’aux prémices de cette culture de mort, si nous passions sous silence le drame des millions d’avortements et de destruction d’embryons (voir Evangelium vitæ). En réalité, les structures de péchés sont tellement bien implantées qu’elles produisent de « nouveaux besoins » et une tentation de profits financiers toujours plus importants.
Nous avons, devant chacune de nos consciences, ces deux systèmes anthropologiques irréductibles l’un à l’autre. L’un, dans le respect de ce qui vient de Dieu, refuse la chosification du corps et rappelle l’inaliénable dignité humaine. L’autre tourne massivement le dos au sens de la sexualité humaine, parce qu’il tourne le dos à Dieu qu’il ne reconnait plus. Soyons lucides. Ce système anthropologique est dominant aujourd’hui, allié à la culture.
Les personnes et nous-mêmes pouvons y être entraînés. Beaucoup ont une responsabilité atténuée par le manque de formation et les influences extérieures. Nous avons très peur de considérer les logiques internes à ces systèmes. On s’insurge face à chaque aggravation en criant à la nouvelle rupture anthropologique comme s’il s’agissait d’un fait isolé pour ne pas réaliser à quel point tout se tient, et où se situe la responsabilité personnelle de notre état de vie, de notre profession.
Que devons-nous faire? Il est important de s’opposer à toute aggravation des lois anti-vies. Pour la plupart d’entre nous, notre poids politique est limité, mais nous avons chacun l’occasion de nous rappeler que notre vote s’il pèse peu, compte et participe ou non à ces lois.
Plus profondément, nous avons à retrouver le goût de la chasteté, et de sa lumineuse cohérence. La chasteté étant l’intégration de la sexualité de la personne en vue de l’intégralité du don. Nous avons à approfondir sans cesse pour nous-mêmes le sens de cette sexualité, avant de l’annoncer largement dans sa plénitude. Nous avons à faire le choix du bonheur et de la vie. La régulation naturelle des naissances bien comprise intègre le projet de Dieu sur le couple. Elle reconnait dans chaque union la primauté du Créateur et la collaboration qu’Il a voulue avec les époux. Dieu a donné à l’homme et à la femme l’intelligence pour reconnaître un oui fondamental dans chaque union. Un oui prudent et responsable qui n’est pas émotif et sensible, mais raisonnable. Un oui qui reçoit la complémentarité de l’homme et de la femme et qui dans la sagesse divine, par le cycle féminin, permet aussi aux époux de consolider leur amour quand surviennent des raisons de différer les naissances pour un temps ou définitivement. Reste que quelque soient les circonstances, ce oui intelligent reste un oui fondamental associé à chaque union conjugale. Ce oui échappe à l’autonomie de la conscience et touche le cœur. La chasteté c’est vivre selon l’ordre du cœur, disait Jean-Paul II. Or vivre selon l’ordre du cœur a aussi un prix. Un prix immatériel mais réel de gratuité et de don. La chasteté est lumineuse mais exigeante quelque soit l’état de vie.
Saurons-nous dire généreusement oui ?
Gabrielle Vialla
– À paraître le 21 octobre prochain : La chasteté, Un don qui rend sa beauté à la sexualité, éd. Artège
– Sur les apports anthropologiques de la régulation naturelle des naissances et du cycle féminin, lire Recevoir le Féminin
– Pour la transmission dans les familles et auprès des jeunes, on peut lire Bien Vivre le Cycle Féminin